Conséquences de l’appareillage

Etant donné l’absence de modifications du temps de réaction à la fréquence où la capacité à discriminer les fréquences est la meilleure, il est impossible de déterminer les conséquences de l’appareillage à ce niveau, en dépit des résultats de notre deuxième étude. Toutefois une variation globale du temps de réaction est apparue à 3 mois après la réhabilitation auditive des sujets. Cette modification était clairement sujet dépendante puisque chez la moitié des sujets le temps de réaction diminuait alors que pour l’autre moitié il augmentait. De plus, le temps de réaction était également modifié à la fréquence de référence localisée une octave avant le début de la perte. L’hypothèse principale à ces variations implique des modifications du « critère de réponse » des sujets entre les deux expériences (Bonnet et Dresp, 2001). Ce critère dépend de la résistance du sujet, de son état de fatigue et d’autres facteurs exogènes qui peuvent varier entre deux tests. Cela peut induire une variation générale du temps de réaction pour la même tâche. Le fait d’observer également une variation globale du temps de réaction chez le sujet témoin favorise cette hypothèse. Une autre hypothèse concernant l’appareillage des sujets peut également expliquer ces observations. En effet, les deux sujets qui ont vu leur temps de réaction diminuer étaient les seuls à porter un appareillage monaural. Or, les effets négatifs d’une réhabilitation monaurale, notamment sur l’oreille non appareillée, commencent à être bien connus (Gelfand et al., 1987 ; Hurley, 1999). Par conséquent, la réhabilitation monaurale aurait pu avoir une influence négative sur la capacité du sujet à répondre à un stimulus, induisant un augmentation du temps de réaction. Et ce, même si les tests se sont déroulés sans appareillage.

Il faut cependant noter qu’une amélioration de la corrélation linéaire entre le temps de réaction et les performances de discrimination fréquentielle a été observée après appareillage chez 4 des 5 sujets. Le temps de réaction était plus court lorsque les performances de discrimination fréquentielle étaient meilleures. Dans le cas où les performances de discrimination fréquentielle reflètent l’organisation du cortex auditif primaire, ce résultat indiquerait donc que le temps de réaction nécessite tout de même l’implication de facteurs centraux.