Pour compléter cette analyse très générale de la publication, une analyse de l’évolution de l’échelle des cartes publiées me semble indispensable. Douze échelles différentes sont référencées dans la base de données, ce qui nécessite un regroupement en classe pour une exploitation statistique efficace. Le tableau suivant donne le nombre de feuilles publiées pour chaque échelle (tableau 2). Sur la base de cette répartition, j’ai regroupé les échelles employées en trois classes – qui seront d’ailleurs utilisées pour d’autres analyses ultérieures :
Echelle | Nombre de feuilles publiées | Nombre de feuilles publiées |
1 : 10 000 | 10 | 0,52 % |
1 : 20 000 | 859 | 44,67 % |
1 : 25 000 | 372 | 19,34 % |
1 : 40 000 | 5 | 0,26 % |
1 : 50 000 | 426 | 22,15 % |
1 : 60 000 | 9 | 0,47 % |
1 : 63 000 | 1 | 0,05 % |
1 : 75 000 | 1 | 0,05 % |
1 : 80 000 | 235 | 12,22 % |
1 : 100 000 | 3 | 0,16 % |
1 : 130 000 | 1 | 0,05 % |
1 : 265 000 | 1 | 0,05 % |
Total | 1923 | 100 % |
Le graphique suivant illustre le nombre de feuilles publiées chaque année pour chacune de ces classes et l’évolution de l’échelle moyenne des feuilles de mon corpus – une variable qui n’a aucune signification en elle-même puisque l’échelle d’une carte n’est pas une valeur numérique continue, mais qui reflète une caractéristique générale de la production cartographique (graphique 3). La fin du 19e siècle marque une rupture importante dans la cartographie topographique, avec un changement radical d’échelle et l’abandon quasi-définitif des échelles supérieures au 1 : 60 000 (les publications aux environs de 1930 correspondent à une édition révisée de la carte d’état-major). Cette rupture justifie la séparation très nette effectuée dans ma périodisation technique entre les levés de la carte d’état-major et les levés de précision. Le 20e siècle est par contre marqué par une balance entre les échelles « moyennes » et « grandes », principalement avec les cartes de France au 1 : 20 000 / 1 : 25 000 et au 1 : 50 000 qui continuèrent d’être publiées parallèlement. Les variations de l’échelle moyenne entre ces deux valeurs illustrent d’ailleurs parfaitement cette balance qui dépendait principalement des travaux sur le terrain et des temporalités propres à la production cartographique.
Les qualificatifs de « grandes », « moyennes » et « petites » échelles topographiques ne correspondent à aucune utilisation traditionnelle, mais seulement à une manière d’expliciter les classes adoptées.
La Map shewing three routes to the summit of the Mont Blanc (1856, 1 : 63 000) et la Carte touristique au 75 000 e des environs de Chambéry (1921, 1 : 75 000) ont été intégrées à cette classe en raison de leur nature moins topographique que, respectivement, figurative et touristique.