Chapitre 1. Géodésie et cartographie topographique, naissance et développement d’une dépendance.

L’étude de la cartographie topographique « scientifique », c’est-à-dire basée sur les mesures instrumentales du terrain pour la représentation graphique à grande échelle de sa planimétrie et de son relief, suppose de présenter brièvement le développement des méthodes instrumentales de mesure du terrain, en particulier la formalisation des méthodes de triangulation au 15e siècle en Italie sur des bases architecturales et au 16e siècle aux Pays-Bas sur des bases astronomiques. Appliquées dans un premier temps à la seule représentation de la planimétrie, ces méthodes furent notamment utilisées pour la première carte géométrique150 couvrant l’ensemble d’un territoire national, la fameuse carte de France dressée par les Cassini : bien qu’il ne s’agisse pas d’une carte topographique, je présenterai succinctement sa réalisation qui posa les bases de la géodésie française. L’étude spécifique de la cartographie de la haute montagne suppose quant à elle de présenter les conditions dans lesquelles se développa un intérêt nouveau pour la représentation du relief au sein de la cartographie militaire et notamment une approche de plus en plus soucieuse d’une représentation topographique effectuée directement sur le terrain. Là encore, je présenterai surtout la situation en France, en particulier la façon dont cette évolution parallèle aboutit au début du 19e siècle à la formalisation d’une représentation géométrique du relief totalement dépendante des données issues des opérations de triangulation, dictée à la fois par l’affirmation de la cartographie scientifique, par l’apparition de nouveaux besoins et par l’existence de techniques géodésiques matures.

Notes
150.

Au 17e et 18e siècle, on qualifiait de « géométriques » les cartes basées sur une triangulation.