Annexes (Traductions)

P. 62 :« Si nous pouvons imaginer cela, nous pouvons également comprendre pourquoi les Amérindiens voient aujourd’hui les musées comme des lieux de lutte, et pourquoi leur critique est si importante afin qu’un changement systémique soit opéré. »

P. 72 : « J’ai appris plus de ma mère en la regardant faire, et j’étais moi aussi capable de travailler avec eux (les piquants), à la manière dont elle les cousait, quand elle les alignait bout-à-bout. Elle avait pour habitude de les teindre dans des couleurs variées, ces piquants pointus. »

P. 76 : « En raison des pressions subies dans l’assimilation des voies non indiennes, les femmes qui perpétuaient les anciennes pratiques ont été de plus en plus réticentes à parler de leurs activités. Il est difficile de certifier jusqu’à quel point les traditions de la Femme Double ont été gardées secrètes plus qu’elles ne sont disparues. »

P. 77 : « Il existe des preuves qui démontrent que, durant la période des réserves, on apprenait aux filles le travail aux piquants, mais qu’elles ne le pratiquaient pas parce qu’elles n’avaient pas participé aux cérémonies qui auraient donné une validation religieuse à leur art. »

P. 79 : « Nous n’avions pas le droit de nous exprimer. Nous étions formatées pour demeurer sages en permanence. J’étais assez bruyante, exubérante étant petite. J’avais un esprit critique. De nombreuses fois nous avons été giflées pour avoir parlé quand ce n’était pas à notre tour. Aujourd’hui, je suis sourde. Je peux attribuer cela au fait d’avoir été frappée sur les oreilles par l’un des responsables de l’école. Vraiment, ce n’est pas un mensonge. Je n’ai jamais rien fait à ce sujet. Et maintenant, en résultat, je suis sourde. »

P. 80 : « Beaucoup de membres de notre peuple ont du potentiel, mais ils ont été plus ou moins ridiculisés et leurs esprits n’ont pas été autorisés à s’épanouir. C’est là qu’ils en sont aujourd’hui. C’est pourquoi il y a tant d’alcoolisme. Les gens n’ont pas la force intérieure. »

P. 81 : « Cette manière d’acquérir des connaissances a été transmise sans interruptions dans la tradition orale, des esprits aux anciens et des anciens aux jeunes à travers les enseignements spirituels. Le processus de la transmission cognitive révèle un autre aspect important du savoir autochtone : sa transmission est intime et orale, elle n’est pas distante ou écrite. »

P. 84 : « La sélection des matériaux utilisés pour la teinture était régie dans une large mesure par l’endroit où le travail devait se faire, bien que, parfois, de longs voyages aient du être mis en œuvre pour se procurer des ingrédients de choix nécessaires à la fabrication des teintures. »

« Pour produire la superbe couleur jaune, ils emploient une mousse couleur jaune-citron originaire des Montagnes Rocheuses, qui pousse dans les sapins… Une certaine racine fournit un superbe rouge. Avec elles, ils teintent les piquants de porc-épic et les pointes des plumes, avec lesquels ils brodent de manière très soignée. »

« Pour colorer en noir, ils utilisent une pierre de couleur chocolatée, qu’ils brûlent et réduisent en poudre fine, puis ils versent le tout dans un pot, avec de l’écorce de noisetier. »

P. 91 : « Question : quelqu’un vient juste de m’apporter un porc-épic tué sur la route et enlever les piquants prend des heures ! Avez-vous une façon plus rapide de les retirer ? Réponse : malheureusement non. Retirer les piquants d’un porc-épic est au mieux ennuyeux, mais c’est la seule manière d’obtenir les matériaux dont vous avez besoin, à moins que vous ne trouviez une filière commerciale fournissant des piquants de la bonne taille. Si vous n’avez vraiment que peu de temps, et qu’on arrive au milieu de l’été, votre porc-épic commençant à sentir mauvais, essayez de lui enlever la peau, roulez-la, et mettez-la au congélateur jusqu’au moment où vous aurez le temps de vous en occuper. Autrement, vous pouvez mettre au friseur toute la carcasse, mais cela prend beaucoup de place. J’ai essayé d’enlever la peau d’un porc-épic, puis de la saler et sècher pour un usage futur. Mais j’ai trouvé qu’avec cette méthode j’avais des problèmes pour réhumidifier la peau après si longtemps et extraire les piquants sans les abîmer. En fait, on doit tellement remouiller la peau et si longtemps que les piquants en deviennent trop mous pour les extraire. La meilleure méthode que j’ai trouvée jusqu’à présent quand je suis pressée, est de retirer les piquants avec les poils, les mettre dans une poêle bien plate ou un tamis, toutes disposées dans la même direction. Ensuite, je peux retourner à mes loisirs et séparer les piquants des poils sans avoir à me soucier de la carcasse pourrissante. »

