Le recueil Formulaires est plus construit : on peut déjà y lire les préoccupations poétiques de Mohammed Dib, puisqu’il y interroge notamment les pouvoirs de la parole et cherche à déceler la possibilité de nommer les limites de celle-ci ou au contraire les virtualités ignorées qu’elle recèle.
Le système , déjà vu plus haut, « cursive- italique » se retrouve , tramé à la poésie , et permet aux voix poétiques de s’approfondir sans cesse, l’une dans l’autre, l’une derrière l’autre, révélant ainsi leur profondeur, mais surtout leur mystère, leur origine toujours entachée d’absence. Une des formes-sens essentielles de la poésie dibienne commence à prendre tournure ici, celle du dialogue avec l’infini sous la forme du ruban de Moëbius . Les figures s’inversent l’une dans l’autre et perdent ainsi tout caractère discriminatif.
On rappellera que ce recueil se subdivise en trois parties qui se font suite, et sont intitulées de la manière suivante : première partie : charge de temps, comprenant dix-neuf poèmes ; puis même nomcomprenant trente trois poèmes, puis pouvoirs avec trente-deux poèmes.
La dernière partie initie le cheminement qui sera par la suite celui de Dib ultérieurement, à savoir l’écriture sur l’écriture, avec ce que cela suppose d’ambiguïté et de recoupements qui mènent le lecteur-pratiquant de la poésie vers des lectures extrêmes et fondamentalement inconfortables. Cette marque restera celle de ce poète par la suite.