3/ Les natures des piquants

Nous avons vu plus haut que les piquants pouvaient avoir une nature végétale, métamorphosée sous les doigts d’un trickster, démiurge, qu’ils pouvaient constituer le corps même de Femme-Araignée, héroïne civilisatrice et démiurge elle-aussi, et qu’ils pouvaient devenir corps céleste des frères étoiles métamorphosés. Avec les deux mythes suivants, tous deux répertoriés chez Dorsey et Kroeber 148 , comme n° 106 « Big Owl, Owner-of-Bag » et n° 141 « Found-in-Grass », les piquants acquièrent d’autres capacités spécifiques.

Le premier, « Big Owl, Owner-of-Bag », est issu d’un cycle sur ce monstre, sorte de croque-mitaine, appelé par les parents lorsque les enfants ne sont pas assez sages. Ce personnage rôde autour des campements, toujours prêt à recevoir dans son énorme sac un enfant désobéissant qui aurait été jeté hors du tipi par sa mère. C’est précisément ce qui arrive au petit héros de notre histoire : il ne cesse de crier et sa mère exténuée lui promet la venue de Owner-of-Bag. Elle le jette hors du tipi, et finit quelques heures plus tard, à la nuit tombée, par s’inquiéter de ne toujours pas voir revenir l’enfant. Bien sûr, il est en fait prisonnier du croque-mitaine, qui l’a immédiatement enfermé dans son sac, lui fourrant de la langue rôtie dans la bouche pour le faire taire… Lorsque la disparition de l’enfant devient officielle, tous les parents de la mère commencent à la blâmer, et elle se retrouve isolée. Elle décide alors de leur montrer à tous qu’elle est une bonne mère et une bonne épouse, et commence un ouvrage aux piquants en faisant le vœu de retrouver son enfant. S’en suit une longue liste détaillée de ses travaux :

‘« For days she worked making two pairs of men’s moccasins ; one pair of woman’s leggings with moccasins attached ; one short shirt quilled from shoulders to the sides of the chest, also from shoulders to the hands, and pendants of quill designs from each arm ; one scalp-lock shirt ornamented with discs at the breast and at the back, also bearing scalp-lock pendants from each arm ; one buffalo robe, well quilled ; one buffalo robe called image robe or shadow (this robe is a hard one to make, for it is quilled with many designs) ; one buffalo robe called an eagle-design robe (this is also well ornamented with pictures of eagles at the four corners of it), and one buffalo robe called one-hundredth robe (this robe is also nicely ornamented with parallel lines from one end to the other).” Annexes p. 366-367’

La mère part ensuite chercher son enfant, en emportant un gros sac contenant tous les vêtements brodés. Elle finit par trouver le campement de celui qui se fait appeler Big Owl, et qui en fait n’est autre que Owner-of-Bag. Celui-ci retient son enfant, qui se nomme à présent Little Owl, car il l’a adopté. En l’absence de son « père » de substitution, l’enfant et sa mère conviennent d’un plan. Pour l’instant, elle demeure cachée sous le matériel de chasse de Big Owl, dans son tipi. Mais étant un monstre, il a un excellent odorat et détecte la présence de la mère. Cependant, il ne la trouve pas et l’enfant lui assure qu’il ne l’a pas vue. Finalement, le monstre part à la chasse et la mère sort de sa cachette : elle dispose tous les vêtements, mocassins, jambières qu’elle a fabriqués, dans le tipi et sur le chemin qui mène à lui, à l’opposé de la direction de leur fuite. Big Owl suit ainsi tous les objets, les ramasse les uns après les autres et compte les piquants.

Il enrage, peste, mais ne peut s’empêcher de compter les piquants, extrêmement nombreux sur des ouvrages aussi richement travaillés. C’est ainsi que sont sauvés la mère et l’enfant.

