Etape n°3 : influence du phénomène de plasticité sur des tâches plus comportementales

Si la conséquence de la sur-représentation de la fréquence de coupure au niveau perceptif est dorénavant mieux connue, son influence au niveau comportemental reste toujours une grande inconnue. Chez la souris C57, qui subit une perte d’audition naturelle aux hautes fréquence à l’âge de 5-6 mois, Willott et al. ont montré qu’une perte auditive abrupte engendrait une augmentation de la saillance des sons dans la région réorganisée (Willott et al., 1994 ; Willott et Carlson, 1995 ; Carlson et Willott, 1996). Cette augmentation pourrait avoir une influence dans la vie quotidienne du sujet cochléo-lésé : par exemple les sons présentés à la fréquence de coupure de la perte auditive pourraient paraître plus gênants, voire désagréables chez des personnes âgées qui sont plus facilement gênées par des bruits environnants (Lukas et Kryter, 1970). De même, cette modification de la saillance pourrait logiquement se traduire par des modifications de temps de réaction des sujets à la fréquence de coupure de leur perte auditive. De plus, quelles seraient les conséquences comportementales de l’ajout d’une prothèse auditive ? Est-ce que la saillance va s’en trouver affaiblie ou renforcée ?

Nous avons donc voulu tester si les phénomènes de sur-représentation à la fréquence de coupure de la perte auditive pouvaient se traduire par des modifications comportementales de temps de réaction des sujets. Dans un premier temps nous avons émis l’hypothèse qu’avant appareillage, le temps de réaction serait amélioré à la fréquence de coupure de la perte auditive par rapport aux autres fréquences. Ensuite nous avons voulu déterminer l’effet de l’appareillage sur ce temps de réaction : va-t-il avoir un effet délétère ou ne pas influer ? Tous ces processus étaient bien entendu étroitement liés à l’influence de l’appareillage sur l’organisation tonotopique corticale.