5.2. Réglementation de la médecine et des professions de santé

En 1928, le gouvernement chinois fonde un ministère de la Santé qui réglemente la médecine et la pharmacie et exige que les professionnels de la santé soient enregistrés auprès de leur Service. Une circulaire est adressée aux autorités françaises pour leur indiquer les modalités de cette politique médicale et l'administration française s'aperçoit alors qu'elle ne possède aucun règlement dans ce domaine et ne peut donner la liste des médecins chinois traditionnels et autres professionnels de la santé qui pratiquent au sein de la Concession française car les médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, sages-femmes, vétérinaires n'ont pas à acquérir de licence pour exercer leur métier et l'ouverture d'un hôpital ne fait l'objet d'aucune enquête ; quant à la commercialisation de nouveaux médicaments et les publicités qui en sont faites, aucune vérification n’est effectuée. Le docteur Rabaute précise à son arrivée qu’un vide existant dans ce domaine « il fallut, pour la protection nécessaire des malades et de la profession médicale, établir des règlements dans un esprit assez libéral en exigeant cependant de nécessaires garanties. Il en alla de même pour l'exercice de la pharmacie». 977 En décembre 1930 sont promulgués deux règlements, un sur l’exercice de la médecine et un autre sur la déclaration des maladies contagieuses ; en 1931, la municipalité procède à l’enregistrement de tous les médecins exerçant dans la Concession française ; en 1934, les pharmacies modernes et la médecine traditionnelle chinoise sont soumises à un contrôle ; en 1936, est établie une réglementation sur l'exercice de la médecine, les hôpitaux et cliniques, la vente des remèdes de médecine traditionnelle chinoise, les pharmacies, la vivisection, le permis de conservation des corps et les licences de ventes réciproques entre la Concession internationale et la Concession française, qui s’accompagne de la délivrance de licences pour les médecins, les pharmacies et toutes infrastructures médicales, amenant de nouvelles recettes à la municipalité outre qu’elle répond à des critères de santé publique et permet de surveiller la qualité des médicaments, l’état sanitaire des hôpitaux et cabinets médicaux, de limiter le nombre de charlatans et de praticiens malhonnêtes ; mais elle suppose de grands changements à effectuer dans un court délai, ce qui pose des problèmes aux médecins traditionnels chinois, objet de la plupart des contrôles. Il est flagrant que la municipalité manque d’intérêt à l’égard de ses administrés chinois alors même qu’ils contribuent largement aux finances municipales et que la pratique médicale représente un secteur essentiel de la vie sociale qui doit être orchestré par le pouvoir politique.

Notes
977.

AMS, U38 1 491, Rapport du directeur de l’hygiène et de l’assistance publique, remis à la commission de l’administration municipale, le 1 er septembre 1930.