Dorsey joint une note à la fin du récit (p. 246). Il explique qui est Owner-of-Bag et comment les parents effraient les enfants en l’invoquant lorsqu’ils ne veulent pas obéir, manger, dormir… Il expose ensuite les circonstances qui amènent les femmes à faire des vœux, sous forme d’objets brodés aux piquants : quand une personne est malade ou a eu de mauvaises visions, ou encore a perçu des signes inquiétants, un ami fait pour elle un vœu. Ces objets sont supposés apporter pureté, force, et guider vers la santé et la prospérité. Parfois, durant la grossesse, les femmes font également une promesse, un vœu, un serment (Dorsey emploie les deux termes « pledge » et « vow »), et réalisent ainsi des vêtements ou décors de tipi brodés, afin d’avoir un accouchement sans complications.

Les piquants apparaissent ici dotés de diverses capacités : ils peuvent en quelque sorte hypnotiser le monstre, l’attirer à un point tel qu’il laisse s’échapper ses proies. De plus, ils permettent à la mère de réaliser son souhait et de retrouver son enfant. Ils ont un pouvoir de protection, pas directement prophylactique, mais qui contribue tout de même à une forme de guérison des âmes et des problèmes.

Nous verrons un peu plus loin que la broderie aux piquants est une des occupations principales (et recommandée) des femmes durant leur grossesse et plus particulièrement durant les semaines précédant l’accouchement où elles sont déjà retirées dans les tipis prévus à cet effet. Les jeunes filles durant leurs règles sont invitées à faire de même dans les loges menstruelles (« menstrual lodge », isnati en lakota).

Le deuxième mythe, qui fait partie de la « geste » de Found-in-Grass (que nous avons vu être, selon certaines versions, Little Star, c’est-à-dire le fils de Lune-porc-épic et de son épouse humaine), et qui porte le numéro 141 selon la classification de Dorsey et Kroeber, nous révèle encore une autre nature possible des piquants de porc-épic. Le mythe nous explique également pourquoi on transporte et stocke les piquants dans des sacs en vessies animales.

Found-in-Grass a grandi et est devenu un guerrier. Il est ambitieux et décide d’élargir le territoire de la tribu. Il prend le parti d’entrer sur le chemin de la guerre. Il fabrique une poche en vessie, et la remplit de piquants de porc-épic. Il demande à sa belle-mère de lui fabriquer de nombreux mocassins et de la nourriture en abondance. Il chemine jusqu’à un campement ennemi, seul. Il finit par se faire repérer par une sentinelle et tous les guerriers s’apprêtent à charger sur lui. Il court rapidement se réfugier sur un tertre éloigné, et ouvre sa poche en vessie. De là sortent alors des centaines et des centaines de guerriers armés et féroces. Ses hommes porc-épic massacrent bientôt toute la tribu ennemie, et Found-in-Grass rentre victorieux, couvert de scalps, au village, tandis que ses guerriers retournent dans leur sac. Bien sûr, tout le monde le reçoit comme un héros surpuissant, un guerrier magique, ayant triomphé seul d’un campement entier d’ennemis. Il devient plus tard chef de sa tribu. Notre héros confie à un ami par trois fois ses guerriers piquants, qui retournent ensuite dans leur sac. Lui aussi tue sans pitié hommes, femmes, enfants. La quatrième fois, Nih’a ça, l’ami de Found-in-Grass se sentant tel un surhomme, oublie d’ouvrir le sac de piquants et meurt, abattu. A ses pieds tombe le sachet de piquants, autour duquel se pressent alors les ennemis survivants. Ils commencent à tirer dessus. Sortent alors tous les guerriers piquants, qui se déchaînent et triomphent des ennemis. Dans le récit est précisé ici que l’on conserve les piquants de porc-épic dans des sacs en vessie car de braves guerriers sortent de là, et parce qu’on ne peut pas pénétrer cette peau épaisse. Les guerriers piquants rentrent triomphants au village, paradent jusqu’au tipi de Found-in-Grass, qui comprend alors que son ami est mort et qu’il a dû négliger d’ouvrir le sac. Found-in-Grass part à la recherche du corps de Nih’a ça et le ressuscite.

Lorsque l’on prend connaissance des aventures de Found–in-Grass, il ne faut pas oublier qu’il est fils de Lune, métamorphosé en porc-épic. On comprend dès lors pourquoi sa « médecine », son pouvoir, est celui de transformer des piquants en guerriers. Le mythe ne précise pas par quel procédé. Rien n’indique que les piquants mis dans le « bladder bag », sachet en vessie, soient des piquants particuliers. Rien n’indique non plus une nature spécifique ou sacrée à ce sachet. Par contre, on connaît la nature semi divine de celui qui les utilise, Found-in-Grass, fils d’un astre et d’une humaine.

