2. Mémoire et affection dans la Correspondance

La Correspondance semble le lieu idéal pour nous faire connaître les souvenirs personnels de l’homme Cicéron, débarrassé des contraintes formelles des dialogues et des traités rhétoriques et philosophiques, libéré des obligations d’efficacité des discours politiques et judiciaires. Enfin, il peut se risquer à partager ses sentiments avec ses correspondants, à leur donner accès à sa mémoire individuelle avec une relative liberté. Relative, car ces lettres ne peuvent s’affranchir de tout rapport avec l’actualité et présentent encore un riche contenu politique 428 . Toutefois, c’est pour lui la meilleure occasion de s’exprimer en son nom propre, avec la plus grande sincérité possible.

L’évocation du souvenir, dans la correspondance cicéronienne, est souvent un moment d’épanchement lyrique, dans un cadre autobiographique. Elle traduit les sentiments de l’épistolier, de regret ou de satisfaction par rapport à une action passée. Ainsi, exilé à Thessalonique par la faute de Clodius, Marcus explique à Atticus le 29 mai 58, son désarroi et son impuissance, dans cette situation. Plus que son malheur présent, c’est le ressassement — recordatio — de son erreur qui le bouleverse :

‘… qui, etsi incredibili et singulari calamitate adflictus sum, tamen non tam est ex miseria quam ex culpae nostrae recordatione commotus. 429

Son erreur fut sa trop grande confiance dans la coalition d’hommes de bien qu’il pensait avoir soudés autour de lui et qui l’ont trahi, comme Hortensius. Le souvenir de cette naïveté le tourmente parce qu’il révèle à la fois une rupture affective entre lui et ses amis et une faille dans sa stratégie politique. Sa peine s’alourdit encore du souvenir des malheurs subis, ou encore risqués par son frère :

‘Me et meorum malorum memoria et metus de fratre in scribendo impedit. 430

Le motif du souvenir esquissé dans cette lettre exprime à un double titre la douleur de l’exilé : le regret d’un échec et d’une trahison et le traumatisme des pertes subies (dans sa patrie, ses biens, peut-être son frère…) 431 .

La memoria est un outil de l’expression du pathétique, dans l’apitoiement sur soi, mais aussi dans la compassion pour autrui. C’est ainsi que Cicéron en janvier ou février 45 recommande à Publius Servilius Isauricus, gouverneur d’Asie, le malheureux Caecina. Le souvenir de son père, un proche, a su l’émouvoir :

‘A. Caecinam, maxime proprium clientem familiae uestrae, non commendarem tibi, cum scirem qua fide in tuos, qua clementia in calamitosos soleres esse, nisi me et patris eius, quo sum familiarissime usus, memoria et huius fortuna ita moueret ut hominis omnibus mecum studiis officiisque coniunctissimi mouere debebat. 432

La memoria donne à voir une relation amicale ancienne et suscite la pitié de Cicéron. Ce mouvement d’affection doit évidemment toucher le destinataire à son tour, selon un principe rhétorique clairement énoncé par l’orateur Antoine dans le De oratore 433 . Cicéron adopte cette technique ; l’évocation de ses souvenirs traduit l’intimité avec le père de Caecina, l’amitié portée au fils, et offre à Isauricus une garantie de la qualité de ce dernier 434 .

Plus généralement, Cicéron fait appel à la mémoire de chacun à titre de consolation  pour réconforter une victime : plusieurs de ses correspondants sont ainsi invités à trouver dans leurs souvenirs un réconfort à leurs malheurs présents. Ce motif de la consolation rejoint une préoccupation observée dans les Tusculanes et le De finibus, la nature du bien, et donc, celle du mal. Cicéron reproche constamment aux épicuriens de chercher un réconfort dans la memoria uoluptatum, le souvenir des plaisirs passés, pour soulager leurs peines présentes. Il propose un autre remède : le souvenir des leçons des philosophes ; ainsi, la conception purement sensible des épicuriens doit faire place à la raison. Ainsi, entre autres conseils, Cicéron exhorte en mai 46 Cnaeus Domitius Ahenobarbus, qui s’est retiré désespéré après la mort de son père Lucius Domitius à Pharsale, à reprendre goût à la vie en appliquant les principes des philosophes — en l’occurrence le courage et la résignation face à la mort d’êtres chers —, qu’il a appris et retenus depuis l’adolescence :

