Autre cas : l’affaire de la pagode de Ningbo

C’est sous ce nom qu’ont été retenus les évènements aboutissant à l'obtention des titres de propriété de la route de Xujiahui, sollicitée par le conseil depuis 1880, et à l'extension de la Concession française ; ils constituent un moment de référence dans l'esprit des Chinois et des étrangers de l'époque. L'étude de Bryna Goodman 219 montre notamment comment les immigrants des différentes provinces avoisinantes, réfugiés à Shanghai à la suite de la guerre des Taiping et regroupés en associations selon leur lieu d'origine, parviennent à se mobiliser face au pouvoir étranger ; la guilde Siming de Ningbo, dans cette affaire l'opposant à la municipalité française, devient le symbole de la lutte contre l'impérialisme étranger dans un conflit qui prend rapidement une tournure politique : dans la défense des biens, des intérêts régionaux et du respect aux ancêtres, la guilde, rejoignant la défense de la nation chinoise, a réussi à rallier l'ensemble de la communauté et ces confrontations renforcent le nationalisme chinois, qui prend de l’ampleur grâce à l'organisation structurée et efficace des associations et guildes régionales. Le CAM, dans un souci d'aménagement urbain et d'hygiène publique, souhaite faire disparaître l'ensemble des cimetières chinois de la Concession française et parvient à s'entendre avec les associations régionales pour les déplacer, à l’exception de la Pagode de Ningbo qui maintient, pour sa part, un refus catégorique. En 1873, un accord entre la municipalité et la Marine française permet de déplacer en dehors des limites de la concession le dernier cimetière de la concession où sont enterrés les marins français morts ou tués à Shanghai ; le cimetière avoisinant la pagode de Ningbo reste le dernier cimetière intra-muros. Pour les étrangers, les cimetières des associations régionales peuvent devenir des lieux pestilentiels, source de maladies, et c’est la logique du bien public qui doit l'emporter dans la gestion urbaine ; l'image de la putréfaction des corps et des odeurs viciées propageant des germes suscite la peur : l'important est d'éloigner le « malsain » qui met en danger la communauté. En France, Corbin note que la politique sanitaire qui se structure à la fin du XVIIIème siècle « puise dans un passé déjà long, hanté par le nauséabond.  La stratégie sanitaire qui se façonne ne revêt plus le caractère épisodique de celle qui se déployait quand sévissait l'épidémie; elle prétend à la permanence; elle opère une synthèse, elle coordonne les décisions dans une perspective édilitaire. L'invention de la question urbaine, le triomphe de la conception fonctionnelle de la ville-machine, incitent à une toilette topographique, indissociable de la toilette sociale que manifeste la purgation de la rue. » 220 Tout au long de l'aménagement de la concession, le Conseil gardera une ligne de conduite similaire, justifiant ses travaux, plus particulièrement le déplacement des cimetières intra-muros, par le souci d'hygiène publique : « Le point le plus important vers lequel nous attirons plus spécialement votre attention, Messieurs, est l'assainissement de la Concession. Tous les intérêts se groupent et sont si intimement liés lorsqu'il s'agit de cette question, qu'elle doit prendre la première place dans l'analyse de nos travaux et la plus large part de nos préoccupations ». 221

Dans la gestion de l'affaire de la Pagode de Ningbo, le Conseil pense agir avec l'assentiment du consul à qui il reproche, toutefois, son manque de fermeté, regrettant qu’il ne leur communique pas ses décisions, ce qui les met en porte à faux vis-à-vis de l’association ; il redoute que les dissensions internes lui fasse perdre son ascendant et sa crédibilité, donnant l'impression à l'association régionale de Ningbo qu’elle peut rallier le consul à sa cause. Ainsi, en avril 1874 l'association régionale de Ningbo, ayant obtenu l’accord du consul sans en délibérer, a édifié un mur d'enceinte au cimetière sans en informer le Conseil, ce qui vaut au consul les reproches du CAM : « Je m'étonne, précise le président, et le Conseil avec moi, de n'avoir reçu aucune communication officielle de votre part; si les circonstances graves ont pu faire oublier la courtoisie habituelle de l'administration supérieure française, elle n'aurait pas dû faire mettre de côté les mesures administratives prises pour que la délimitation des propriétés ne soit pas laissée au libre arbitre des intéressés. » 222

