Les écrits poétiques de Dib jouent un rôle fondamental dans son œuvre. Parce qu’ils sont peu lus, relégués dans une zone de silence, car peu commentés et parce qu’ils constituent une zone de résistance à une lecture linéaire et immédiate, ils sont peu exploités et absents du travail critique actuel.
Pourtant, il faut se rappeler que Dib est d’abord un poète, dans le temps, mais également dans la productivité. Il revient d’ailleurs périodiquement à cette écriture, qui passe pourtant inaperçue même si elle constitue un pan très important de son œuvre et peut permettre de mieux la comprendre. Pour cette raison, d’abord, on peut parler de l’écriture poétique comme d’une écriture de l’antériorité.
Cependant, si on se penche sur la lecture de cette même écriture poétique, on pourra saisir une de ses fonctions , qui est celle d’être un méta-discours, le méta texte de l’œuvre romanesque, de l’écriture et de l’énonciation qui tente de s’y dessiner : espace privilégié donc où peuvent apparaître certaines clés ou plutôt certains codes qui peuvent aider à décrypter l’œuvre romanesque ; l’inverse est également vrai, puisque certains passages de romans reçoivent écho dans des poèmes ou dans des recueils de poésies.
On peut même parler de réutilisation de certains « motifs » dans un sens comme dans l’autre. Ces « reprises », ces « insistances », ces lignes de force attirent l’attention non seulement en tant que motifs obsessionnels, mais également en tant que lignes de créativité, de matrices à partir desquelles « le verbe » poétique et romanesque se restaure sans cesse dans une puissance énonciative renouvelée.
Ces codes sont de plusieurs ordres et se situent différemment dans le texte : ils peuvent être de nature énonciative, c’est à dire concerner la voix porteuse de la parole poétique et ses différentes situations ; ils peuvent également concerner les thématiques même des textes notamment celles qui concernent des images ou des symboles particuliers ; ils recouvrent pareillement les fonctions de la parole et les pouvoirs effectifs (ou fictifs) de celle-ci. Il faut préciser que le silence même touchant cette activité de Dib lui a sans doute permis de développer cette fonction de code enfoui et oublié que comporte sa poésie.