Université Lumière Lyon 2
Faculté de Sociologie et Anthropologie
Centre de Recherches et d’Etudes Anthropologiques
Dynamiques de transformation et de transmission d’un savoir-faire : le « travail aux piquants » des Amérindiens des Plaines de la Saskatchewan (Canada)
Thèse de Sociologie et Anthropologie
Directeur de recherches :
Professeur François Laplantine, Université Lyon 2
Membres du Jury :
Maurice Godelier, Directeur d’études à l’EHESS
Margaret Hanna, Professeur à l’Université de Saskatoon (Canada)
Marie Mauzé, Directeur de recherches au CNRS, Laboratoire d’Anthropologie Sociale
Françoise Morin, Professeur à l’Université Lumière Lyon 2
Joëlle Rostkowski, Consultante à l’UNESCO et chargée d’enseignement à l’EHESS
Thèse soutenue à Lyon, le 13 décembre 2005

Au professeur Philippe Jacquin,
qui m’a ouvert la voie vers les Amériques,
A mes parents, pour leur soutien inconditionnel
et parce qu’on ne tombe jamais bien loin du nid,
A Sheila, Brian, Margaret et tous les autres,
pour leur attention et leur coopération si précieuse,
A Eddy, parce qu’il m’aide à partir,
mais que son absence me pousse toujours à revenir.

RESUME DE LA THESE

Titre : Dynamiques de transformation et de transmission d’un savoir-faire : le « travail aux piquants » des Amérindiens des Plaines de la Saskatchewan (Canada).

Mots-clés : Canada - Amérindiens des Plaines - lakota - cree - art - symbolisme - mythe - féminité - broderie - porc-épic - tradition – création – savoir-faire – anthropologie de l’art – anthropologie des systèmes symboliques -

Il s’agit d’une recherche de terrain menée auprès des communautés amérindiennes contemporaines pratiquant l’art de la broderie en piquants de porc-épic : Cree, Lakota et Ojibway principalement. A partir d’une analyse technique, stylistique, esthétique et symbolique des transformations subies et initiées par cet art, les objets sont envisagés en tant que témoins d’histoires individuelles et collectives. On cherche à comprendre comment et pourquoi les sociétés humaines abandonnent, conservent ou transforment leurs héritages : ici comment une technique millénaire et délicate a persisté malgré l’apport d’une autre (broderie en perles, introduite par les colons) plus facile et aux résultats appréciés.

Les notions de « tradition », d’invention, de création seront questionnées, en regard des études passées menées sur le sujet (écoles diffusionniste et culturaliste) et des pratiques des brodeuses. Il s’agit donc aussi d’une réflexion sur la féminité, ses codes et ses modes de transmission culturelle, à travers l’analyse d’un art où se mêlent des logiques et dimensions diverses : mythiques, épistémologiques, symboliques, pratiques, cosmogoniques. Une pensée du mouvement, des passages et des transformations, une pensée du continuum du vivant, sera déclinée à partir d’une idée clé : « mitakuye oyasin » (lakota), « nous sommes tous reliés, nous sommes tous parents ». Une logique de l’interconnexion se révélera au fil du texte et sera proposée comme modèle d’analyse, permettant certes l’étude de la broderie, mais également celle de problèmes contemporains autres, auxquels est confrontée l’anthropologie : à la « mondialisation », à l’éclatement des anciennes catégories fixes.

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Title : Dynamics of transformation and transmission of a know-how: the “quillwork” of the Plains Amerindians from Saskatchewan (Canada).

Key-words : Canada - Plains Indians - lakota – cree - art - symbolism - myth - femininity - quillwork - embroidery- porcupine – tradition – creation – know-how – anthropology of art –

The purpose of this thesis is a field research conducted with the Amerindian contemporary communities practicing the art of embroidery with porcupine quills: Cree, Lakota and Ojibway principally. From a technical analysis, stylistic, aesthetic and symbolic of the transformations suffered and initiated by this art, the objects are envisioned as witnesses of individual and collective histories. We try to understand how and why the human societies abandon, preserve or transform their inheritances: here how a thousand-year-old and delicate technique persisted despite the coming of another (embroidery with beads, introduced by the settlers) easier and with appreciated results. The notions of « tradition », invention, creation will be questioned, in look of the past studies conducted on the subject (schools of diffusionnism and culturalism) and practices of the quillworkers. It is a matter therefore also of a thinking on femininity, its codes and its cultural transmission methods, through the analysis of an art where mix logics and various dimensions are encountered : mythical, epistemological, symbolic, practical, cosmogonist. A think about the movement, passages and transformations, a think about the continuum of the living, will be declined from a key-idea: «mitakuye oyasin» (lakota), «we are all related, we are all parents». A logic of interconnection will reveal itself with the passing of the text and will be proposed as a model of analysis, allowing of course the study of the embroidery, but equally the one of other contemporary problems, to which ones is confronted the anthropology: to the «globalization», to the explosion of the former categories set up.