Les écrits théorico-formels

Nous passons maintenant à la deuxième étape de notre travail dans cette partie, à savoir l’étude des écrits théorico-formels puisque ces trois écrivains ont la particularité d’avoir pris en charge dans leurs écritures, un ensemble de textes qui représentent en quelque sorte des ensembles réflexifs de l’œuvre et sur l’œuvre. Ils sont quelquefois intimement mêlés à l’écriture « romanesque et/ou poétique » ou constituent, comme dans le cas de Khatibi et de Meddeb, des interventions à part. Néanmoins, étant des écrivains peu connus par le public français, et peu sollicités par le public et la critique de leur pays respectifs, ils ont produit peu de textes où ils s’expriment sur eux-mêmes et sur leurs œuvres. C’est le plus souvent à l’intérieur même de ces dernières, qu’ils mettent l’essentiel de leurs positions littéraires et de leur conception de l’écriture.

Une exception est faite pour le dernier d’entre eux, c’est à dire le plus jeune et le plus « brillant », Meddeb, qui reste extrêmement sollicité en France, à travers la presse écrite, mais aussi radiophonique, souvent à travers ses organes les plus prestigieux, comme France-culture par exemple.

Sa vaste culture et sa connaissance de la langue, de la culture et du monde arabes ont fait de lui un interlocuteur privilégié de ceux qui cherchent à comprendre la complexité actuelle du moyen orient ; on notera néanmoins que ses interventions ne se font jamais dans des cadres politiques, même si certaines de ses positions remettent en question un certain nombre de tabous instaurés par la langue de bois maghrébine, arabe ou occidentale. 103

Pour cette partie, nous ne procèderons pas comme précédemment, c’est à dire par auteur, mais nous essaierons de dégager les caractéristiques générales des interventions de ces auteurs, surtout lorsqu’elles se font en dehors des supports proprement littéraires, même si nous revenons toujours à ces derniers, qui constituent à nos yeux les véritables repères d’une praxis de l’écriture, puisqu’ils s’opèrent et se donnent à voir en dehors des pressions qui peuvent s’exercer dans le terrain médiatique.

Nous tiendrons compte des expériences différentes de chacun des auteurs retenus et de leur âge, qui a contribué, pour chacun d’eux, à leur faire vivre des expériences différentes et a induit pour eux des possibilités différentes d’expression et d’échange avec la presse littéraire par exemple.

Notes
103.

Notamment sur les rapports avec la judaïté.