3.3. Plasticité secondaire en audition

3.3.1. Les nouveaux outils de réhabilitation : les prothèses auditives

Dans le cas d’une perte auditive consécutive à une atteinte de l’organe sensoriel périphérique, la réhabilitation sensorielle est possible grâce au port de prothèses qui permettent de retrouver au moins une partie de l’information disparue à cause d’une perte auditive. Et pourtant, parmi les cinq millions de personnes malentendantes en France, seulement neuf cent mille portent un appareillage auditif et ces chiffres restent inférieurs au reste de l’Europe. En dépit des actuelles avancées technologiques, la connotation d’un appareillage auditif reste négative auprès du grand public et l’image d’Epinal du sonotone est présente dans tous les esprits.

L’appareillage auditif peut être globalement de deux types :

  • l’implant cochléaire est un appareillage puissant mais qui nécessite une opération chirurgicale pour pouvoir être inséré à l’intérieur de l’oreille, au niveau de la cochlée.
  • L’aide auditive qui se porte au niveau de l’oreille (en contour ou intra) ne nécessite pas d’opération chirurgicale mais présente des capacités d’amplification plus limitées

La recherche de l’influence d’un appareillage sur les phénomènes centraux de plasticité peut être d’une importance capitale pour la réussite de la réhabilitation d’individus cochleo-lésés. Par exemple, il est possible de supposer que la réorganisation corticale des cartes tonotopiques est bénéfique parce que les neurones qui ne peuvent plus répondre à la stimulation d’une région cochléaire endommagée contribuent à l’audibilité des fréquences saines. Dans ce cas, si les fréquences ‘non audibles’ sont à nouveau perçues grâce à l’appareillage auditif, alors une compétition pourrait s’exercer au niveau des neurones de la perte afin de déterminer quelle fréquence coder. Cela pourrait engendrer des problèmes d’encodage des sons. Si tel est le cas il est important de s’interroger sur la réversibilité du phénomène de plasticité. Un appareillage auditif pourrait en effet être contre-indiqué si la première plasticité ne pouvait être inversée. Dans ce cas, le gain apporté par la réorganisation des voies auditives engendrée par la perte pourrait avoir plus de poids que les bénéfices de l’appareillage auditif. En revanche, si l’appareillage peut induire une plasticité secondaire, alors le processus d’acclimatation peut également se produire.