Etape n°1 : étude de l’organisation tonotopique corticale chez le sujet normo-entendant

Grâce aux études conduites chez l’animal, il est désormais clairement établi que dans les voies auditives centrales, le traitement de l’information est réalisé de façon structurée, tonotopique. En revanche, les données chez l’humain demeurent toujours incomplètes, et parfois contradictoires. Premièrement, les techniques d’imagerie actuelles ne permettent pas d’étudier avec précision le cortex auditif et ne peuvent pas préciser les organisations sous-corticales. Ensuite, les observations de l’organisation tonotopique du cortex auditif primaire diffèrent selon la technique d’imagerie utilisée. Bien que toutes les méthodes d’imagerie soient censées mesurer une même activité neuronale en réponse à une stimulation sonore, la méthode de mesure peut différer. Ces méthodes vont soit enregistrer directement le champ électrique neuronal, soit le champ magnétique correspondant, ou indirectement enregistrer le flux sanguin alentour. Cette variabilité des enregistrements conduit à une variabilité des résultats. Si un consensus apparaissait il y a quelques années pour décrire une organisation tonotopique latéro-médiane du cortex auditif primaire, avec des générateurs de plus en plus profonds suivant l’augmentation de la fréquence, cette représentation est aujourd’hui de plus en plus critiquée et critiquable. Les études actuelles ont en effet de plus en plus de difficultés à confirmer les premières observations (Lütkenhöner et al., 2003 ; Schönwiesner et al., 2002). En outre, la majorité des travaux n’ont étudié que l’organisation tonotopique d’un seul hémisphère (en général l’hémisphère gauche) et dans la majorité des cas lors d’une stimulation controlatérale. Peu d’études se sont intéressées aux différences d’organisation entre une stimulation ipsilatérale et une stimulation controlatérale, sur les différences entre l’hémisphère gauche et l’hémisphère droit, ainsi que sur des stimulations avec des sons de haute fréquence.

Cette première étude à été réalisée pour faire précisément le point sur l’organisation tonotopique du cortex auditif. Nous avons pour cela utilisé comme technique d’imagerie cérébrale la MEG qui présente comme avantage d’être un outil silencieux et d’avoir un excellent décours temporel. Les stimulations sonores utilisées couvraient une large gamme de fréquence, de 1000 à 12 000 Hz, ce qui permettait d’étudier l’organisation du cortex auditif à la fois pour des fréquences courantes et pour des fréquences plus hautes.

Dans cette étude, nous avons tenté de répondre aux questions suivantes :

  1. Existe-t-il une organisation tonotopique stricte chez tous les sujets ou bien une forte variabilité qui expliquerait les différences de résultats observées entre les études ?
  2. Est-ce que cette organisation se poursuit pour les fréquences supérieures à 6000 Hz ?
  3. Existe-t-il une différence d’organisation entre l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche ?
  4. Est-ce que les cartes tonotopiques sont les mêmes selon le type de stimulation (ipsilatérale ou controlatérale) ?