On peut supposer que les piquants deviennent guerriers parce que c’est un homme qui les utilise, et parce que ce sont des matériaux effectivement « agressifs » : nous avons déjà insisté sur leur forme pointue, sur l’espèce de petit harpon ainsi que la pointe dont ils sont constitués, qui peuvent devenir des « armes » et, en tout cas, blesser facilement. Nous avons évoqué les procédures rituelles mises en place par les brodeuses pour se protéger de leurs matériaux (peinture sur les yeux, bénédictions…).

Enfin, avec ce dernier mythe, nous allons en quelque sorte voir synthétiser les différentes dimensions des piquants, de la broderie, et des brodeuses. L’histoire met en scène une jeune fille, qui veut plaire à sa mère et un porc-épic très humain dans ses attitudes. D’une alliance d’intérêts va naître un mariage. Nous verrons déclinés les rôles de la femme, en tant qu’épouse, future épouse, et en tant que « fille de », et constaterons une fois de plus la nature « magique » et périodique des piquants, d’autant plus lorsqu’ils sont déjà colorés. Ce mythe est répertorié chez Lévi-Strauss comme M 445, « Arapaho : le porc-épic colorié » 149 et chez Dorsey et Kroeber sous le numéro 100, « The Painted Porcupine » 150 .

‘« Au début de l’automne, des Indiens campaient en lisière d’une forêt. L’année avait été bonne et les femmes s’affairaient à gratter, tanner, peindre et broder les peaux. Malheureusement, elles manquaient de piquants de porc-épic indispensables pour leurs travaux de broderie. Une femme surtout, qui était une excellente brodeuse, ne pouvait finir un ouvrage qu’elle considérait comme un devoir religieux. Sa fille, aussi belle que sage, tendrement dévouée à ses parents, raconta qu’elle avait entendu parler d’un porc-épic colorié auquel elle voulait offrir le mariage bien qu’elle n’eût aucun désir de fonder un foyer. Mais un tel gendre approvisionnerait sa mère qui, pour le moment, n’aurait qu’à recueillir le plus de piquants possibles et s’en arranger.
La jeune fille alla chez le porc-épic colorié. « Je m’offre à toi, dit-elle, car les temps sont durs : ma chère mère n’a plus de piquants pour sa broderie. Je serai tienne et tu nous aideras, mes parents et moi. » Le porc-épic hésita d’abord, mais sa jolie visiteuse l’avait touché, et il finit par accepter. Tous deux firent très bon ménage.
Un jour qu’ils prenaient le soleil devant leur tente, le porc-épic posa sa tête sur les genoux de sa femme et lui dit qu’elle pouvait l’épouiller, c’est-à-dire arracher ses piquants pour les donner à sa mère : «  A cette époque de l’année, expliqua-t-il, je suis bien fourni en piquants ; j’en ai très peu à la fin de l’été. Souviens-toi que je ne peux pas donner grand chose pendant les mois chauds, mais que je suis abondamment pourvu en automne et en hiver. »
La femme se mit à arracher les piquants dont elle emplit les sachets de vessie réservés à cet usage. La maman fut bien contente : « Dis à ton mari que j’apprécie sa bonté et sa générosité » s’écria-t-elle en rassemblant les sachets pleins de piquants blancs, rouges, jaunes et verts.
La jeune femme informa ses parents des mœurs de son mari et partit le rejoindre. C’est depuis cette époque que les femmes teignent les piquants pour leurs travaux de broderie. »’

Hormis l’information intéressante sur les quatre couleurs des piquants, par ailleurs quatre couleurs des directions chez les Arapaho, ici trois instructions principales sont à retenir : les qualités d’une « bonne » fille et « bonne » épouse, la dimension religieuse du travail aux piquants, les qualités périodiques du porc-épic.

