Suite à l’étude des mouvements de capitaux depuis 1970 nous remarquons, en particulier en Amérique Latine, que les flux de capitaux sont très volatils et sont déterminés par les développements de l’économie mondiale essentiellement exogènes à la région. La volatilité ayant frappé le système financier et bancaire de cette région aaussi touché les pays d'Asie du Sud Est et l'ensemble des pays émergents en général pendant les années quatre-vingt-dix. Elle s'est matérialisée, en particulier, par une soudaine perte d'accès aux marchés internationaux de capitaux, et par des périodes de forte volatilité des prix globaux d'action. En plus de leur incapacité à accéder librement au marché de capitaux international, les marchés émergents avaient à cette période des politiques macro-économique et de change instables. Cela a entravé le bon fonctionnement des marchés financiers domestiques et a suscité l'adoption de certaines mesures visant l'amélioration de la situation bancaire et financière de ces marchés. Pour remédier à cette situation, plusieurs pays ont mis en place des mesures afin de se prémunir contre les méfaits d'une telle volatilité. Ces mesures différent d'un pays à un autre, on cite : (i) l’adaptation du régime du taux de change au degré d'ouverture du comptede capital ; (ii) le renforcement des institutions financières nationales et l’augmentation des mesures de supervision et de régulations prudentielles afin d'accroître la résistance à la volatilité ; et (iii) le développement du marché des actions et des marchés dérivés nationaux.
Cette dernière mesure est perçue comme un moyen permettant de renforcer la stabilité de la monnaie nationale altérée auparavant par les entrées soudaines de capitaux étrangers. Par ailleurs, le développement de ces marchés peut éventuellement aider à améliorer l'efficience et la stabilité des intermédiaires financiers, réduisant ainsi les problèmes de maturité de la dette et créant de nouvelles opportunités pour faire face aux risques financiers et du taux de change.
Les flux internationaux de capitaux à destination de ces pays ont été particulièrement volatils, cette volatilité étant une des causes des crises financières qu’ils ont subi. Alors que les flux nets de capitaux ont augmenté de manière soutenue au début des années quatre-vingt-dix, l'accroissement de la volatilité des flux de capitaux tout au long de cette décennie a favorisé le déclin du niveau des entrées de capitaux.
A la fin des années quatre-vingt-dix, après la crise asiatique et argentine, la collecte de fonds des marchés émergents a continué. Pour l’Asie, les placements de capitaux propres se sont concentrés en particulier vers la fin de 2002 qui a en effet été caractérisée par une augmentation importante de la volatilité des marchés d’actions. En 2003, les fonds collectés ont atteint 134,8 milliards de dollars reflétant une diminution des flux vers les pays d’Amérique Latine compte tenue des problèmes argentins.
Le graphique I.9 montre que les flux nets de capitaux dans les différents marchés émergents évoluent inversement à la variation du taux d'intérêt. En effet, les flux nets de capitaux augmentent avec la baisse du taux d'intérêt mondial et diminuent lorsqu’il augmente. Ces flux s’avèrent fortement corrélés au taux d’intérêt mondial sur lequel les développements économiques ont une légère influence. Dans un monde où les capitaux privés se déplacent librement d’un marché à l’autre, le volume des flux de capitaux est fonction d’un certain nombre de facteurs, notamment le niveau des taux d’intérêts mondiaux.
Source : Nouvelles perspectives du FMI (2000) et Statistiques de la Banque Mondiale (2001)
D'après ce graphique, lorsque le taux d'intérêt mondial diminue, les flux nets de capitaux étrangers dans les marchés émergents de l'Hémisphère occidental ont tendance à augmenter. Ce mouvement a aussi été suivi par les pays asiatiques en particulier avant 1997. En effet, la crise asiatique a fait fuir les investisseurs étrangers de cette région à destination des pays d'Amérique Latine qui en cette période ont vu leurs flux nets de capitaux augmenter.
Cette corrélation entre les taux d'intérêt mondiaux et les flux de capitaux vers les marchés émergents trouve aussi son explication dans la modification et le développement des moyens disponibles pour les pays émergents pour combler le déficit de leurs comptes courants. Pendant les années soixante-dix, la politique monétaire expansionniste menée dans les pays industrialisés impliquait des taux d'intérêt faibles. Il était ainsi simple pour le pays en développement de trouver de quoi financer les déficits courants et ce, en empruntant des dollars auprès des banques internationales. Au début des années quatre-vingt-dix, les taux d'intérêt aux Etats Unis et dans les pays industrialisés sont redevenus faibles. En cherchant une meilleure rémunération de leurs placements, les investisseurs se sont orientés vers les marchés émergents, stimulant ainsi les entrées de capitaux étrangers dans ces pays. En effet, l'accroissement des flux de capitaux dans les marchés émergents est généralement attribué à des taux d'intérêt faibles des pays industrialisés, et élevés dans les marchés émergents. Calvo, Leiderman et Reinhart (1995) sont arrivés à cette conclusion en particulier pour la période 1992- 1994 où les entrées de capitaux dans les marchés émergents s'expliquent essentiellement par un baisse des taux d'intérêt des Etats Unis. Cette conclusion remet en cause la thèse selon laquelle les facteurs domestiques auraient joué un rôle majeur à la suite des réformes effectuées dans ces pays.
Source : Données statistiques du FMI (2003)
D’après le graphique I.10 (où sont représentés les taux d’intérêt des pays d’Amérique Latine, des pays d’Asie du Sud Est, des Etats Unis d’Amérique et du Japon), la mobilité des capitaux semble avoir affecté les mouvements des taux d’intérêt pour certains pays. Nous pouvons remarquer que :
L’étude des écarts de taux d'intérêt est présentée plus en détail dans le chapitre 3 du présent travail, dans le cadre de l'impact des contrôles de capitaux sur les taux d'intérêt