3.1.2. Une périodisation technique particulièrement nette.

Le graphique suivant illustre le nombre de coupures levées avec chacune des trois grandes catégories de techniques (levés directs, levés photogrammétriques terrestres, levés photogrammétriques aériens) sur toute la période concernée par mon corpus de feuilles (graphique 1). L’échelle des ordonnées est la même sur les trois graphiques afin de permettre une comparaison directe.

Graphique 1 : Techniques de levés utilisées par les services officiels.
Graphique 1 : Techniques de levés utilisées par les services officiels.

Quatre périodes sont très facilement identifiables :

  • de 1830 à 1870, les levés dans les Alpes pour la carte d’état-major furent effectués par campagne intensive, en un petit nombre d’années durant lesquelles de grandes surfaces étaient levées – même compte tenu de la relative petite échelle des opérations (1 : 40 000), puisque les officiers d’état-major couvraient en une année une surface à peu près équivalente à la moyenne des levés aériens dans les années soixante ;
  • de 1880 à 1910, des levés directs appelés « levés de précision » furent effectués au 1 : 20 000 pratiquement chaque année dans les Alpes, couvrant des surfaces relativement régulières ;
  • de 1910 à 1940, des levés photographiques terrestres furent très ponctuellement exécutés sur des surfaces réduites, principalement entre le milieu des années vingt et le milieu des années trente, en même temps que des levés directs et les premiers levés aériens. Si l’on prend en compte les levés effectués par les topographes indépendants Henri et Joseph Vallot pour leur carte du massif du Mont Blanc à partir de 1892, la période d’utilisation de cette technique s’étend de la fin du 19e siècle au milieu des années trente ;
  • de 1930 à 1980, l’utilisation des levés photographiques aériens se développa très fortement. A l’exception d’une coupure pendant l’occupation et en tenant compte des variations périodiques inévitables dans l’étude d’une région limitée, l’augmentation des surfaces couvertes fut relativement marquée depuis le milieu des années trente jusqu’aux années soixante-dix.

Cette répartition chronologique particulièrement nette des techniques utilisées forme une base solide pour une périodisation globale de l’évolution de la cartographie topographique alpine. Elle marque quatre conceptions différentes et successives des opérations de levés topographiques qui connurent des développements et des applications plus ou moins importants. Cette périodisation basée sur les techniques de levé est cependant à adapter en fonction des temporalités de la publication des feuilles et de l’évolution des méthodes de représentation du relief.