P. 91-92 : « Question : mes piquants n’acceptent pas les teintures que j’utilise. Ils ne cessent de ressortir pâles et tâchés. Qu’est-ce que je fais de travers ? Réponse : des piquants bien préparés tolèrent habituellement bien les teintures commerciales (comme RIT). Vous ne devez pas avoir retiré la couche grasse à l’extérieur des piquants quand vous les avez lavés. Essayez de faire tremper vos piquants dans une solution d’eau et de liquide vaisselle, chaude mais pas bouillante (je trouve que DAWN marche le mieux pour moi, mais n’importe quelle marque fera l’affaire). Laissez-les tremper en remuant fréquemment, entre 10 minutes et une demi-heure. Peut-être aussi que vous aviez un porc-épic un peu vieux dont les piquants étaient tout huileux, mais sinon cela devrait marcher. Assurez-vous bien que le bain de teinture est très chaud, mais pas bouillant, quand vous les teintez. Certaines teintures commerciales mettent plus de temps à donner la bonne couleur. Les rouges par exemple, mettent du temps à prendre. Le bleu et le jaune au contraire semblent pénétrer instantanément. Les teintures naturelles sont encore une autre histoire, et je suis toujours moi-même en recherche. Cela peut être très frustrant d’obtenir une maginfique couleur à partir de plantes et que les piquants ne la prennent pas, mais cela semble commun avec les teintures naturelles. L’addition de mordants comme de l’alun ou du sucre peut aider. Laisser les piquants dans leur solution de teinture, au chaud, pendant plusieurs jours, a donné aussi pour moi de bons résultats. N’ayez pas peur d’expérimenter. »

Alun : (lat alumen) il s’agit de sulfate double de potassium et d’aluminium, qui a des propriétés astringentes, servant à fixer les teintures et à clarifier les eaux.

P. 106 : « L’utilisation d’outils en métal, plus durables, mais moins sacrés, a eu pour conséquences d’accentuer encore le statut des travailleurs de peaux et de leurs familles, tout en empêchant les puissants motifs brodés en piquants de quitter la famille et la communauté. »

P. 126: « Mais qu’en est-il de nos propres théories de l’art, de nos propres philosophies de vie, de nos propres objets de représentation ? En réduisant notre expression culturelle à la simple question du modernisme ou du postmodernisme, art ou anthropologie, ou encore de savoir si nous sommes contemporains ou traditionnels, nous sommes placés en marge de la culture dominante, tandis que la culture dominante détermine si nous sommes ou non autorisés à rentrer dans son domaine de l’art. »

P. 171: « Toutes les créatures, esprits, objets et phénomènes possédant de l’hopini, ou un inexplicable pouvoir, sont appelés mahopini, et sont ainsi personnifiés et déifiés. Tous les animaux et oiseaux, même les objets inanimés, sont hopini, et peuvent transférer leur pouvoir d’esprit aux hommes. »

P. 180 : « Toutes les anciennes histoires que je connais m’ont été racontées par mon père, il m’a conté de nombreuses histoires. Il disait aussi que, dans le futur, on aurait besoin des histoires, que les gens les utiliseraient. »

« Les histoires ne sont pas que du divertissement. Les histoires ont du pouvoir. Elles reflètent les perceptions les plus profondes et intimes, les liens humains, et les attitudes d’un peuple. Les histoires montrent comment un peuple, une culture pense. »

P. 184 : « Pourquoi le porc-épic a des piquants… »

« Il y a longtemps, quand le monde était encore jeune, le porc-épic n’avait pas de piquants.

Un jour, alors que Porc-épic était dans les bois, Ours vint et voulut le manger, mais Porc-épic grimpa en haut d’un arbre et fut sauvé. Le jour suivant, alors que Porc-épic était sous une aubépine, il remarqua combien les épines le piquaient. Il eut une idée. Il cassa quelques branches de l’aubépine et les mit sur son dos. Ensuite, il alla dans les bois et attendit Ours. Quand Ours sauta sur Porc-épic, le petit animal s’enroula simplement sur lui-même comme une balle. Ours dût s’en aller car les épines le piquaient beaucoup.

Nanabozho vit ce qui s’était passé. Il appela Porc-épic à lui et demanda : « Comment connaissais-tu ce truc ? » « Je suis toujours en danger quand Ours arrive. » répondit Porc-épic.

« Quand j’ai vu ces épines, j’ai pensé que j’allais m’en servir. »

Alors Nanabozho prit quelques branches de l’aubépine et éplucha l’écorce jusqu’à ce qu’elles soient blanches. Ensuite il mit un peu d’argile sur le dos de Porc-épic, enfonça les piquants dedans, et fit du tout une partie de sa peau. « Maintenant, va dans les bois », dit Nanabozho.

