Chapitre I : Les entrées de capitaux : volume, composition et déterminants

Le siècle dernier a connu de nombreuses perturbations financières et monétaires depuis 1929 jusqu’à 2002. Dans ce contexte, les difficultés financières rencontrées au Mexique en 1994, en Asie en 1997, au Brésil en 1999 et en Argentine en 2002 témoignent de l'ampleur des crises de change dans les marchés émergents. Par rapport à ces crises, celles des années trente et des années quatre-vingt présentent certaines différences dont Eichengreen et Fishlow (1998) en retiennent trois majeures :

A côté de ces différences majeures, un important trait de caractère s’est développé pendant les années quatre-vingt-dix, à savoir l’ouverture de plus en plus prononcée des marchés émergents sur l’extérieur, suivie de la libéralisation financière. En effet, on constate une profonde modification du système financier international entre les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, et ce, sous l'impact d'un processus intense de mondialisation et de libéralisation. Un élément déterminant de cette modification des financements internationaux est la mobiliérisation, ce qui n'est pas sans rappeler la période 1880-1930, où ce phénomène s’est traduit dans les pays en voie de développement d'une part, par un accroissement rapide des marchés boursiers, et d'autre part, par des entrées massives de capitaux fondées sur les investissements directs étrangers, en particulier les investissements de portefeuilles. La mobiliérisation a été précédée, dans les marchés émergents, par d'importantes mesures de libéralisation économique et de réformes structurelles qui ont encouragé le retour des capitaux internationaux dans ces économies.

L'étude des différences entre les crises sur une longue période permet de dégager les éléments nouveaux qui ont pu à un moment donné provoquer, accélérer ou ralentir une crise. Parmi ces éléments, on cite la libéralisation financière dont l’analyse historique, faisant l’objet de ce premier chapitre, permet de porter un meilleur jugement sur l’expérience des années quatre-vingt-dix.

Ainsi, nous présentons, l’évolution de la mobilité des capitaux, en particulier l’évolution des entrées de capitaux sur les marchés émergents, afin de voir dans quelle mesure la libéralisation financière a encouragé ces mouvements de capitaux.

La première section traite du volume et de la nature des flux de capitaux à destination des pays émergents, et ce, en deux points :

  1. L’analyse des marchés de capitaux tout au long du siècle dernier. L’objectif ici est d’identifier les périodes de crise, leurs causes et leurs conséquences ;
  2. L’étude de l’évolution de la composition et du volume des entrées de capitaux sur les marchés émergents.

La seconde section traite des déterminants des entrées de capitaux dans les marchés émergents pendant les années quatre-vingt-dix. Ils sont regroupés en facteurs internes et facteurs externes :

  1. Les facteurs internes sont relatifs à chaque pays et regroupent en grande partie les réformes structurelles qui ont accompagné la libéralisation financière ;
  2. Les facteurs externes sont relatifs à l’économie mondiale tels que les chocs externes qui peuvent toucher plusieurs économies.