3.3.2.2. Aides auditives

La littérature concernant la modification des cartes tonotopiques à la suite du port d’une aide auditive est inexistante. Ce type d’appareillage est en effet moins puissant que l’implant cochléaire et par conséquent ne permet de rehausser que des pertes auditives faibles à moyennes. Ensuite, l’efficacité de cet appareillage dépend très nettement de la motivation du malentendant, qui peut ou non porter utiliser son appareil selon ses envies et ses besoins. Mais cette approche présente tout de même des avantages : la réhabilitation par aide auditive est non invasive, les sujets candidats à la prothèse auditive sont donc plus nombreux que les porteurs d’implants cochléaires. De plus, ces appareils peuvent être facilement enlevés pendant les expérimentations, ce qui peut être intéressant pour conduire des expériences de magnétoencéphalographie ou d’IRM fonctionnelle où tout élément magnétique est à exclure de la salle d’expérimentation.

Jusqu’à présent les recherches se sont principalement attachées à démontrer l’existence d’une plasticité fonctionnelle liée à l’appareillage, sans utilisation de techniques d’imagerie. Des différences de discrimination d’intensité (Robinson et Gatehouse, 1995, 1996 ; Philibert et al., 2002), de perception de la sonie (Philibert et al., 2002) et des modifications de la latence des Potentiels Evoqués Auditifs Précoces (Philibert et al., soumis) sont notamment observées après appareillage, ce qui suggère une réorganisation des sites centraux responsables du codage de l’intensité. Ces études soulignent le rôle du cortex auditif primaire dans le codage de l’intensité (chez l’animal : Heil et al., 1994 ; chez l’humain : Belin et al., 1998). Il est donc possible que certaines cartes (dites ampliotopiques) présentes à ce niveau, se soient réorganisées. Ces cartes pourraient éventuellement avoir une influence sur l’organisation tonotopique présente également dans le cortex auditif primaire.

Tout cela reste très subjectif, et l’utilisation de techniques d’imagerie cérébrale pourrait fournir des preuves objectives concrètes sur les possibilités de plasticité secondaire apportées par une prothèse. L’autre approche consiste à réaliser des mesures des performances de discrimination fréquentielle avant et après appareillage pour savoir si une réorganisation tonotopique s’est produite.