Porc-épic obéit, et Nanabozho se cacha derrière un arbre.

Bientôt Loup arriva. Il sauta sur Porc-épic puis s’enfuit, en hurlant. Ours vint, mais il ne s’approcha pas de Porc-épic. Il était effrayé par ces épines.

C’est pourquoi aujourd’hui tous les porcs-épics ont des piquants. »

P. 189 : « Medicine Boy »

« La vieille femme, Pimosais, Petite Mouche, était assise devant son tipi auprès d’un feu de camp, en train de coudre un vêtement, quand sa petite-fille vint la rejoindre. La jeune fille était toujours fascinée par sa grand-mère, car il semblait y avoir quelque chose de mystérieux à son sujet. Elle avait le plus beau tipi peint du camp, et les motifs sur celui-ci étaient uniques. Ses vêtements étaient toujours bien faits et décorés avec le même genre de figures inhabituelles.

La jeune fille avait entendu dire que sa grand-mère avait eu un jour une expérience étrange et elle voulait savoir de quoi il s’agissait. Un jour, elle décida qu’elle allait lui demander. Alors qu’elle s’asseyait et se mettait à l’aise, la jeune fille dit : « Kokoom, je sais que tu as eu une aventure dans ta vie dont tu ne parles à personne. Mais étant ta petite fille et étant assez âgée pour comprendre, voudrais-tu me raconter cette histoire ? »

« Tapway, nonesim, oui, ma petite fille ; Je crois que tu es assez grande pour comprendre, et je sais que tu respecteras ce que je te dis, et le transmettras seulement à tes petits-enfants. 

Il y a longtemps, quand j’étais une jeune fille comme toi, j’étais petite pour mon âge et je bougeais si vite, qu’ils m’appelèrent Little Flyer. J’étais promise en mariage à un beau jeune homme, Ka-ki-she-wait, Forte Voix.

Mais je ne voulais pas me marier de suite, donc j’avais pour habitude d’aller dans la forêt pour réfléchir à cela. Un jour, j’étais assise sur une souche, perdue dans mes pensées, quand j’entendis une branche craquer. Regardant derrière moi, je vis le plus beau jeune homme que j’aie jamais vu. Il n’était pas très grand, environ ma taille. Il avait l’air si droit et si fort que je le fixais simplement, sans voix. Il dit : « N’aies pas peur. Je t’observe depuis plusieurs jours et j’ai remarqué que tu as quelque chose qui pèse fortement sur ton esprit. »

J’étais tellement surprise que je ne pipais mot. Alors il dit : « Je pense que tu es une très belle jeune fille, et j’aimerais te voir souvent. Pourrais-tu revenir ici ? » Je hochais simplement la tête en signe d’assentiment et courus jusqu’au camp.

Ma mère était toujours occupée à coudre des vêtements, comme elle avait de nombreux garçons et filles, et je l’aidais. J’avais l’habitude de me dépêcher avec mon travail afin de finir tôt pour pouvoir aller dans la forêt et rejoindre mon bel ami. Chaque jour il était là à m’attendre. Nous parlions des oiseaux, des animaux et des voies mystérieuses de la nature. Il en savait tellement à leur propos. Il portait toujours un petit sac en peau avec des herbes à l’intérieur. J’étais curieuse à son propos. Son pouvoir d’attraction était même plus profond que son apparence. Il ne parlait jamais de lui-même, si ce n’est qu’il était Medicine Boy, ramassant des herbes pour sa tribu. Mais je ressentais qu’il n’appartenait à aucun camp indien.

Un jour que Forte Voix (Loud Voice) me vit sortir de la forêt, il dit : « Que faisais-tu ici ? Tu as l’air si heureuse, je crois que tu as rencontré quelqu’un, et je vais trouver qui. » J’avais peur de sortir pendant plusieurs jours, comme je savais que Loud Voice allait surveiller mes mouvements. Je m’assurais qu’il était parti chasser pour la journée avant de retourner dans la forêt. Medicine Boy m’attendait comme d’habitude et dit : « Je me suis inquiété pour toi Little Flyer ; As-tu été malade ? » « Non », répondis-je. « Je prenais seulement mes précautions car Loud Voice est suspicieux. Il dit qu’il va t’attraper et te faire du mal, et je ne veux pas que tu aies mal. » Il dit : « Ne t’inquiètes pas à mon sujet, il ne m’attrapera jamais. » Loud Voice avait été distingué pour sa compétence à la chasse, mais il semblait que sa chance avait changé car il ne pouvait pas tuer un seul gibier à ramener au camp. Un jour, il vint me voir et dit qu’il allait rapporter beaucoup de viande. Alors il s’en alla chasser et vit un daim. Il commença à ramper plus près pour pouvoir essayer de tirer un bon coup de fusil, quand un petit homme surgit en courant de la falaise et fit peur au daim. Cela arriva encore et encore toute la journée. A chaque fois qu’il avait une bonne chance de tuer quelque chose, l’animal était effrayé. Il suspectait le petit homme de le suivre, juste pour l’empêcher de tuer quoi que ce soit.

