1.2.2 L’enquête sur l’utilisation des stratégies des apprenants

Cette enquête s’est déroulée à la fin de la première séance sous forme de questionnaire concernant les expériences des apprenants en compréhension orale lors de leur apprentissage du français ou de l’anglais.

Etant donné que les stratégies dans les trois étapes d’écoute citées dans la partie précédente contiennent des terminologies qui sont abstraites et donc difficiles à comprendre clairement pour les apprenants ne possédant encore aucune connaissance là-dessus, nous leur avons proposé un formulaire (les deux colonnes à gauche) conçu par les chercheurs (Vee Harris et al. 2002 : 227) qui rend les stratégies des trois étapes d’écoute plus abordables pour eux. Nous l’avons un peu modifié pour qu’il puisse mieux s’adapter à notre public-cible. L’enseignant ne leur a pas parlé du mot « stratégie » mais seulement leur a demandé de « cocher les cases qui correspondent à vos façons et habitudes d’écoute ».

Les deux colonnes à droite n’appartiennent pas au formulaire, nous les ajoutons ici afin d’établir un lien entre les stratégies déjà mentionnées et ce formulaire ainsi que de faciliter notre analyse après.

(Tableau 4 : le formulaire des stratégies)
Case à cocher Avant l’écoute Nom des catégories de stratégies Taux d’utilisation
  J’ai vérifié que j’avais bien compris les consignes.
  J’ai regardé attentivement les images et le titre afin de voir si cela me permettait de deviner de quoi il allait être question.
  J’ai essayé de songer à ce qui pourrait être dit dans ce genre de situation.
Anticipation
(faire des prédictions/hypothèses)
20/26
10/26
3/26
  J’ai essayé de me remémorer autant de mots que possible en rapport avec le sujet. Activer les connaissances antérieures
8/26
  J’ai précisé mon intention d’écoute Attention sélective 6/26
  Pendant l’écoute    
  J’ai identifié le type de texte (conversation, publicité, informations, etc.) Identification 8/26
  Je n’ai pas écouté mot par mot mais j’ai essayé de dégager les informations utiles en saisissant les mots-clé Tolérance des ambiguïtés  
  J’ai fait attention au ton employé et aux bruits de fond.
  Je me suis appuyé sur d’autres indices pour essayer de saisir le sens général du texte.
  Je me suis appuyé sur mes acquis expérientiels pour en déduire des hypothèses plausibles.
  J’ai essayé de repérer les indices grammaticaux (temps, pronom, etc.)
Inférence

6/26
5/26
5/26
14/26
  J’ai pris des notes lors de l’écoute Prise des notes 10/26
  Je ne me suis pas affolé lorsqu’il y avait quelque chose que je ne comprenais pas et j’ai continué à écouter.
  Je n’ai pas capitulé devant la difficulté et n’ai pas simplement essayé de deviner « à la sauvage ».
Contrôle des émotions
7/26
6/26
  J’ai essayé de voir s’il y avait des termes qui correspondent à certains mots en anglais que je connais. transfère 10/26
  J’ai essayé de retenir les sons difficiles et de les répéter. répétition 2/26
  J’ai essayé de décomposer le flot de paroles afin de repérer des mots que j’ai ensuite écrits pour voir s’ils correspondaient à ceux que je connaissais.   3/26
  Après l’écoute    
  Je suis revenu en arrière pour vérifier si mes hypothèses initiales étaient correctes ou sensées ou bien s’il fallait que je les réexamine. autoévaluation 5/26

Après avoir rassemblé les formulaires cochés par les apprenants à la fin de cette première séance, l’enseignant n’a pas abordé la question de « stratégie » qui leur « aurait fait peur ». Il leur a seulement expliqué que ce sont en fait de bonnes façons d’écoute qui ont un effet positif sur la compréhension orale et qu’il leur donnerait des exercices dans les quelques séances suivantes pour voir pourquoi ces façons peuvent fournir de l’aide lors d’écoute et pour savoir comment et quand les utiliser.

L’analyse des résultats de l’enquête :

Les stratégies métacognitives dans l’étape de préécoute et de celle dans l’étape de postécoute considérées très importantes pour la compréhension orale ont été peu utilisées par les apprenants et ils ont utilisé un nombre aussi limité de stratégies cognitives en étape d’écoute. Si on relie les résultats du test initial avec les résultats de cette enquête, on découvre que les apprenants qui ont de bonnes notes surtout les cinq premiers utilisent presque tous des stratégies métacognitives et socio-affectives ainsi que beaucoup plus de stratégies cognitives que les apprenants ayant des notes très basses. Cela veut dire qu’ils ont une meilleure conscience métacognitive et savent mieux planifier, gérer et évaluer leur compréhension orale. Ce qui a confirmé les résultats des recherches par les chercheurs sur les bons apprenants et nous a donné plus de confiance et motivation d’effectuer notre expérimentation.