La litote ou le cryptogramme de la subtilité

Le cryptogramme de la subtilité mis en place grâce à la litote, est en fait l’art d’affirmer et de démontrer l’existence de l’invisible, en utilisant pour ce faire le minimum de moyens pour laisser à cet invisible le privilège et l’étrangeté de l’altérité intégrale qui ne peut s’exprimer que dans le cadre d’une certaine négativité , et ensuite de proclamer que cet invisible agit effectivement par des moyens peu perceptibles mais qui garantissent néanmoins leur intervention et leur efficience.

Cette démarche oriente le texte vers une « stupeur », « une suspension » ouverte et problématique dans la mesure où elle bouscule les limites du vraisemblable caractérisés par leur cadrage et leurs fermetures.

La litote suspend le texte et y introduit la capacité d’accueillir des « blancs », des ruptures, qui le déchirent et le ravagent (au sens étymologique du terme) et l’orientent ainsi dans la sphère du sacré, où les objets choisis pour l’holocauste, les mots ou les formules prononcés à effet de le rendre possible et recevable , possèdent cette qualité traversière d’être à la fois d’ici et d’ailleurs, d’être à la fois triviaux, quotidiens, mais aussi redoutables et chargés d’un mystère qui font leur force et la capacité qu’ils ont de pouvoir intervenir sur plusieurs plans à la fois, notamment dans l’un d’eux (celui de l’au-delà) qui échappe complètement au contrôle de la raison et de la représentation humaines.

Dans le cadre du sacré, où le « texte » ressurgit, les actes et les mots de la vie, comme il est convenu de les appeler, retrouvent leur épaisseur, au sens de densité et d’opacité mystérieuse. Ces choses tendent à rafraîchir le monde environnant, à lui rendre sa beauté, sa violence, son incommunicabilité et à le faire neuf, c’est à dire inconnaissable, embusqué et sauvage.