2. Nihilisme et goût de la révolution des sans-mémoire

Ayant fait justice de l’aristocrate dévoyé qui trahit l’idéologie républicaine en travaillant constamment contre la mémoire, Cicéron s’en prend à ceux qui nient même la notion de mémoire pour détruire les racines romaines et se permettre ainsi toutes les folies que réclame leur ambition. Ces sans-mémoire constituent pour lui le noyau des aventuriers révolutionnaires, sans scrupules ni conscience — c’est bien le sens moral du mot memoria —, qui sont à l’origine de l’agitation puis de la guerre civile. Cicéron ne cesse donc d’attaquer dans ses discours ceux qui cherchent à déprécier ou à occulter la memoria : contre les révolutionnaires qui hantent ces années de trouble, la lutte se déroule en partie sur le terrain de la mémoire.