Alors Loud Voice décida d’essayer de pêcher. Juste au moment où son filet était plein de poissons, il renversa son canoë, tomba dans l’eau, et tout le poisson fut perdu. Alors il vit le même petit homme nager sous le canoë. Ainsi il comprit qu’il était victime d’un tour joué par un May-may-que-she-wuk, le petit peuple.

Pendant cette période, à chaque fois que je vis Medicine Boy, il me posait des questions au sujet de Loud Voice et de sa chasse ; je lui disais ce qu’il s’était passé et il riait. Cela semblait étrange qu’il sût toujours quand et où Loud Voice allait aller chasser ou pêcher.

Cependant, je l’aimais et je ne voulais rien laisser gâcher de ma relation avec Medicine Boy, donc je riais simplement avec lui. J’avais l’habitude de demander : « Medicine Boy, d’où viens-tu ? » Il répondait : « Plutôt loin d’ici ». « A quelle tribu appartiens-tu ? » « c’est une tribu dont tu n’as jamais entendu parler. » Cela ne me rendait qu’encore plus curieuse, donc je décidais que j’allais le suivre et voir par moi-même.

J’attendis chaque jour une occasion d’éviter qu’on remarque mon absence au camp. Mon opportunité vint à un moment durant la saison des baies, quand toutes les femmes et les enfants allaient dehors collecter des baies pendant que les hommes partaient chasser.

Je fis semblant d’être malade, donc ils me laissèrent et me dirent de préparer le repas du soir si je me sentais mieux d’ici là.

Aussitôt qu’ils furent partis, j’allais dans la forêt et Medicine Boy était là, m’attendant.

Il dit : « Comment vas-tu Little Flyer ? J’ai une étrange sensation à propos de ce matin, on dirait que quelque chose pèse lourdement sur ton esprit. Puis-je t’aider ? »

« Non, je vais bien. » Répondis-je : « Seulement je me fais du souci à notre sujet ; peut-être qu’un jour nous serons pris. Penses-tu que nous devrions changer notre lieu de rendez-vous ? » « J’ai moi-même pensé à cela. Je connais un autre endroit qui n’est pas loin de ton camp, seulement c’est dans une autre direction. Viens et suis-moi. »

Nous coupâmes par la forêt et arrivâmes sur une grande place en terre, où il y avait un large trou de bison avec de la broussaille basse poussant tout autour. Nous pouvions scruter le paysage à travers la broussaille et voir sur une bonne distance autour de nous.

Le sol de l’endroit était bien damé à l’intérieur, comme si Medicine Boy l’avait utilisé comme cachette. Nous nous assîmes sur des rochers proches de l’entrée et nous parlâmes pendant un bon moment, puis il s’en alla. J’attendis jusqu’à ce qu’il ne soit presque plus à portée de vue, puis je me levais et le suivis. Il s’arrêtait pour prendre quelques feuilles dans les feuillages et n’arrêtait pas de regarder derrière lui. Je pense qu’il sentait que quelqu’un le suivait.

Il continua, mais il semblait que cela lui prenait longtemps pour arriver à sa destination. Je regardais de plus près jusqu’à ce que finalement je voie de tous petits hommes et femmes arriver pour le rencontrer. Il leur ressemblait, sauf qu’il était un petit peu plus grand de stature. Ils étaient vêtus d’habits en peau de daim, et les femmes avaient sur leurs robes les plus beaux motifs. Je n’avais jamais vu un tel ouvrage auparavant.

Ils utilisaient des piquants de porc-épic pour broder, et les couleurs brillaient. Je détaillais avec application les motifs, pensant que peut-être je pouvais m’en souvenir et les utiliser sur mes propres robes.

Tout cela fut une vision surprenante pour moi, mais c’était occulté par la choquante vérité que mon bien-aimé était un May-may-quaish. Je rentrais à la maison en me sentant triste, car je savais que je ne pourrais jamais épouser mon beau Medicine Boy.

Quand je fus revenue au camp, j’essayais de me souvenir des motifs sur les robes des petites femmes. Je sortis le matériel et j’essayais de les copier, mais ma main ne cessait de prendre des crampes. J’essayais et essayais encore, mais pour rien.