Ce mythe nous renseigne donc en premier lieu sur les qualités des jeunes filles indiennes, et cette jeune fille-ci est idéale. Elle est « aussi belle que sage, et tendrement dévouée à ses parents ». Pour approvisionner sa mère en piquants de porc-épic (parce que cette dernière est une grande artiste et qu’elle considère son ouvrage comme un « devoir religieux »), elle est même prête à épouser un porc-épic, « bien qu’elle n’eût aucun désir de fonder un foyer » : elle est prête à se sacrifier pour sa famille. La broderie aux piquants apparaît comme symbole des vertus féminines, et véritable critère social : la mère de la jeune fille n’est pas une femme comme les autres, et sa fille elle-même incarne la perfection du dévouement féminin à sa famille. Lévi-Strauss dit ainsi que « l’art de la broderie en piquants constitue donc l’expression la plus raffinée et la plus haute de la culture matérielle. » 151

L’héroïne de ce mythe, à l’instar de celles qui le chassaient jusqu’en haut d’un arbre, convoite le porc-épic pour ses piquants, qu’elle destine à sa mère. Elle montre là qu’elle est une « bonne » fille, qu’elle a été bien élevée, et cela est normal puisque sa mère elle-même est une bonne épouse et une bonne mère, puisqu’elle travaille aux piquants, et sa fille apprendra à son tour. La broderie apparaît comme « le talent le plus relevé qu’on puisse souhaiter aux femmes, et qui démontre leur parfaite éducation » 152 . Elle l’est à plusieurs titres : pratiquement, car il s’agit d’un art très difficile, délicat, qui exige patience, courage et dextérité (rappelons ici le caractère dangereux de l’égalisation des pointes qui peuvent sauter aux yeux et rendre aveugle, et la peinture dont les brodeuses blackfoot s’oignent les yeux) ; symboliquement car la périodicité des piquants est aussi celle des filles, qui sont ensuite « réglées » et disciplinées par cette pratique ; religieusement, car l’art de broder est un don, les motifs créés ont du pouvoir, des rites l’accompagnent donc.

En sachant broder, on s’inscrit en effet dans une dynamique de complétude et de perfection d’un idéal féminin. Nous reviendrons sur cette dimension dans la partie suivante de ce chapitre, Des figures de femmes.

La deuxième instruction du mythe nous renseigne ainsi sur la dimension religieuse et sacrée de la broderie (que nous détaillerons dans la suite, au sujet de la Femme Double). La mère de la jeune fille considère son art comme « un devoir religieux ».

Lévi-Strauss note à ce sujet (toujours p. 204) :

‘« Les broderies en piquants de porc-épic, de style géométrique et d’inspiration purement décorative en apparence, offrent une signification symbolique. Ce sont des messages, dont la brodeuse a longuement médité la forme et le contenu. Toujours philosophique, sa réflexion conduit parfois à un état de grâce où l’artiste reçoit une révélation. Avant de se mettre à l’ouvrage, elle jeûne, prie, célèbre des rites, respecte des interdictions. Des cérémonies marquent le début et la fin du travail. »’

Nous reviendrons, dans notre dernière partie consacrée au symbolisme et au langage de la broderie, sur cette « méditation » et « signification symbolique » dont parle Lévi-Strauss. Au sujet des cérémonies qui marquent le début et la fin du travail, c’est Kroeber 153 qui nous renseigne :

‘« On disposa la robe pour qu’elle ressemblât à un bison, on l’encensa et on la toucha comme pour faire se lever l’animal. Puis on l’étala et on posa dessus cinq plumes, une à chaque coin et une autre au centre. Les femmes cousaient les plumes à chaque endroit. Alors Dame Jaune prononça le nom de l’homme pour qui elle avait brodé la robe et l’envoya chercher. C’était Oiseau-dans-l’arbre. Il arriva, s’assit les yeux tournés vers l’entrée. Dame Jaune cracha quatre fois sur la robe, la tendit plusieurs fois à l’homme et la lui remit enfin. On encensa le vêtement et son propriétaire, qui fit don de son meilleur cheval à la brodeuse; elle l’embrassa pour le remercier. Puis il sortit avec sa robe neuve. »’

Il décrit également les difficultés techniques à broder pour la première fois et la nécessité de recourir (finalement de la même manière que cela s’est passé pour moi, et même pour mes « maîtres ») à une ancienne brodeuse, qui sait et accompagne. Nous verrons un peu plus loin que cette intermédiaire est présente également dans les descriptions de Wissler au sujet des sociétés de brodeuses liées au culte de la Femme Double.

