L’activité poétique

La déclamation rythmée, puis sa transformation en écriture, depuis un siècle et demi, remonte très loin dans le temps. Dans les pays du Maghreb, comme dans le monde arabe de manière générale, la poésie est un genre primordial, le roman n’étant qu’une forme découverte et adoptée beaucoup plus tard, dans les circonstances historiques et linguistiques que l’on sait.

Nos écrivains ont baigné dans un univers du rythme où la parole se dit et se pratique dans des circonstances précises suivant des codes de nomination qui se prêtent à ces instants. Les adages, les proverbes, les formule de politesse et de civilité, les contes, émaillent le quotidien et constituent autour de lui et en lui une grille de reconnaissance et de lecture familière ; mais l’identification de « trous d’incompréhension » existe néanmoins car nombre d’adages et de formules quotidiennes renvoient néanmoins à l’épaisseur du réel et à l’indigence humaine pour le comprendre.

Pour nos auteurs, et particulièrement pour Dib et Meddeb, écrire en tenant compte d’autres dispositions d’écriture que celles du roman, est une expérience réelle, même si le but de cette expérience semble différent pour chacun d’eux.

Nous essaierons, dans cette partie, de personnaliser chacune de ces expériences et de montrer quelles sont les modalités du dire qui les caractérisent et qui les animent. Autrement dit, nous nous demanderons d’abord quelles sont les positions du dire, puis quelles forces illocutionnaires elles développent. Nous procèderons par auteurs, et nous commencerons par le plus ancien, inspirateur des deux autres, à des degrés divers.