Quand je suis allée voir mon bel ami la fois suivante, il attendait comme d’habitude. Il dit : « Tu sais qui je suis, n’est-ce-pas ? » « Oui, j’ai vu ton peuple et les femmes qui ont de si belles robes. J’ai essayé de copier ce travail sur une robe pour moi, mais mes mains n’arrêtaient pas de prendre des crampes. »

« Ma belle Little Flyer, tu ne peux pas copier leurs motifs, mais tu seras toujours une excellente réalisatrice de motifs et tes robes et tipis auront toujours des motifs fascinants. Parce que je suis un très grand May-may-quaish, j’ai été désigné pour aller à l’extérieur, et ramasser des herbes pour soigner mon peuple, car ils pensaient que je n’attirerais pas trop l’attention. Mais, maintenant, je regretterai toujours d’être venu près de ton camp. Va et maries-toi avec Loud Voice. Je suis désolé de lui avoir joué des tours pour le diminuer à tes yeux, car c’est un homme bon et un bon chasseur. Tu seras heureuse avec lui. Je savais que tu m’avais suivi et je t’ai laissé faire, car je savais que nous devrions mettre un terme à notre amitié un jour. C’est un adieu, ma Little Flyer. »

P. 204 : « Pendant des jours elle travailla à faire deux paires de moccasins d’homme; une paire de jambières de femme avec leurs mocassins; une chemise courte brodée de piquants, depuis les épaules jusqu’aux côtés du buste, et aussi des épaules aux mains, et des pendeloques de motifs aux piquants depuis chaque bras ; une chemise avec des attaches de cheveux, ornée de rosaces sur la poitrine et dans le dos, avec également des pendeloques de scalps à chaque bras ; une robe en peau de bison, bien brodée ; une robe de bison appelée robe « image » ou « ombre » (cette robe est difficile à réaliser, car il y a beaucoup de motifs) ;

une robe en bison appelée robe au motif d’aigle (c’est également une robe bien ornementée avec des images d’aigle aux quatre coins), et une robe en bison appelée « robe une centaine » (celle-ci est également très joliment décorée avec des lignes parallèles d’un bout à l’autre). »

P. 218 : « Les filles à la puberté étaient recluses et il leur était demandé de passer quatre jours à pratiquer le travail aux piquants comme le tannage des peaux, afin de s’assurer qu’elles deviennent des femmes industrieuses. »

P. 220 : « Les esprits qui prennent possession du corps d’une fille quand elle devient une femme pressent le sang hors de son corps ce qui cause le flux menstruel. A chaque lune ils reviennent tant qu’elle ne sera pas enceinte, moment où ils sont satisfaits et la laissent en paix, sauf Anog Ite qui peut encore la tourmenter avec des douleurs. »

P. 223 : « Si vous êtes une femme économe, votre mari va se battre pour vous apporter les meilleurs des matériaux pour votre tente et vos vêtements, ainsi que les meilleurs outils. Si vous avez une habitation agréable, hommes et femmes vont vouloir y entrer. Ils seront ravis de parler avec vous et votre mari. Si vous persistez à demeurer dans votre ignorance et à ne pas apprendre ce que toute femme devrait savoir faire, vous devrez demander à d’autres de couper et tailler vos mocassins à votre taille. Vous irez de mal en pis, vous perdrez votre peuple, irez dans une tribu étrangère, aurez des ennuis et mourrez sans amis. »

P. 225 : « La tenue d’un compte de broderies d’une femme est devenue la base de son statut social, tout comme l’était le compte des coups d’un homme. Mon oncle Sage m’a donné une ceinture de femme pour mon industrie dans la prépation des peaux. Elle était large comme trois de mes doigts, et couverte de perles bleues. Une extrémité était longue pour pendre devant moi. Seules les filles très productives se voyaient remettre une telle ceinture. On ne peut pas en acheter ou en fabriquer une. Porter une telle ceinture était un honneur. J’étais fière de la mienne comme un chef de guerre aurait pu l’être de son premier scalp. »

P. 226 : « Une marque d’honneur va à celle qui montre la plus grande industrie, celle qui est une grande travailleuse et qui finit des centaines de peaux pour les robes ou les tentes. Mahidiweash avait ce genre d’insigne offert par son oncle Sage. Cette décoration d’honneur était une ceinture de femme, une ma-ipsu-haashe, et elle ne pouvait être acquise que par un don, une récompense pour une artisane talentueuse. »

P. 234 : « Oui, les femmes avaient l’habitude de rêver de ça (la broderie aux piquants), les femmes rêvaient de ça. C’est comme ça que cette femme, ce porc-épic, comme je l’appelle, vous savez, a appris à une femme ; le porc-épic lui a donné ça, ce genre de couture, comment faire de jolies choses avec des piquants, c’est ce que j’ai entendu dire. Cette femme avait simplement rêvé de cela, elle avait fait un rêve au sujet du porc-épic, comme si, vous savez, il lui avait donné ce genre de technique, c’était comme si le porc-épic l’avait instruite dans son sommeil. »