Le Conseil justifie ses décisions à l'égard de la Pagode de Ningbo par respect des règlements de voirie établis en 1863 ; la renonciation à ses droits sur la voirie des rues de Ningbo (Huahai dong lu) et de Saïgon (Guangxin nan lu), ou le changement du tracé de ces rues pour adopter celui proposé par l'association régionale de Ningbo serait pour lui une atteinte à ses prérogatives et il s'agit, dans ce cas, d'une motivation d'ordre politique ; « est-il possible que des associations chinoises puissent dicter les décisions du Conseil ? » s’interrogent les conseillers ; ainsi ce conflit local prend-il la dimension d'un conflit nationaliste, la question touchant deux nations étrangères, deux cultures différentes. L'objectif est de montrer à la communauté chinoise que les étrangers ne cèdent pas aux demandes des Chinois et qu’ils possèdent un pouvoir politique et administratif réel, découlant d’un savoir-faire, auquel doit se soumettre la communauté chinoise, affirmant la position dominante des étrangers en Chine sur laquelle se fonde leur réussite et le maintien de leur présence. En outre, l'acceptation des exigences de la Pagode de Ningbo entraînerait des demandes similaires de la part d'autres associations chinoises, ce qui irait à l'encontre des intérêts généraux de la communauté ; le Conseil ne peut exiger de certaines associations l'application des règlements de voirie et en exempter d'autres. Les divergences entre le consul et le Conseil trouvent également leur origine dans l'instabilité de l'administration municipale qui, en 1873, voit changer quatre fois le Conseil municipal, faille habilement utilisée l'association régionale de Ningbo.

La Pagode de Ningbo et les rues avoisinantes (d’après la carte annexe n°5)
La Pagode de Ningbo et les rues avoisinantes (d’après la carte annexe n°5)

