2.2.1.2. Modalité visuelle

2.2.1.2.1. Après déafférentation

La suppression d’une partie des afférences visuelles peut engendrer une réorganisation des cartes corticales. Toutefois, certaines spécificités propres à la modalité visuelle nécessitent d’utiliser des paradigmes bien particuliers souvent très différents de ceux utilisés pour les autres modalités. Par exemple, la plupart des neurones du cortex visuel primaire V1 ayant des champs récepteurs binoculaires, il est nécessaire de léser les deux rétines pour supprimer toutes les afférences d’une certaine portion de V1. Kaas et al (1990) ont ainsi lésé une région bien précise de la rétine de chats (l’aire située entre 5 et 10°), l’autre œil étant supprimé, et ont observé l’organisation des cartes corticales plusieurs semaines après la lésion. Les neurones codant cette zone ne reçoivent plus d’afférences de la zone lésée, et deviennent alors sensibles à la stimulation de zones adjacentes à la lésion au niveau de la rétine (Kaas et al., 1990 ; Chino et al., 1992) (Figure 22). Des résultats similaires sont obtenus lors d’une même lésion sur les deux rétines des chats (Gilbert et Wiesel, 1992 ; Chino et al., 1995) et des singes (Heinen et Skavenski, 1991). En cas de lésions uniquement monoculaires (une seule rétine est lésée, l’autre œil restant indemne), une réorganisation du même type se produit alors que les mêmes neurones forment une carte topographique tout à fait normale pour l’œil intact (Schmid et al., 1996 ; Calford et al., 2000).

Figure 22 : Exemple de réorganisation du cortex visuel.
Figure 22 : Exemple de réorganisation du cortex visuel.

Après avoir lésé localement la rétine d’un chat, les aires corticales 17 et 18 de l’animal ont été étudiées à l’aide de 121 sites d’enregistrements. Quelques semaines après la lésion, des phénomènes de plasticité ont pu être notés au niveau des quatrième et cinquième rangées de sites d’enregistrement. Les champs récepteurs qui étaient localisés dans la zone lésée sont déplacés en bordure de lésion Les cercles vides correspondent aux champs récepteurs classiques des neurones alors que les cercles noirs représentent les champs récepteurs déplacés. (Kaas et al., 1990).