I-2-2- Les mesures de contrôles indirects

Une grande partie des crises qui ont touché les pays émergents est due à des problèmes de liquidités, certains économistes attribuent ces problèmes de liquidité à une mauvaise allocation et une mauvaise gestion des entrées de capitaux. Compte tenu des limites des opérations de stérilisation, les pays concernés sont amenés à adopter des mesures de contrôle supplémentaires. Dès lors, ils proposent d'instaurer des mesures qui tendent implicitement à contrôler les entrées de capitaux et par conséquent à limiter les problèmes de liquidité, et à réduire l'exposition aux risques. Ces contrôles doivent être souples et modulables en fonction de la situation financière.

Les contrôles indirects sont moins discrétionnaires et plus transparents que les restrictions directes, bien qu'ils aient des inconvénients, tels que les coûts de l'administration.

Parmi ces techniques de contrôle, on peut citer :

Le Chili en 1992, pour répondre aux importantes et persistantes entrées de capitaux de l’époque, a élargi la bande de fluctuation du taux de change de sa monnaie. Le tableau III.2 résume l'évolution de la bande de fluctuation au Chili :

Tableau III.2 : Evolution de la bande de fluctuation du peso
Année Décision
1989 Elargissement de la bande de +/- 3% à +/- 5%
1992 Elargissement de la bande de +/- 5% à +/- 10%
1997 Elargissement de la bande de +/- 10% à +/- 12,5%
juin 1998 Rétrécissement de la bande de +/- 12,5% à +/- 2,25% (1)
septembre 1998 Elargissement de la bande de +/- 2,25% à +/-3,5% (2)
(1) le Chili a réduit la largeur de la bande de son taux de change de ± 12,5% à ± 2,25%, dans le but de réduire l’incertitude du taux de change, face à des sorties massives de capitaux.
(2) Après un autre élargissement de la bande à +/

Source : Laurens et Cardoso (1998)

Dans la mesure où l’inflation est le principal objectif de gestion macroéconomique (comme est le cas par exemple d’un programme de désinflation), permettre au taux de change de s’apprécier peut être la réponse optimale aux entrées de capitaux. L'appréciation des taux de change provoque une baisse des prix à l’importation, qui conduit à son tour à une baisse des pressions inflationnistes, et donc à une réduction du besoin de stérilisation des entrées de capitaux.

L'élargissement de la bande de fluctuation du taux de change, d’une part peut réduire les entrées de capitaux et exposer les spéculateurs à plus de risques de fluctuations à court terme, compte tenu de la sous-dévaluation de la monnaie à l'origine des entrées de capitaux. D’autre part, elle accorde à la banque centrale une marge de manœuvre importante lui permettant d'intervenir avec plus de liberté sur le marché de change. Cette liberté d'intervention est d'autant plus importante lorsqu'il y a un renversement soudain du comportement des spéculateurs.

Nous verrons par la suite, le choix des différents pays en matière de contrôles, en fonction de leurs politiques économiques et leurs objectifs respectifs.