3.2. L’activité éditoriale : mise en relief des temporalités de la production cartographique.

3.2.1. Evolution du volume des publications cartographiques.

Le graphique suivant montre l’évolution du nombre de feuilles publiées annuellement par le service topographique officiel français, les services étrangers – essentiellement l’Army map service (AMS) américain et quelques publications du service allemand – et les topographes indépendants (graphique 2). L’échelle des ordonnées n’est différente que pour le graphique concernant les topographes indépendants, dont la production est environ dix fois inférieure à celle des services officiels. Le nombre total de feuilles publiées pour une carte étant presque directement proportionnel à l’échelle de la carte et à la taille des feuilles publiées, la représentation graphique de l’évolution de cette publication ne reflète pas l’importance d’une carte envisagée comme un document d’ensemble. Par exemple, la publication de la carte d’état-major au 1 : 80 000, effectuée par feuilles entières jusqu’en 1889, produisit nettement moins de feuilles que la publication des plans directeurs au 1 : 20 000, essentiellement faites par sixième de coupures entre 1880 et 1900, d’autant plus qu’une coupure au 1 : 20 000 représente environ un quarantième de la surface d’une feuille au 1 : 80 000. Mais il est délicat, sinon impossible, de corriger ce biais par une pondération mathématique dans le tracé du graphique. La solution la plus efficace reste donc une analyse critique des résultats statistiques en prenant en compte les spécificités de la production selon les périodes envisagées.

Graphique 2 : Nombre de feuilles publiées.
Graphique 2 : Nombre de feuilles publiées.

Dans le cas du service officiel français, il faut donc bien distinguer la période de seule production de la carte d’état-major avant 1880 et la période où furent publiées la carte d’état-major, les plans directeurs et certaines cartes dérivées de la carte d’état-major après 1880 et jusqu’à 1910 environ. A partir des années vingt, la production du service officiel connut un accroissement considérable, qui s’explique entre autre par la publication systématique des cartes de France au 1 : 50 000 et au 1 : 20 000. Après l’achèvement de la couverture cartographique des Alpes du nord en 1954, une période de production plus limitée s’étend jusqu’au milieu des années soixante-dix, marquée par un changement important des spécifications de la carte de France avec l’adoption du type 1972 138.

Les publications des services militaires étrangers ne concernent logiquement que la période de l’occupation et de la guerre, ainsi que le début des années cinquante où l’influence américaine était encore forte en France à travers le plan Marshall et les subventions de l’Army map service. Les publications de ce que j’appelle les « éditeurs indépendants », dénomination rassemblant un ensemble hétérogène de publications diverses à vocation touristique ou scientifique, sont plus dispersées dans le temps. Cependant, une période d’importante production éditoriale se dégage dans les années vingt et trente, qui marque l’apogée des publications des topographes indépendants réunis autour du Club alpin français.

Notes
138.

Voir infra, « Après 1960… », 2.