P. 239 : « Les deux femmes sont de caractères opposés. L’une est très travailleuse, nette, vertueuse, l’autre est oisive, extravagante et se prostitue. Dans la vision les paires sont perçues comme venant d’une loge, à laquelle se raccordent deux routes. Une route mène à la vertu et à l’industrie, l’autre en sens inverse. Les femmes parlent comme une seule et disent : « de quel côté dois-je aller ? ». Il semble que le rêveur les mène à faire un choix, ou le fait pour elles. Finalement, elles arrivent au bout de la route. C’est alors qu’elles donnent des conseils selon la voie choisie. Ce conseil « fait » le visionnaire. Si la route choisie est celle de la vertu, la rêveuse se voit promettre une grande habileté dans l’art de l’aiguille et sera aussi une femme sacrée. »

« Il arrivait qu’une femme rêve de la Femme Double et qu’elle lui apprenne des chants. Une telle femme vivait là autrefois. Elle pouvait traviller en piquants ou en perles un côté d’une paire de mocassins, le placer contre l’autre encore nu, s’asseoir dessus, chanter le chant, et la paire complète était faite. Ou il arrivait même qu’elle pose juste les piquants sur les mocassins, qu’elle s’asseye, chante le chant, et ils étaient finis, quel que soit le motif. Mais cette femme a subi une mort terrible à cause de sa vie dans le péché, du côté du mal, et pendant qu’elle mourait, elle cria et pleura. »

P. 246 : « Le pouvoir des femmes était généralement associé à des questions domestiques, tandis que celui des hommes concernait les dangers de la vie hors du cercle du camp. Les rêveuses de la Femme Double comme la société des médecines féminines semblent avoir représenté l’unique contribution féminine à une domaine culturel généralement contrôlé par les hommes. L’explication pourrait être que toutes ces femmes étaient des rêveuses de la Femme Double, masculines dans leur comportement en raison de leur rêve. »

P. 258 : « Les couleurs identifiées dans leurs arts étaient le rouge, le bleu, le vert, le jaune, le noir et le blanc. Chacune d’entre elles était symbolique : rouge pour le chef de leurs dieux, le Soleil, et toutes les choses considérées comme sacrées dans leurs traditions ; bleu pour le plus puissant de leurs dieux, le Ciel ; vert pour le plus généreux de leurs dieux, la Terre ; et jaune pour le plus créatif et destructeur de leurs dieux, le Rocher. Le noir et le blanc symbolisaient les passions humaines, noir pour la colère, le chagrin et la détermination, blanc pour le plaisir. »

P. 259 : « Les couleurs ont souvent des significations symboliques, dans l’art comme dans la guerre et la religion. Chez les Dakota, le rouge suggérait le soleil couchant ou le tonnerre ; le jaune, l’aube, les nuages ou la terre ; le bleu, le ciel, les nuages, la nuit ou le jour ; le noir, la nuit, le vert, l’été. Le noir annonçait la victoire chez les Crow, les Arapaho et probablement d’autres tribus. Les Arapaho employaient le rouge pour signifier le sang, l’homme, la peinture, la terre, le soleil couchant ou les rochers ; le jaune pour la lumière du soleil ou la terre, le vert pour la végétation ; le bleu pour le ciel, la brume, la fumée, les montagnes lointaines, les rochers et la nuit. Le blanc formait le fonds habituel, mais parfois signifiait également la neige, le sable, la terre ou l’eau. Les Crow utilisaient de la peinture rouge pour représenter la longévité et la possession, elle figurait essentiellement dans l’Organisation du Tabac. De l’argile blanche était utilisée pour des ablutions devant produire des visions, notamment du futur. »

P. 268 : « Les oeuvres figuratives étaient généralement réalisées par les hommes. Des dessins réealistes de chevaux, bisons, hommes en train de danser, étaient peints sur les tipis, boucliers et robes. Si, comme cela se produisait souvent, une femme désirait utiliser un dessin figuratif dans son perlage, elle demandait à un homme de son entourage de faire un croquis pour elle, et suivait ce croquis dans son ouvrage. »

P. 277-78 : « Personne si ce n’est les guerriers n’avait le droit d’orner sa coiffe de plumes d’aigle, avec leurs pointes noires. La façon dont on les utilisait était sujette à conventions, concernant le nombre de plumes qui pouvaient être attachées, et seuls des guerriers de grande renommée étaient autorisés à porter une coiffe ainsi ornementée, avec des pendentifs en plumes. Ce type de coiffe était appelé coiffe de guerre. Une plume d’aigle attachée à une coiffe de guerre indiquait que son porteur avait eu une vie droite, sur le modèle éthique sioux. Le pendentif d’une coiffe de guerre pouvait être agrémenté avec des crins de la queue d’un cheval, car cet animal est symbole de témérité, c’est un akicita, un allié du dieu destructeur. »