‘… quae didicisti quaeque ab adulescentia pulcherrime a sapientissimis uiris tradita memoria et scientia comprehendisti iis hoc tempore utare… 435

Contre la memoria sensualiste d’Epicure, Cicéron propose une memoria rationnelle formée par les leçons des philosophes ; l’association des termes memoria et scientia confirme la place de la memoria dans ce processus de formation de l’esprit, de la raison.

De la même façon, il invite en août 46 Publius Nigidius Figulus, disgracié, à attendre patiemment le pardon de César, en se remémorant l’enseignement des sages — secondé par ses méditations personnelles, produit de l’ingenium et du studium — pour nourrir son courage :

‘Extremum illud est, ut te orem et obsecrem animo ut maximo sis nec ea solum memineris quae ab aliis magnis uiris accepisti, sed illa etiam quae ipse ingenio studioque peperisti 436

Conseil renouvelé à l’adresse de Servius Sulpicius Rufus, toujours en août (ou septembre) 46 : le souvenir des années passées à apprendre, à chercher la sagesse auprès des savants doit compenser son échec à sauver la République lorsqu’il était consul, en 51. Ce souvenir réconfortant, qui garantit la réussite philosophique de son existence, il doit le conserver, comme le fait Cicéron :

‘Te autem ab initio aetatis memoria teneo summe omnium doctrinarum studiosum fuisse omniaque quae a sapientissimis ad bene uiuendum tradita essent summo studio curaque didicisse. 437

Cicéron est contraint par des circonstances tragiques de rappeler ces préceptes ad bene uiuendum, enseignés par les sapientissimi uiri, jusqu’ici simplement évoqués ; en décembre 46, pour consoler Titius d’un deuil, il l’appelle à l’humilité, à minimiser l’étendue de son malheur par rapport aux malheurs d’autrui, le forçant à admettre le malheur comme un élément constitutif de la destinée humaine, donc à se résigner aux coups que celle-ci lui réserve :

‘Est autem consolatio … homines nos ut esse meminerimus ea lege natos ut omnibus telis fortunae proposita sit uita nostra, neque esse recusandum quo minus ea qua nati sumus condicione uiuamus neue tam grauiter eos casus feramus quos nullo consilio uitare possimus euentisque aliorum memoria repetendis nihil accidisse noui nobis cogitemus. 438

Voilà les enseignements dont le souvenir doit soulager l’humanité souffrante : prendre conscience de l’appartenance du malheureux à l’espèce humaine et par conséquent trouver un réconfort par la solidarité dans le malheur. La memoria agit ainsi, à travers les leçons qu’elle transmet, comme un révélateur de la communauté humaine. Cicéron peut alors prolonger ce précepte : certes, le souvenir de l’enseignement des philosophes est réconfortant, car il apprend au malheureux qu’il n’est pas seul et que la douleur est partagée équitablement entre les individus. Mais bien plus, la faillite de la République marque la ruine évidente de l’ensemble de la communauté humaine — le motif de la consolation, qui parcourt cette série de lettres de 46, est intimement lié à cette catastrophe — : voilà un réconfort supérieur pour Titius endeuillé, qui doit même envier les familles sans enfants, les plus heureuses dans cette situation critique :

‘Neque hae neque ceterae consolationes quae sunt a sapientissimis uiris usurpatae memoriaeque litteris proditae tantum uidentur proficere debere quantum status ipse nostrae ciuitatis et haec per<tur>batio temporum perditorum… 439

La gradation introduit donc une hiérarchie dans les malheurs : le malheur de l’individu est effacé par celui des autres individus, lui-même dépassé par celui de la communauté des individus. La memoria intervient pour rappeler les leçons des philosophes relativisant le malheur de chacun en montrant qu’il est le partage de tous 440 .

