ANNEXE N° 4 : LA GRANDE ANNEE

La durée de la « Grande année » a suscité une bibliographie abondante. Cf. P. Boyancé, Etudes sur Le songe de Scipion : essai d'histoire et de psychologie religieuses, Limoges, 1936, p. 167 : « Nous voyons que, quand il écrit le De natura deorum, il n’ignore pas les divers calculs auxquels a donné lieu la durée de la grande année (II, 20, 52). Dans l’Hortensius, il adoptait un chiffre très précis pour son propre compte, celui de 12954 ans, et à ce chiffre correspond bien l’indication chronologique du Songe, d’après laquelle la vingtième partie de la grande année ne s’est pas encore complètement écoulée depuis la mort de Romulus, jusqu’au moment où est censé avoir lieu le dialogue. Diogène le Stoïque évaluait à 365 fois l’année telle qu’Héraclite l’avait évaluée, c’est-à-dire à 365 fois 10800 ans, ce qui donne un chiffre singulièrement éloigné de celui de Cicéron. » Cf. Cicéron, De republica, éd. E. Bréguet, Paris, CUF, 1980, t. 2, p. 189, p. 114 n. 1 sur l’ekpyrosis : « La doctrine des Stoïciens s’appuyait sur Héraclite, pour qui le feu est le premier élément d’où proviennent les autres, qui y retournent. Alors se produit l’exustio, ou ekpyrosis, par laquelle toutes choses sont transformées en feu ; tout redevient âme et est divinisé ; c’est une régénération. Ce processus se développe pendant une “grande année”. Entre deux exustiones, il y avait destruction partielle du monde par le déluge (eluuio). »; cf. p. 190, n. 1 de la p. 115 sur la durée : « Héraclite donnait le chiffre de 10800 ans (V. S. F. I, 147, 1-5) ; les physici, 15000 (Macr. 2, 11, 11) ; d’autres 12954 années solaires (Hortensius fr. 80 et 81, Grilli, d’après Serv., ad Aen. 1, 269 ; 3, 284 ; Tacite, dial. ch. 16). Si, entre la mort de Romulus (716) et la date du Songe (149), il s’est écoulé 567 ans, multiplié par vingt, cela donne 11340 années solaires, ce qui correspond à peu près à ce que dit l’Africain et aux calculs de l’Hortensius, d’après Tacite ». Cf. L. Zimmermann, « Das “groe Jahr“ bei Cicero », Museum helveticum 30, 1973, 179-183, pour de savants calculs astronomiques sur la durée de la grande année.

Dans l’Hortensius, la Grande année est évaluée à 12954 années terrestres : cf. M. Ruch, l’Hortensius de Cicéron : histoire et reconstitution, Paris, Belles lettres, 1958, p. 139, § 67. Selon M. Ruch, Hortensius évoque la Grande année pour relativiser l’ancienneté de la philosophie, comme Scipion le fait dans le De republica pour relativiser la durée de la gloire terrestre (p. 139-140). Sur l’éclipse de soleil, seuil de la Grande année, et l’ekpyrosis, cf. M. Ruch, ibid., p. 140-141, § 68.

Sur l’ekpyrosis et la palingénésie stoïciennes, cf. J. Bels, « La survie de l’âme de Platon à Posidonius », Revue de l'histoire des religions 199, 2, avril-juin 1982, 169-182, p. 177 : « … les stoïciens sont en désaccord sur la durée de cette survivance provisoire : selon Cléanthe, les âmes subsistent jusqu’à l’ekpurôsis ; selon Chrysippe, celles des sages ont seules ce privilège (Diogène Laërce VII, 157). Rappelons que l’ekpurôsis est la conflagration universelle ou retour des choses et des dieux, à l’exception de Zeus, à l’âme du monde. Elle sera suivie d’une palingénésie comme chez Platon qui pose tous les dix mille ans un recommencement mythique. » Cf. également J. Barnes, « La doctrine du retour éternel », Les Stoïciens et leur logique, éd. J. Brunschwig, Paris, Vrin, 1978 (Bibliothèque d'histoire de la philosophie 20), 3-20.