2.3.2.1. La complexité des documents cartographiques.

Dans le cadre de mon étude, deux types de sources se prêtaient à une analyse quantitative nécessitant l’utilisation d’une base de données informatisée : les cartes elles-mêmes, pour étudier l’évolution de la représentation du relief, de la normalisation cartographique et de l’habillage121 de ces cartes, et l’ensemble des documents annexes contenus dans les dossiers topographiques, pour étudier l’évolution des techniques de levé topographique. Pour la conception d’une base de données, ces sources posaient des problèmes bien identifiés liés à l’approche historique de la cartographie (codage des variables, importance des variables temporelles et spatiales), amplifiés par la complexité du document cartographique dont la nature extrêmement synthétique, réunissant une quantité considérable d’informations de types très divers, nécessitait de prendre en compte un grand nombre de variables numériques et textuelles.

Pour une même feuille, certaines variables étaient elles-mêmes susceptibles d’avoir un nombre variable de valeurs. Par exemple, une feuille pouvait être basée sur une, deux, trois ou plus triangulations, ou encore la représentation du relief pouvait cumuler plusieurs systèmes différents. Cette particularité se traduit dans le schéma de la base de données par de nombreuses associations dites « binaires de plusieurs à plusieurs », qui permettent seules de gérer rationnellement le nombre variable de valeurs pour une même variable122. Sur le schéma entités / associations (E/A), les associations Utiliser du cadre « Données cartographiques » constituent un bon exemple de ce type d’association (annexe 3, figure 19).

Mon étude étant spécialement consacrée à la représentation cartographique du relief, sa définition dans la base de données devait être relativement détaillée. Le principal problème qui se posait était la multiplicité potentielle des systèmes de représentation du relief sur une même feuille : en fonction des levés à partir desquels elle était dressée ou en raison de la couverture de territoires étrangers, une feuille pouvait contenir différentes zones représentées de différentes façons. Plutôt que de ne retenir que la zone principale, j’ai décidé de prendre en compte toutes ces zones en divisant la définition de la représentation cartographique d’une feuille en autant de zones qu’elle en contenait, même si cette précision supplémentaire alourdissait un peu la base et donc la saisie des données. Dans la structure de la base, ce choix se traduit par des associations dites « un à plusieurs avec type entité faible », parce que l’une des entités, dite faible, ne peut être liée qu’à une seule autre entité : c’est le cas en particulier de l’entité Zones (annexe 3, figure 19). Cette structure permet de gérer toutes les éventualités avec un maximum de souplesse et de saisir aussi bien une feuille ne contenant qu’une zone, qu’une feuille en contenant quatre ou cinq.

Notes
121.

Tous les éléments autres que le dessin cartographique lui-même : titres, légendes, tableaux d’assemblage, cartouches, etc.

122.

La solution, trop souvent adoptée par les historiens peu compétents en informatique, qui consiste à multiplier les attributs (par exemple : triangulation1, triangulation2, etc.) n’est absolument pas rationnelle, ni normalisée, ni efficace d’ailleurs puisqu’elle amène à créer autant d’attributs que le nombre maximum de valeurs pour une variable – qui n’est pas forcément connu au moment de la conception de la base –, ce qui alourdit et ralentit le fonctionnement de la base.