À partir de 1862, le Conseil veut procéder à l'aménagement des rues de Palikao (Yunnan nan lu), de Ningbo et de Saïgon, cette dernière devant traverser le cimetière de la pagode de Ningbo. De 1864 à 1874 le Conseil tente de supprimer le cimetière, plus par souci d'hygiène publique que par nécessité d'aménagement urbain et les responsables de l'association régionale de Ningbo envoient trois requêtes au consul et au Conseil, de janvier à avril 1874, afin que le projet relatif aux aménagements urbains impliquant la pagode soit ajourné ; ils avancent comme argument que les traités protègent les sépultures des Chinois et que « l'inviolabilité a été plusieurs fois accordée par les ambassadeurs français, par l'intermédiaire des Consuls généraux, en déclarant que ce terrain resterait perpétuellement intouchable et sacré aux morts » 223 (en avril 1862, le Consul accorde l'autorisation de considérer le terrain de la pagode comme sacré). Après les demandes réitérées du Daotai au consul général Brenier de Montmorand, ce terrain a été exempté de l'impôt foncier par l'administration française par décision du 31 mars 1868 reconnue par le président du Conseil municipal et le Consul ; « en outre, pour les responsables de la Pagode, ce serait un abus et un mépris envers la bienveillance et l'humanité des Consuls précédents qui avaient fait tout leur possible pour adhérer aux cultes et respect des Chinois envers les morts ». Alléguant l'inutilité des routes envisagées et la profanation à l'égard de leurs ancêtres, les membres de la Pagode proposent d’en changer le tracé : « s'il y avait une absolue nécessité à ce qu'une rue nouvelle de l'est à l'ouest fût ouverte, cette rue pourrait être éloignée d'une dizaine de pieds, les frais de sa construction seraient supportés par les membres de la corporation. La paix sera ainsi assurée à ceux qui reposent dessous et les vivants et les morts jouiront également de la charité et la vertu de cette mesure ». 224 Après refus du Conseil, ils se réunissent pour définir leur ligne d'action : le 3 mai 1874 un rassemblement plus important que les précédents se forme à la pagode de Ningbo. Le consul décide que la Garde municipale doit évacuer le quartier ouest pour éviter tout affrontement avec la population chinoise ; quelques maisons sont incendiées près de l'hôtel municipal et des étrangers sont attaqués ; le chef de la garde s’y rend avec quelques hommes, des coups de feu sont tirés, la foule se disperse et la garde reçoit l'ordre de retourner à l'hôtel municipal. 225 Voisin, président du CAM, préconise de réagir fermement à l'agitation chinoise : « Il serait dangereux pour l'avenir d'encourager les Chinois à penser qu'ils pourraient obtenir quelque chose des étrangers par la violence et l'intimidation et non par la réclamation pacifique et légale de leurs droits. Une concession ainsi faite devant l'émeute ne pourrait que leur sembler un acte de faiblesse, contre lequel, au reste, il n'était possible au Président de protester qu'en votant contre. Pourquoi protester et faire un éclat! répondit le Consul général, ce serait regrettable ». 226 Le consul général Godeaux accepte de demander l'aide des navires ‘La Couleuvre’ et ‘Le Tigre’ postés à Shanghai ; le 3 mai 1874 à 6h30, Loizillon, lieutenant de vaisseau de La Couleuvre, se met à la disposition du consul avec 19 hommes ; ils se rendent au consulat où se trouvent déjà 16 agents de police et des volontaires armés ; une partie des gardes municipaux et des volontaires sont envoyés à l'usine à gaz pour la protéger : « une rue presque entière, c'est à dire quinze ou vingt maisons, brûlait à une centaine de mètres de la municipalité et tout près de l'usine à gaz où les Chinois voulaient mettre le feu suivant les rapport de la police » ; le consulat est gardé par des marins étrangers et des matelots du ‘Tigre’ tandis que des matelots américains sont envoyés en renfort au poste de l'est ; des soldats chinois sont également envoyés par les autorités chinoises de la ville : « des soldats chinois arrivèrent et une forte distribution de coups de bambou par eux donnés à la foule fit évacuer les abords de l'hôtel de ville. A minuit, 400 soldats chinois occupèrent les environs de la Pagode de Ningpo et les terrains vagues » ; face à ce déploiement de forces armées, la foule chinoise se disperse. Le lendemain le calme est rétabli ; Loizillon et ses hommes regagnent leur navire. 227 Le consul exige du Conseil qu'il se réunisse pour délibérer sur la question de la pagode de Ningbo ; il s'entretient parallèlement avec les membres du SMC, cette émeute pouvant avoir des répercussions sur les propriétaires anglo-saxons de la concession ou toucher la Concession internationale ; la position du SMC est également de ne pas céder aux exigences de l'association régionale de Ningbo. Le consul fait transmettre à la population chinoise une proclamation annulant la délibération antérieure du Conseil, où il précise qu'à la demande des directeurs de la guilde Siming de Ningbo et des autorités chinoises, des instructions sont transmises au Conseil pour changer de projet, afin de préserver les édifices et les tombes ; mais il ne fait aucune mention de cette démarche durant la réunion du Conseil à laquelle il participe ! Lorsqu'ils apprennent la nouvelle, les conseillers protestent contre une décision qu'ils considèrent comme un désengagement envers la communauté étrangère de Shanghai, désormais à la merci d’émeutes chinoises ; les journaux étrangers de Shanghai tournent en ridicule la décision du consul Godeaux et lui reprochent de ne pas avoir réglé plus tôt le différend avec la guilde Siming de Ningbo ; certains en profitent pour préconiser une fusion entre les deux concessions, persuadés qu’ils sont que la Concession internationale ne laisserait jamais de tels évènements se produire. De son côté, le Ministre français de Beijing entérine la décision de Godeaux et adresse une réclamation au Zongli Yamen. L'affaire ne sera résolue que quatre ans après les faits : au mois d'août 1878, Brenier de Montmorand, ministre à Beijing, reçoit du Daotai le montant des indemnités fixées par le Zongli Yamen, soit 37.650 taëls à répartir entre les étrangers ayant subi des dégâts matériels et des agressions physiques ; les familles des sept Chinois tués durant l'émeute reçoivent 7.000 taëls.