P. 278 : « Comme dans la plupart des peuples tribaux, il y avait une division bien définie de l’artisanat selon les sexes. Les femmes préparaient les peaux et fabriquaient les vêtements, les toiles de tipi et les sacs en peau brute. Elles s’occupaient de tout le travail en perles et en piquants, de la broderie en soie et de la peinture géométrique conventionnelle. D’autre part, les hommes produisaient l’équipement pour la chasse, la guerre et les activités cérémonielles. Ils sculptaient les bols en bois, les cuillères en corne et les fourneaux de pipe, ils peignaient les dessins réalistes et symboliques sur les toiles de tipi, les robes et les boucliers. »

P. 279 : « La conception euro-américaine de l’art comme produit d’un individu unique et talentueux, presque toujours masculin, et presque toujours produit d’une « souffrance », a vraiment biaisé la présentation des informations et le mode de collection des arts et artisanats produits par les Amérindiens. Nous avons échoué à reconnaître que les œuvres d’art peuvent être faites et décorées par une personne pour l’usage d’une autre, ou que plusieurs individus peuvent travailler ensemble sur un même objet. »

« Les hommes esquissaient des dessins sur leurs toiles de tentes. Ils représentaient symboliquement leurs visions, c’étaient ainsi plus que de la décoration, puisque ces formes impliquaient une invocation au nom de la famille. L’épouse ou les enfants pouvaient assister dans la pose des couleurs. »

P. 280 : « Dans la période avant les réserves, une femme était jugée sur le nombre et la qualité des peaux qu’elle avait préparées, des paniers qu’elle avait tressés, ou des poteries modelées, et sa renommée pour de tels accomplissements pouvait voyager loin. Quand par chance vous rencontriez une femme qui avait su se distinguer, la bienséance voulait que vous adressiez ainsi à elle, de façon à révéler votre connaissance de sa réputation : « Grand-mère, nous sommes heureux de contempler celle dont les mains furent toujours occupées à préparer les peaux les plus fines. » »

P. 281 : « Les mythes parlent également du rôle des femmes en tant qu’intermédiaires primordiaux entre les hommes et les Pouvoirs. Les quatre plus importantes cérémonies blackfoot furent obtenues par les femmes. On raconte que le paquet sacré natoa (pour la danse du soleil) trouve son origine dans une dispute entre deux élans mâles et une femelle. [..] les femmes sont reconnues comme intermédiaires entre les hommes et le Pouvoir dans les rites blackfoot les plus importants. Les contenus des sacs médecine doivent être décachetés par les femmes qui, ensuite tendent les objets saints aux hommes qui dirigent les prières. Les femmes ont également la responsabilité quotidienne du soin à porter aux sacs médecine. »

P. 282 : « L’ajout de broderies aux piquants donne des pouvoirs spéciaux à une robe ou à des mocassins, liés au symbolisme des formes et des couleurs incorporées au motif. De tels objets accordaient à leurs porteurs des vertus et protections surnaturelles. »

« Les dessus des mocassins d’hommes et de femmes étaient habituellement peints, et parfois également les semelles des femmes célibataires. Les motifs étaient mnémoniques, souvent comme des mascottes, ou ils pouvaient être de même nature qu’un talisman, avec des potentialités magiques »

P. 283 : « Quand les femmes interprétaient des figures géométriques, elles exprimaient naturellement des intérêts d’un autre ordre. Par exemple, les Dakota croyaient que la tortue présidait aux fonctions physiologiques féminines, ce reptile jouant alors un rôle évident dans la pensée féminine. Parfois, une femme pourrait en fait commencer à fabriquer une amulette avec l’idée de faire une représentation relativement réaliste de la tortue, et de tels efforts pourraient être considérés à l’identique des peintures faites par les hommes de leurs victoires de guerre. Mais, plus communément, elle utiliserait les figures les plus diverses –la forme en U sur une robe, des diamants avec des appendices en forme de dents sur des jambières, une composition de triangles sur une boite en peau brute- pour symboliser la tortue ou son buste. »

P. 286 : « En reconnaissant de tels objets comme de tangibles indicateurs de croyances et de valeurs, et donc, d’une vision du monde, l’analyse de l’imbrication de leur structure métaphorique et de leur signification symbolique permet d’étendre leur intérêt référentiel au-delà de la fonction expressive, vers une niveau de signification plus profond et plus étendu. »

