2/ La parole des choses

‘« L’ethnologue sur le terrain ne doit pas se contenter de faire parler les gens ; il faut qu’il apprenne aussi à faire parler les choses et à les écouter. » Roger Bastide (1968)’

Cette phrase de Bastide résonne comme un guide pour cette première partie. Partant des objets et des paroles qui les entourent et les traversent, il s’agira de tenter d’abord de se glisser dans l’objet, de l’interroger, pour en revenir ensuite à ceux qui l’ont créé. Les œuvres brodées aux piquants « parlent ». Elles nous racontent les évènements du passé, nous décrivent les changements qui se sont produits, elles sont témoins 36 et fragments d’histoires collectives et personnelles. Certains objets sont possédés collectivement, d’autres relèvent de la propriété privée, d’autres encore sont parfois l’un, parfois l’autre. Ils ont aussi une vie : ils naissent dans l’imaginaire, dans les rêves parfois, ils sont créés, mis au monde par les artistes, ils circulent ensuite, sont donnés, sont vus, interprétés et enfin ils meurent, détruits par le temps, l’usage, ou intentionnellement. Parfois ils accèdent même à l’immortalité, se figent dans l’espace et le temps : ils entrent dans la vitrine d’un musée…

Notes
36.

Voir pour la notion d’ ”objet–témoin”, présente depuis les premiers musées d’ethnographie, dès la création du Musée de l’Homme par Paul Rivet, les différentes contributions du collectif MEN,  Le musée cannibale , GHK Editeurs, Neuchâtel, 2002.