La répartition des différentes techniques de représentation du relief utilisées sur les feuilles de mon corpus est encore plus marquée que pour le nombre de couleurs (tableau 4). Leur regroupement en quatre classes a donc été particulièrement évident : les courbes de niveau, utilisées dans plus des quatre cinquièmes des zones ; les hachures normalisées, utilisées essentiellement sur la carte d’état-major au 1 : 80 000 et son amplification au 1 : 50 000 ; les lignes de faîtes, technique peu utilisée mais qui se distingue des autres méthodes uniquement figuratives par sa base géométrique limitée ; les autres méthodes, essentiellement figuratives, utilisées très ponctuellement.
Technique de représentation du relief | Nombre de zones | Pourcentage du nombre totale de zones* |
Perspective | 1 | 0,03 % |
Hachures figuratives | 15 | 0,52 % |
Couleurs / Effet | 16 | 0,56 % |
Courbe de niveau fictive | 17 | 0,59 % |
Ligne de faîte | 31 | 1,08 % |
Hachures normalisées | 288 | 10,03 % |
Zones non représentées | 392 | 13,66 % |
Courbe de niveau | 2129 | 74,18 % |
* Plusieurs techniques de représentation du relief peuvent être utilisées dans une même zone : les totaux n’ont donc pas été indiqués, puisqu’ils n’auraient aucune signification. |
En raison de l’utilisation majoritaire des courbes de niveau et des hachures normalisées, la représentation graphique de l’évolution des techniques de représentation du relief suit l’évolution des publications143 (graphique 5). Les mêmes regroupements s’y retrouvent : pour les hachures normalisées, la carte d’état-major entre 1860 et 1880, sa réédition en type 1889 et son amplification au 1 : 50 000 entre 1880 et 1900, sa dernière révision autour de 1930 ; pour les courbes de niveau, les plans directeurs entre 1880 et 1900, puis la carte de France type 1922 entre 1920 et 1960, et la carte de France type 1972 à partir de la seconde moitié des années soixante-dix.
Seul le graphique représentant l’utilisation des autres techniques de représentation du relief permet de définir deux nouvelles périodes. La première est marquée par l’utilisation des techniques figuratives essentiellement entre 1840 et 1900, caractérisée par les « cartes-tableaux » des cartographes indépendants utilisant des techniques comme la représentation perspective ou les variations de couleurs selon l’altitude pour illustrer à la façon d’un peintre le relief représenté. La deuxième est marquée entre 1910 et 1940 par l’utilisation des lignes de faîtes, une technique géométrique simple employée à la fois dans la carte de France au 1 : 20 000 type 1922 pour représenter les régions étrangères et à la fois dans les « cartes-croquis » dressées par les alpinistes, reposant sur des levés ou des observations simples sur le terrain. Si la répartition des méthodes de représentation du relief utilisées par le service officiel n’a que peu d’intérêt dans une périodisation générale, puisqu’elle recoupe les périodes déjà soulignées, la définition des deux périodes de la topographie indépendante doit être prise en compte, même si leur importance en nombre de feuilles reste limitée. Elle affine la périodisation générale en soulignant l’existence d’une topographie indépendante dont l’influence – au delà de sa production limitée – reste une problématique importante de mon étude : son activité éditoriale, nécessairement postérieure aux opérations techniques sur le terrain, fut particulièrement développée dans la période 1870-1900, recoupant plus ou moins la période de développement des levés de précision au service officiel, et dans la période 1920-1940, au moment même où le service officiel connaissait une mutation technique fondamentale, avec le développement de levés photographiques terrestres puis aériens.
La répartition très inégale des techniques de représentation du relief a d’ailleurs nécessité l’emploi de trois échelles différentes pour la représentation graphique.