Durant les années 1890, avec l’arrière pensée d’occuper de nouveaux territoires, la presse se fait l’écho d’une peur des épidémies qui se répand au sein de la communauté étrangère, stigmatisant certaines habitudes chinoises. Par exemple, la guilde Siming de Ningbo couvre une association de bienfaisance qui met en bière les cadavres des personnes originaires de leur ville ainsi que les corps des Chinois trouvés dans les rues de Shanghai, regroupant environ mille cercueils au sein de la pagode. Afin de constater les faits et de déterminer si les craintes de la communauté étrangère et du Conseil municipal sont justifiées, le docteur Blanc, médecin municipal, effectue une enquête sur place ; son rapport fait état du sérieux avec lequel est effectué le travail de mise en bière des morts, n’entraînant aucun risque d'épidémie. Camille Jordan, consul suppléant, s’étant lui-même rendu sur les lieux sans relever d'infraction à la salubrité publique, s'en réfère aux conclusions du rapport et suggère au Conseil de calmer l'affaire : « Il y a lieu de s'en tenir aux conclusions du docteur Blanc et de ne pas aborder une question irritante, d'autant plus que nous avons eu récemment à relever assez vivement certains empiétements des autorités chinoises, que nous trouverions peu disposées à faire exécuter des mesures aussi radicales que celles que vous réclamez ». 228 Le Conseil insiste et invite le consul à soumettre au Daotai sa demande d'enlèvement des cercueils entreposés dans la pagode ; le consul obtempère : « Bien que je ne partage pas votre manière de voir sur l'urgence et l'opportunité d'une intervention consulaire, néanmoins par déférence pour le vœu que vous voulez bien m'exprimez au nom du Conseil, j'ai l'honneur de vous informer que je fais en ce moment auprès des autorités chinoises une démarche dans le sens que vous indiquez ». 229 Les autorités consulaires, à Shanghai et à Beijing, préfèrent laisser en suspens cette question, et ne pas exercer de pression sur les autorités chinoises. Le Conseil, pour sa part, continue de s’inquiéter des risques d'épidémies liés à la présence des cercueils et veut toujours exproprier, dans un souci d'aménagement urbain, la pagode de Ningbo ; le 6 janvier 1898, le consul publie à sa demande un arrêté interdisant les dépôts mortuaires dans les limites de la concession ; un délai de six mois est laissé au chef de la Garde municipale, à dater du 1er janvier 1898, pour l'entière exécution de l'arrêté. Pendant cette période, les autorités françaises et britanniques négocient l'agrandissement des concessions avec le Daotai qui, au printemps, leur notifie son refus ; les Français font alors valoir leurs droits à l'intérieur des terres qu'ils contrôlent, informant les directeurs de la guilde Siming de Ningbo de leur intention d'exproprier leurs possessions, dont le cimetière, pour y construire un hôpital, une école et un abattoir chinois, ainsi que les routes dont la construction a été suspendue en 1874. Le samedi 16 juillet 1898 commence la destruction du mur d'enceinte du cimetière, entraînant une émeute parmi la population chinoise qui déplore de quinze à vingt-cinq victimes et quarante blessés graves suite à la répression par les troupes françaises ; quatre jours de grève s'en suivent où les produits français sont boycottés et les commerces fermés. L’ensemble de la communauté française se mobilise et entame six mois de négociations tendues avec les autorités chinoises. C’est la découverte d'un document datant de 1878, signé par le Ministre plénipotentiaire français de Beijing qui met un terme aux pourparlers : cet accord avait fait cesser les troubles de 1874 et assurait la protection permanente du cimetière ; la guilde obtient gain de cause. Début 1899, les autorités de Beijing accordent finalement aux Français l'extension qu'ils ont sollicitée et qui double d'un coup la surface de la concession. Cet événement est repris par les éditoriaux comme l'affirmation des droits chinois contre l'étranger ; la communauté de Ningbo est louée pour sa lutte face à l'impérialisme étranger.

Réaction du chef du gouvernement anglais, Salisbury, qui donne l’ordre au Ministre de Grande-Bretagne en Chine de s’opposer à l’extension de la Concession française, attitude qui freine les négociations et gêne considérablement les Français qui décident d'abandonner certaines demandes afin d'accélérer la signature de l'accord ; pour ralentir les Français, les autorités anglaises prétextent la présence de propriétaires anglais sur les routes extérieures réclamées par les Français. 230 Le 24 décembre 1898, le Ministre français de Beijing, M. Pichon, fait savoir que le Zongli Yamen prend en considération les protestations anglaises contre l'extension de la Concession française et le Consul ne manque pas de faire remarquer que les Anglais achètent beaucoup de terrains à Passienjo et à Simen, villages compris dans l'extension ; il faut limiter l'acquisition par les Anglais des terrains chinois situés sur les routes extérieures et dresser l'état actuel des propriétés anglaises dans cette zone ; les négociations stagnent et le 29 décembre 1898, Pichon précise à M. Claudel, en charge des pourparlers, qu'en cas de non-respect des engagements pris par le Zongli Yamen, les autorités françaises se réservent le droit de disposer des terrains de la pagode de Ningbo « quand et comme il nous plaira ». Pour sa part, le président du SMC dit regretter les manœuvres des Anglais et de l’Association commerciale anglaise de Chine opposée, elle aussi, à l’agrandissement de la Concession française qu’elle considère comme un danger pour ses affaires ; pour le président du SMC, les dissensions entre étrangers profitent surtout aux Chinois qui, dans ce contexte, refusent également l’extension de la Concession internationale. 231 Suite aux actions combinées de Pichon, qui rappelle au corps diplomatique de Beijing les accords de 1896 reconnaissant l’extension des deux concessions, et de Delcassé, ministre des Affaires Etrangères français, qui soutient auprès de Salisbury la légitimité de la demande française, le gouvernement anglais n’entrave plus les démarches des Français, soutenues par le gouvernement russe, auprès des autorités chinoises. En mars 1899, pour éviter des troubles éventuels face à la fermeté de la diplomatie française, le gouvernement chinois établit un projet d'accord définitif, remis à Lo, Daotai de Shanghai par le Consul général, M. de Bézaure. La légation de France s’entend également avec MacDonald, ministre d’Angleterre à Beijing, pour qu’il retire son refus de l’agrandissement de la Concession française au nom du gouvernement de Grande-Bretagne. Le Corps diplomatique reconnaît l’extension des deux concessions le 27 décembre 1899. 232 Le 21 janvier 1900 l’accord est ratifié par le gouvernement chinois.

