1.1.1. L’étude des cartes anciennes comme base de l’activité cartographique dans l’Antiquité et au Moyen Age.

Assez paradoxalement, l’étude des cartes anciennes est presque aussi vieille que les premières traces connues de cartes dessinées – si l’on excepte les quelques exemples de peintures préhistoriques pouvant être assimilés à des dispositifs cartographiques primitifs. Une science géographique « moderne » se développa dans l’antiquité grecque et romaine sur le commentaire et la critique des cartes anciennes18. Les géographes redessinaient le monde connu en corrigeant, en annotant ou en confirmant les données contenues sur les cartes ou dans les textes de leurs prédécesseurs. Ces commentaires successifs furent pratiqués dès le 6e siècle avant Jésus-Christ par Hérodote et Anaximandre, ce dernier étant généralement reconnu comme le premier cartographe19. Au 2e siècle de notre ère, Claude Ptolémée s’inscrivait dans la même tradition quand il rédigeait sa Géographie.

L’intérêt pour les cartes anciennes ne connut pas de véritable déclin, même au cours de ce qui fut souvent qualifié d’« âges sombres » après la chute de l’Empire romain d’occident. Si les cartes grecques n’étaient plus connues et que la géographie s’était orientée – certains diraient qu’elle avait régressé – vers une vision plus symbolique, l’étude historique des cartes demeurait une pratique classique du savoir. Des manuscrits reproduisaient ainsi en ordre chronologique des mappemondes des périodes essentiellement romaine et post-romaine20. Surtout consacrés à l’évolution des idées cosmogoniques, ils permirent cependant la conservation d’un important corpus de cartes anciennes et le début d’une accumulation de connaissances qui servit de base à l’histoire de la cartographie au 20e siècle.

Notes
18.

JACOB Christian. Géographie et ethnographie en Grèce ancienne. Paris : Armand Colin, 1991, p. 37-38.

19.

ibidem, p. 36.

20.

SKELTON Raleigh Ashlin. Maps : a historical survey of their study and collecting. Chicago : The University of Chicago Press, 1972, p. 64-65.