Le livre, l’œuvre n’est pas entièrement de l’ordre de l’accessible et du simple échange utilitaire : elle reste de l’ordre de l’échange sauvage et foudroyant, symbolique avant tout, dans lequel l’habituelle logique marchande n’intervient pas ou très indirectement. Le lecteur y retrouve sa passion, ou ce qu’il a investi d’elle, qui lui revient sous forme d’accessibilité et de pouvoir de lecture et de décodage, mais de manière fugace et inarticulée, comme dans le cas de certaines intuitions majeures, celles des découvertes notamment, qui ne sont jamais en contradiction avec une démarche de recherche, de savoir.
Au-delà des habituelles réclamations et recommandations idéologiques, ce texte, dans son intégralité, jouit simplement de lui-même, de son intelligence, de sa subtilité et de son assurance sensuelle.
Il proclame, au-delà de tous les discours, la loi même de la vie et du conteur, du « faiseur de récits » : ne pas pouvoir, ne pas vouloir éviter la complexité d’une part ; d’autre part, ne pas concéder à l’apparente facilité des choses et des opinions qui les soutiennent : être, être dans la terrible et fugace cruauté des choses vives qui renferment sans cesse sur elles le secret qu’elles tissent et remettent sans cesse sur le métier.
Le codage est en fait l’opération même de la vie dont il souligne le caractère illisible, en dernière instance, caractère sur lequel le texte de Meddeb prend appui en refusant notamment la culpabilité et l’hypocrisie générées par les exploitations idéologiques et historiquement datées du refus de la difficulté sous toutes ses formes, notamment littéraires.