Pour la Concession française, le projet de règlement stipule que les rues de Saigon (Guangxin nan lu) et de Ningbo (Huahai dong lu) seront prolongées comme l’avait décidé le Conseil municipal ; leur tracé respecte les constructions existantes, les propriétaires de la Pagode octroyant toutefois le terrain nécessaire afin qu’elles aient une largeur suffisante. La guilde de Ningbo conserve la propriété de ses terrains sur la Concession française et en acquiert les titres, tous les terrains restant soumis aux règlements municipaux de police et de voirie ; le Conseil obtient gain de cause en ce qui concerne la question des cercueils qui devront être enlevés : « Aucun dépôt ou inhumation ne sera fait désormais dans les bâtiments ou terrains de la Pagode ». Les négociations portaient plus particulièrement sur l'extension de la Concession française, qui comprend « la partie du faubourg de Tongkadou située entre la petite porte de l'est et la première crique vers le sud, le quartier de Passienjo et une partie de celui de Simen », 233 sans oublier la route de Xujiahui. Tous ces terrains et leurs habitants sont désormais soumis aux règlements municipaux ; les propriétaires chinois doivent enregistrer leurs titres au Consulat sous condition que leurs terrains ne pourront être vendus qu'à des Européens. 234 En février 1900, le ministre Delcassé félicite les représentants politiques en Chine pour leur fermeté dans la résolution du conflit et l’obtention de l’extension ; 235 la municipalité française prend officiellement possession des routes incorporées à son territoire le 1er mars 1900 (voir annexe n°3 et n°5). En fait la solidarité des Occidentaux l’a de nouveau emporté sur les dissensions nationales ; les Anglais, plus particulièrement, s’accommodent difficilement de la présence d’un territoire français autonome mais il leur était impossible d’appuyer l’interdiction pour les autorités françaises d’étendre les limites de leur concession et d’obtenir dans le même temps l’extension de la Concession internationale.

Notes
219.

Bryna Goodman, The native place and the city: immigrant consciousness and organization in Shanghai, 1853-1927 , Stanford University Press, 1990.

220.

Alain Corbin, Le miasme et la jonquille , Champs, Flammarion, Paris, 1986, p 105.

221.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°31 Bis, Rapport du CAM pour la gestion de l'exercice 1864-1865.

222.

AMS, U38 1 2744, Séance du CAM, le 5 mai 1874.

223.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°27, Lettre de la Pagode de Ningpo au Consul de France à Shanghai, le 10 janvier 1874.

224.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°27, Pétition de la Pagode de Ningpo au Consul de France à Shanghai, le 27 avril 1874.

225.

AD.N., Fonds Shanghai, Série B Rose, n°27, Rapport du président du CAM.

226.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n° 31 Bis, Compte rendu sur l'Affaire de la Pagode de Ningpo, les 3 et 4 mai 1874.

227.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°27, Rapport du Lieutenant de vaisseau, Loizillon, sur les événements des 3 et 4 mai 1874 et rapport du chef de la Garde.

228.

AMS, U38 1 2756, Lettre du Consul suppléant Camille Jordan au président du CAM, le 25 août 1890.

229.

AMS, U38 1 2756, Lettre du Consul au Président du CAM, le 27 août 1890.

230.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°63, Télégrammes reçus à Nanjing, Lettre de Pichon, novembre et décembre 1898.

231.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°3, Lettre du Ministre de France à Beijing au Consul général de France à Shanghai, le 27 mars 1899.

232.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°63, Lettre de la légation de France à Beijing au Consul général de France à Shanghai, le 28 décembre 1899.

233.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°63, Projet définitif de règlement de l'affaire de la Pagode de Ningbo, envoyé copie à Paris le 29 mars 1899.

234.

ADN, Fonds Shanghai, Série B Rose, n°63, Ibid.

235.

ADN, Fonds Pékin, n°254, Lettre du ministère des Affaires étrangères à Paris au Ministre de France à Beijing, le 5 février 1900.