3.3.1. La Maison centrale des Filles de la Charité

Vers la fin de l’été 1847, est décidé l’envoi en Chine d’une mission religieuse menée par douze Filles de la Charité sous la direction de l’assistante de la Sœur générale, Sœur Durand. Elles arrivent à Macao en juin 1848 et attendent quatre ans avant de pouvoir rejoindre Ningbo où est créé un orphelinat en 1853, un an après leur arrivée ; huit sœurs étant mortes, l’Ordre envisage un rapatriement en métropole qui se heurte au refus des survivantes qui décident de rester. 669 En 1863, les Sœurs de la Charité encadrent l’Hôpital Général de Shanghai financé par la communauté étrangère, dont le contact leur fait craindre de perdre ‘l’esprit de la vocation’, les exigences du travail les empêchant de consacrer du temps au recueillement et à la prière ; elles subissent aussi de nombreuses remontrances de la communauté anglo-saxonne qui aimerait voir les soins assurés par des religieuses protestantes plutôt que catholiques. Aussi décident-elles de quitter l’hôpital en septembre 1913, rassurées par le fait qu’elles seront remplacées par les Franciscaines, missionnaires de Marie ; à la demande des Jésuites, elles acceptent toutefois d’encadrer les soins des malades à l’hôpital Sainte Marie qui a ouvert le 28 octobre 1907, le caractère français de l’hôpital, qui reçoit de nombreux patients français, et sa mission philanthropique en faveur des indigents chinois les séduisant davantage que leur expérience au sein de l’Hôpital Général.

En 1909, les Sœurs de la Charité créent aussi un dispensaire et un hôpital. Le dispensaire connu sous le nom de ‘Maison Centrale’ et l’Hôpital Saint Antoine se situent près de l’hôpital Sainte Marie, avenue Dubail (Chongqing nan lu), alors en pleine campagne. Le 26 octobre 1913, un incendie réduit en cendres le bâtiment principal de la Maison Centrale et sa chapelle et, en février 1914, les travaux pratiquement achevés permettent un fonctionnement partiel de l’hôpital Saint Antoine. En 1920, le dispensaire et l’hôpital sont rebâtis et agrandis ; le premier comprend deux grandes salles séparées : une pour les hommes et une pour les femmes et les enfants, et accueille une moyenne journalière de cinq cents patients ; le second compte quatre-vingts lits où sont hospitalisés gratuitement les Chinois. En 1929, l’hôpital reçoit cinq cent quarante-quatre malades, tandis que le dispensaire permet de soigner plus de deux cent mille Chinois. En 1932, neuf cent soixante-sept Chinois sont hospitalisés gratuitement et le dispensaire soigne trois cent dix neuf mille et trois cent quarante-sept malades. En 1941, ce nombre passe à mille six cent soixante-sept malades pour l’hôpital et à cent cinquante six mille et neuf cent huit pour le dispensaire, 670 la chute du nombre de patients qui consultent au dispensaire due à la création en 1935 à l’hôpital Sainte Marie du Pavillon Saint Vincent, réservé aux indigents chinois.

Subventions de la COIP en faveur du dispensaire et de l’hôpital Saint Antoine
1931 2.562,58 $
1933 5.858,28 $
1934 11.393,40 $
de 1935 à 1938 11.644,31 $
1939 12.780,54 $
1940 15.815,12 $
1941 25.720,18 $
1943 26.980,40 $

Dans les années 30, lorsque la municipalité lance sa politique sociale en faveur de la population chinoise, elle commence à financer largement la Maison Centrale et l’Hôpital Saint Antoine des Filles de la Charité qui apparaissent désormais comme un agent de l’action sociale de la municipalité française.

Notes
669.

Annales de la Congrégation de la mission et de la compagnie des Filles de la Charité, Tome 110-111, Paris, 1946. Archives des Filles de la Charité, Paris.

670.

AMS, U38 1 146, Rapport d’activité de la Maison centrale des Filles de la Charité transmis à la municipalité pour les années 1929, 1932, 1941.

671.

AMS, U38 1 146, Compte-rendu de gestion de la Maison centrale des Filles de la Charité, de 1931 à 1943.