Confrontés à une situation politique agitée, les individus présentent des sentiments variés, fondés sur des souvenirs personnels. Ainsi, un Balbus, questeur de Gadès inféodé à César et neveu de Balbus, lieutenant du dictateur, se livre aux pires exactions selon Caius Asinius Pollion et fait donner, d’après une lettre du 8 juin 43, une représentation théâtrale de ses propres exploits, dont le rappel l’émeut jusqu’aux larmes :

‘Illa uero iam ne Caesaris quidem exemplo, quod ludis praetextatam de suo itinere ad L. Lentulum pro consule sollicitandum posuit, et quidem, cum ageretur, fleuit memoria rerum gestarum commotus 441

La memoria apparaît alors comme un simple motif de gloriole individuelle.

Inversement, dans une lettre adressée en juillet 43 à Brutus, Cicéron s’appuie sur ses souvenirs personnels pour dresser un constat pessimiste sur l’état de la République, en opposant deux types de guerre civile : celle qu’il a connue, qui permettait toujours la survie de la République, quel que fût le vainqueur, et la guerre à venir, où la République paraît perdue si Cicéron, Brutus et leur parti sont vaincus ; cette confrontation dans le temps passe par l’usage du mot memoria, au sens de « génération », les souvenirs personnels de Cicéron s’étendant à l’ensemble de ses contemporains :

‘Nullum enim bellum ciuile fuit in nostra re publica omnium quae memoria mea fuerunt, in quo bello non, utracumque pars uicisset, tamen aliqua forma esset futura rei publicae : hoc bello uictores quam rem publicam simus habituri non facile adfirmarim, uictis certe nulla umquam erit 442

Memoria traduit ainsi la nostalgie d’un individu, généralisée à l’ensemble de sa génération, pour une période révolue où tous les espoirs restaient permis. Il n’est que de voir la rumination — exprimée par le verbe recordor — de son consulat, dont il idéalise le souvenir, désespéré par l’évolution politique :

‘Recordor enim quam bella paulisper nobis gubernantibus ciuitas fuerit. 443

Enfin, une dernière anecdote, légère et futile, met en scène les souvenirs de Quintus : celui-ci demande à Tiron, le secrétaire de Marcus, de lui écrire quoi qu’il arrive, quel que soit l’intérêt de ses propos, pour éviter qu’on ne le soupçonne de paresse. Il établit une analogie avec l’habitude de sa propre mère, qui scellait toutes les bouteilles, même vides, afin d’empêcher qu’on ne la soupçonnât de les avoir vidées :

‘Plane te rogo, sic ut olim matrem nostram facere memini, quae lagonas etiam inanis obsignabat ne dicerentur inanes aliquae fuisse quae furtim essent exsiccatae, sic tu, etiam si quod scribas non habebis, scribito tamen, ne furtum cessationis quaesiuisse uidearis. 444

L’évocation du souvenir d’enfance traduit ici une plus grande intimité entre les correspondants. Qu’elle suggère la satisfaction, le désespoir ou plus simplement la nostalgie, comme dans les trois derniers exemples cités, la memoria manifeste l’implication personnelle d’un individu : elle révèle une humeur, un état d’esprit, en livrant un point de vue rétrospectif sur le passé. Ces lettres présentent donc les rares occasions où Cicéron donne à voir la valeur lyrique et affective du mot memoria avec une certaine franchise.