‘« Quand une personne inexpérimentée s’essaie pour la première fois à broder, elle échoue immanquablement. Les pointes des piquants ressortent et l’ouvrage se défait. Une femme raconte que, dans sa jeunesse, elle voulut aider des brodeuses. C’était sa première tentative, et tout son morceau fut gâché : les piquants ne tenaient pas en place et les autres femmes lui interdirent de continuer. Elle pria pour devenir une ouvrière habile et fit le vœu de broder toute seule une robe entière dans le même style. Une vieille l’approuva. Ensuite de quoi les piquants restèrent en place, et elle fut capable de broder. » 154

Dans cette description, Kroeber fait également référence à l’émission d’un « vœu » ou serment de réussite, non sans rappeler celui de la mère dans le mythe de Owner-of-Bag chez Dorsey et Kroeber. Quand on pense aux travaux d’aiguille en France, on se souvient de la pratique d’un vœu, à chaque fois que l’on se pique le doigt. De plus, dans le contexte des Plaines, il faut garder en tête le fait que talents et dons sont délivrés par les esprits, et qu’échouer ou réussir est finalement dépendant de leur volonté…

Le dernier renseignement important apporté par ce mythe nous apprend que les piquants subissent eux aussi les effets des saisons, et que ces matériaux, brillants, abondants, blancs et longs, tels qu’ils sont décrits dans les yeux des chasseuses de porc-épic, le sont plutôt en automne et en hiver qu’en été. Nous retrouvons ici la fonction didactique et pragmatique des mythes, mais pas seulement. Avec Lévi-Strauss, nous sommes amenés à considérer les femmes et les porcs-épics comme des créatures lunaires et cycliques, d’où le rapprochement de ces derniers avec la figure de Lune dans les récits mythiques. Dans le cycle des épouses des astres comme dans le mythe du porc-épic colorié, les jeunes femmes ont des points communs : elles cherchent des piquants non pour elles, mais pour leurs mères, et elles épousent ensuite des êtres porcs-épics.

Allons plus loin. A partir de là, elles deviennent elles aussi femmes. Si, avant, elles ne brodent pas, c’est qu’elles ne sont même pas pubères, et c’est pourquoi elles veulent les piquants pour leurs mères. Dans les Plaines, on apprenait aux jeunes fille à broder aux piquants uniquement à partir de leurs premières menstrues (cette initiation a lieu, nous le verrons, dans le tipi de menstruation). Leur alliance, mariage avec le porc-épic, marque donc leur apprentissage de l’art de la broderie, et également leur passage au statut de femmes, leurs premières règles. Leur mariage avec le porc-épic est donc, de ce fait, celui de la peau, de l’aiguille, du sang et des piquants. Nous poursuivrons cette analyse lorsque nous aborderons en détail les rituels de la loge menstruelle.

De la sorte, le porc-épic, comme la femme, est un être saisonnier, Lévi-Strauss dit ainsi : « le porc-épic, dont les piquants rythment par leur croissance l’activité des femmes comme agents culturels, prévient aussi, par son caractère périodique, les retards ou désordres qui menacent les rythmes vitaux. » (p. 207).

Notes
148.

DORSEY G & KROEBER A., in Traditions of the Arapaho , op. cit. pp. 241-246 et 377-378.

149.

LEVI-STRAUSS Claude, in Mythologiques III, op. cit., pp. 203-204.

150.

DORSEY G. & KROEBER A., in Traditions of the Arapaho, op. cit., pp. 230-231.

151.

LEVI-STRAUSS Claude, "Les petites filles modèles," in Mythologiques III, op. cit., p. 204.

152.

LEVI-STRAUSS Claude, "Les petites filles modèles," in Mythologiques III, op. cit., p. 205.

153.

KROEBER A., "The Arapaho", Bulletin of the American Museum of Natural History n°18 (1902-1907): p.34.

154.

KROEBER A., "The Arapaho", Bulletin of the American Museum of Natural History n°18 (1902-1907): p.29.