2.1.2. La période chronologique.

Mon corpus de cartes devait refléter ces problématiques originales de la cartographie topographique des régions montagneuses. Dans un premier temps, je pensais le limiter à la période de pleine activité des topographes « amateurs » qui faisaient l’originalité de mon sujet du point de vue de l’histoire de la cartographie, soit essentiellement entre 1890 et 1950. Mais il m’apparut assez vite que cette parenthèse d’une cartographie indépendante s’inscrivait dans un mouvement plus vaste de « scientificisation » et d’industrialisation de la cartographie topographique qui débutait, pour la question de la représentation du relief, avec la première carte de France véritablement topographique au début du 19e siècle. La limite chronologique postérieure était plus difficile à définir, mais au fur et à mesure de la constitution de mon corpus, il m’apparut de plus en plus judicieux de la fixer aux années soixante, sans pour autant arrêter une date précise qui n’aurait pas la même pertinence dans tous les aspects de l’activité cartographique que je comptais abordés. Cette décennie marquait en effet des changements profonds, au niveau institutionnel (le statut d’établissement public de l’Etat de l’IGN en 1966), au niveau éditorial (abandon de la publication de la carte du Mont Blanc au 1 : 10 000 par l’IGN en 1959, adoption de l’échelle du 1 : 25 000 pour la carte de France), et au niveau des techniques de levé (l’abandon de la photographie aérienne sur plaque, puis les débuts de l’informatisation des processus de production cartographique) ou de représentation cartographique (en 1970, l’édition spéciale de la carte au 1 : 25 000 du Mont Blanc constituait le premier essai d’une nouvelle représentation du relief bientôt généralisée à toute la France). Mon hypothèse était qu’entre la fin des années cinquante et le début des années soixante-dix, la cartographie de haute montagne avait perdu toutes ses spécificités : selon les domaines abordés, mon étude se poursuit donc plus ou moins tardivement dans les années soixante et soixante-dix, avec plus ou moins de détails aussi en fonction des sources dont je disposais.