1.2.6.2. Tonotopie du cortex auditif

1.2.6.2.1. Organisation tonotopique du cortex auditif chez le primate non humain

Dans la zone centrale, une façon de distinguer chaque aire (AI, R, RT) consiste à étudier les différentes représentations de la cochlée. En effet, trois gradients de fréquence sont nettement identifiables dans la région centrale du singe macaque : dans la zone AI, les neurones qui sont préférentiellement activés par des sons de haute fréquence sont localisés dans la partie caudale, alors que les neurones localisés dans la partie rostrale sont plutôt activés par les basses fréquences. Les zones AI et R partagent une bordure codant les basses fréquences, et la carte tonotopique dans la zone R est inversée par rapport à celle de AI. Dans R les basses fréquences sont donc représentées au niveau caudal, et les hautes fréquences au niveau rostral. Les zones R et RT partagent également une bordure, cette fois-ci pour les hautes fréquences ( Merzenich et Brugge, 1973 ; Morel et Kaas, 1992 ; Morel et al., 1993 ; Kosaki et al., 1997) (Figure 13). La représentation tonotopique dans RT n’a pas encore été étudiée avec précision, mais il semblerait que les hautes fréquences soient représentées à un niveau caudal, et les basses fréquences à un niveau rostral.

Une organisation cochléotopique peut être identifiée à l’intérieur de la zone de ceinture, bien que les neurones situés dans cette région répondent moins fortement aux sons purs que les ceux présents dans la région centrale. Cette représentation ordonnée des fréquences n’est toutefois observable que dans quelques unes des aires comprises dans cette région (Rauschecker et al., 1995 ; Kosaki et al., 1997). Ainsi, Kosaki et al. (1997) ont pu noter la présence de deux représentations complètes des fréquences au niveau de la division située latéralement à la région centrale, et ont nommé ces zones régions antérolatérales (AL) et posterolatérales (PL). Au niveau de AL, on observe une représentation des basses fréquences approximativement au milieu du plan supratemporal et les plus hautes fréquences sont codées à un niveau plus antérieur. Pour PL, la représentation des fréquences est l’opposée de AL. Les auteurs ont également pu observer une tonotopie au niveau de l’aire médiane (M), bien que la courbe d’accord des neurones dans cette région ne soit pas très aiguë. Les basses fréquences sont représentées à un niveau postérieur et le codage de fréquences de plus en plus élevées augmente en se déplaçant antérieurement à partir de ce point. Les autres divisions de la zone de ceinture n’ont pas été assez étudiées pour mettre en évidence une quelconque organisation tonotopique.

Figure 13 : Organisation tonotopique corticale au niveau de l’hémisphère gauche d’un macaque. L’organisation des fréquences présente dans les différentes régions est indiquée par les lettres H (hautes fréquences) et L (basses fréquences).
Figure 13 : Organisation tonotopique corticale au niveau de l’hémisphère gauche d’un macaque. L’organisation des fréquences présente dans les différentes régions est indiquée par les lettres H (hautes fréquences) et L (basses fréquences).

La partie dorsale du sulcus latéral a été supprimée afin de pouvoir visualiser le planum temporal supérieur (LS). La région centrale (en sombre) contient trois subdivisions (AI, R, RT). La région ceinturante (plus claire) pourrait être constituée de 7 subdivisions (région latérale antérieure AL, région caudolatérale CL, région caudomédiane CM, région latérale moyenne ML, région rostromédiale RM, région rostrotemporolatérale RTL, région rostrotemporomédiane RTM). La région autour de la région ceinturante est localisée au niveau de la surface du gyrus temporal supérieur (STG) (Hackett et al., 2001).