Toutefois, même sa Correspondance reste le lieu de l’affrontement politique et du débat philosophique. Pour cette raison, à maintes reprises, le mot memoria s’enrichit des connotations morales, politiques et philosophiques que nous préciserons plus loin — mais à l’échelle d’un individu.

Notes
428.

J.-E. Bernard, « Pragmatisme et souci du style dans la Correspondance de Cicéron (septembre 45-6 août 44) », VL 171, décembre 2004, 15-24, rappelle (p. 18) que Cicéron envisageait la publication de certaines de ses lettres : « … il est vraisemblable qu’il pensait à des lettres de nature publique, dont il savait déjà qu’elles étaient lues au-delà du destinataire auquel elles étaient spécifiquement adressées et qu’elles ne dévoilaient rien qui ne pût être connu par ailleurs. En envisageant de les corriger, Cicéron met ses lettres dans la même lignée que ses ouvrages théoriques ou que ses discours, toujours soigneusement retravaillés avant leur diffusion… »

429.

CIC., Att. III, 8, 4 ; lettre 64 : « mais si j’ai été victime d’une catastrophe incroyable, unique, la lamentable situation où je suis m’émeut moins, cependant, que le souvenir de mon erreur. »

430.

Ibid. : « Quant à moi le souvenir de mes malheurs, les craintes que j’éprouve pour mon frère me paralysent quand il s’agit d’écrire. » (trad. L.-A. Constans modifiée, Paris, CUF, 1935 ; L.-A. Constans cependant préfère lire maeror plutôt que memoria).

431.

La gravité du traumatisme est soulignée par la pesante allitération en /m/.

432.

CIC., fam. XIII, 66, 1 ; lettre 577 : « Je ne te recommanderais pas A. Caecina, qui est tout particulièrement client de votre famille, sachant à quel point tu te montres toujours fidèle à l’égard des tiens et clément à l’égard des malheureux exilés, si je n’étais ému par le souvenir de son père, avec qui j’avais des relations d’intime amitié, ému par son sort personnel, comme je dois l’être quand un homme m’est étroitement lié par des marques de dévouement et des services de toute sorte. » (trad. J. Beaujeu modifiée, Paris, CUF, 1991).

433.

L’orateur doit s’appuyer sur ses souvenirs et son implication personnelle pour éveiller la sympathie de l’auditoire pour la cause défendue.

434.

Le même principe est employé dans les discours, par exemple pour défendre Archias, dont Cicéron aime à rappeler qu’il était son professeur dans son enfance (CIC., Arch. 1) :

Nam, quoad longissime potest mens mea respicere spatium praeteriti temporis et pueritiae memoriam recordari ultimam, inde usque repetens hunc uideo mihi principem et ad suscipiendam et ad ingrediendam rationem horum studiorum exstitisse.

« De fait, aussi loin qu’il est possible à mon esprit de remonter dans le passé et d’évoquer les souvenirs les plus reculés de l’enfance, en faisant un retour jusque là, c’est lui que je vois me servir de guide et pour entreprendre et pour poursuivre l’ensemble de ces études. »

Cette évocation de l’affection qui le liait à son guide, placée dans l’exorde de la plaidoirie, révèle l’intimité de l’avocat et de son maître. Le discours débute par un jugement favorable, qui le désigne à la sympathie des juges, par un phénomène d’identification.

435.

CIC., fam. VI, 22, 2 ; lettre 482 : « les leçons que tu as apprises, les principes que depuis ton adolescence les plus grands sages t’ont magnifiquement transmis et dont ta mémoire a conservé une connaissance exacte, mets-les aujourd’hui à profit »

436.

Ibid. IV, 13, 7 ; lettre 498 : « Pour finir, il me reste à te supplier de montrer la plus grande force d’âme et de te rappeler les enseignements des autres grands hommes, mais aussi les fruits que tu as tirés toi-même de ton génie et de tes études »

437.