P. 287 : « Ainsi, quand un homme avait besoin d’apposer du travail aux piquants sur un objet rituel, il était forcé d’aller voir une femme pour cela, soit sa femme soit un autre membre d’une société de broderie. Il devait alors agir de façon appropriée pour voir sa requête acceptée. Cela avait pour effet de donner un certain contrôle aux femmes sur son comportement, afin qu’il leur convienne. Cela donnait aux femmes une sorte de pouvoir politique sous couvert, qui n’avait pas besoin d’être reconnu. »

P. 288-89 : « L’expression artistique devait dans un tel contexte répondre à deux impératifs contradictoires ; on devait donner une forme visuelle concrète à l’expérience visionnaire afin de retenir la bénédiction de l’esprit gardien, mais la vision devait, dans le même temps, être gardée privée sous peine de perdre son pouvoir. L’ambiguïté dans l’imagerie visuelle était alors nécessaire et désirable. De plus, l’imagerie ambiguë pouvait exprimer la capacité des esprits à transformer leur apparence, ce qui est un aspect fondamental des croyances dans les Grands Lacs. Les conventions iconographiques exprimaient en même temps cette croyance en la transformation et l’ambiguité visuelle résultant dans la croyance en une image retranscrivant une expérience spécifique. »

P. 291 : « Outre la mise en actes, la façon la plus signifiante de communiquer l’expérience visionnaire, selon l’ethnographie, implique l’utilisation d’images issues de visions et la fabrication d’un éventail très large d’objets. […] Le rêveur expérimente généralement l’imagerie visuelle d’une manière très vivante et explicite. Cette imagerie est alors transformée en objets ou recréée dans des formes visuelles symbolisant la présence du pouvoir de la vision. Parce que les contenus d’une vision sont très variables, les images explicites adoptées par le rêveur le sont également. Les potentielles associations sémiotiques de telles images sont excessivement riches et multifaces. »

P. 292 : « Le pouvoir d’une vision est fréquemment envisagé comme résidant dans le corps du rêveur, il n’est pas seulement identifié à travers ses images et ses objets. Les objets utilisés pour évoquer le pouvoir ont une raison instrumentale, ils offrent un lien symbolique externe avec le pouvoir implicite, et deviennent dépositaires de ce pouvoir, tout particulièrement durant son usage. L’objet lui-même n’est pas la source exclusive de pouvoir, mais seulement un moyen par lequel le pouvoir peut être utilisé et se manifester. Les objets étaient périssables, sujets au vol par des ennnemis, capables d’être perdus ou détruits. »

P. 312 : « L’image devient une métonymie exprimant la structure partagée du discours religieux. C’est une synthèse immédiate et un condensé d’un éventail complet d’expériences visionnaires et d’idées mythiques, qui ont une longue et complexe histoire. Les images incorporent en elles d’autres images pour créer une symbolique des formes complexe, chacune d’entre elles reflétant interactivement les dimensions non verbales de l’expérience religieuse. »

P. 320 : « Pour les Cree le monde est plein de lignes, des lignes de matières comme les cheveux, tendon, fils et bandes de peau, transformés en collets, filets de transport, ceintures, cordes d’arc et franges, et les lignes des pistes, des pistes de chasse, des horizons de vision, des lignages, des rivières et des mythologies. Tout est en fait lignes de vie, de protection, d’approvisionnement et de connexion. »

P. 328 : « L’expression artistique devait dans un tel contexte répondre à deux impératifs contradictoires; on devait donner une forme visuelle concrète à l’expérience visionnaire afin de retenir la bénédiction de l’esprit gardien, mais la vision devait, dans le même temps, être gardée privée sous peine de perdre son pouvoir. L’ambiguïté dans l’imagerie visuelle était alors nécessaire et désirable. De plus, l’imagerie ambiguë pouvait exprimer la capacité des esprits à transformer leur apparence, ce qui est un aspect fondamental des croyances dans les Grands Lacs. Les conventions iconographiques exprimaient en même temps cette croyance en la transformation, et l’ambiguïté visuelle résultant dans la croyance en une image retranscrivant une expérience spécifique. »

P. 339 : « L’étoile à quatre branches est utilisée par les tribus de toutes les Plaines centrales et est souvent appelée Etoile du Matin par les Cheyenne et les Arapaho. Le dessin aux quatre coins, sur le sommet de la capuche, est une variation de la toile d’araignée. D’après l’observation faite que la toile d’araignée ne peut être détruite par des balles ou des flèches qui, au mieux, passent à travers elle et laissent un trou, les Oglala ont associé la toile avec un grand pouvoir, celui de protèger les gens. Elle représente également les cieux, les quatre points pour les quatre directions, la demeure des vents et des éclairs. L’éclair était considéré comme un ami de l’araignée et, ainsi, le symbole de la toile d’araignée aidait à protèger son porteur contre les dangers du tonnerre. Les lignes émanant des quatre coins sont des symboles d’éclairs. »