Ibid. IV, 3, 3 ; lettre 499 : « Mais toi, depuis tes premières années, je m’en souviens, tu t’es adonné passionnément à toutes les branches du savoir et tu as appris avec une ardeur et une attention extrêmes toutes les leçons que les plus grands sages nous ont léguées en vue de mener une vie conforme au bien. »

438.

Ibid. V, 16, 2 ; lettre 565 : « Or il y a une consolation… : c’est de nous souvenir que nous sommes des hommes, nés sous la loi qui expose notre vie à tous les coups de la fortune, et que nous ne devons pas nous refuser à vivre dans la condition où nous sommes nés ; c’est de supporter avec moins de peine les accidents qu’aucun calcul ne nous permettrait d’éviter et de songer, en nous remémorant les malheurs d’autrui, qu’il ne nous est rien arrivé d’inouï. » (trad. J. Beaujeu modifiée, Paris, CUF, 1991).

439.

Ibid. V, 16, 3 : « Ni ces consolations, ni toutes celles qu’ont employées les plus grands sages et perpétuées les livres, ne doivent être, à mes yeux, aussi efficaces que l’état de notre cité, par lui-même, et le bouleversement de cette époque de perdition… »

440.

H. Zehnacker, « Officium consolantis : le devoir de consolation dans la correspondance de Cicéron de la bataille de Pharsale à la mort de Tullia », REL 63, 1985, 69-86, évoque le deuil de Titius (p. 79-84). La consolation de Cicéron a une portée politique, puisque les deux enfants de ce Titius ont été tués par les Pompéiens en Afrique, et concerne tous ses concitoyens affectés par la guerre civile. H. Zehnacker en conclut que le thème de la consolatio et du réconfort procuré par la philosophie morale naît chez Cicéron du naufrage de la République. Cette pratique explique la rapidité avec laquelle il composera sa propre Consolatio, consécutive à la mort de sa fille Tullia (p. 85) : « Fidèle à l’esprit de la nouvelle Académie, Cicéron s’efforce de dresser le bilan de toute la pensée grecque en matière de consolation et d’apprécier lucidement les bienfaits qu’il en a retirés… Mais à elles seules ces lectures et ces méditations ne devaient pas suffire. Leur efficace ne se révélait que par le moyen de l’écriture. L’écriture comme thérapeutique : voilà qui est nouveau et même étonnamment moderne ; et voilà par quoi cette Consolation, que Cicéron s’adresse à lui-même, est différente de toutes les autres Consolations. »

441.

CIC., fam. X, 32, 3 ; lettre 915 : « Mais ce qui suit n’a même pas de précédent chez César : à des jeux, il fit représenter une tragédie prétexte, de sa propre démarche, en vue de circonvenir le proconsul L. Lentulus Crus, et qui plus est, au cours de la représentation, il pleura, tout ému par le rappel de ses exploits »

442.

CIC., Ad Brut. I, 15, 10 ; lettre 933 : « Car il n’y a eu aucune guerre civile, dans notre République, parmi toutes celles qui ont eu lieu de mon temps, dans laquelle ne dût survivre, quel que fût le camp vainqueur, une certaine forme de République : dans cette guerre-ci, il n’est pas facile de dire avec certitude quelle forme de République nous aurons, si nous sommes vainqueurs, il n’y en aura jamais aucune, c’est certain, si nous sommes vaincus »

443.

CIC, Att. IV, 18, 2 : « Je me souviens… Combien la République était belle du temps que j’étais consul ! »

444.

CIC., fam. XVI, 26, 2 ; lettre 954 : « Je te le demande clairement : comme le faisait autrefois, je m’en souviens, notre mère, qui cachetait les flacons même vides, pour qu’on n’aille pas dire qu’il y avait des flacons vides qui avaient été séchés en cachette, toi aussi, même si tu n’as rien à écrire, écris tout de même pour ne pas donner l’impression d’avoir cherché un faux-fuyant dissimulant ta paresse. »