1.1.2.2. L’Académie royale des sciences : une référence scientifique pour la cartographie.

Quand Colbert fonda l’Académie royale des sciences en 1666, elle ne réunissait que des astronomes et des mathématiciens, parmi lesquels l’abbé Jean Picard (1620-1682) et Christian Huygens (1629-1695), inventeur en 1657 du pendule régulateur qui avait permis aux horloges de gagner une précision suffisante pour être utilisées dans la détermination des longitudes, convaincu à prix d’or de quitter La Haye pour Paris. Sur les conseils de Picard et pour l’aider dans ses travaux, Colbert avait également fait venir d’Italie Jean-Dominique Cassini (1625-1712), astronome réputé pour ses travaux sur la détermination des longitudes164. L’Académie se préoccupait dès lors essentiellement de questions astronomiques, et en premier lieu des problèmes géodésiques centraux de l’époque : la détermination des longitudes et la mesure des dimensions de la Terre. Pour abriter les instruments de mesure astronomique et servir de base au travail géodésique, elle fonda en 1667 l’Observatoire de Paris, dont Picard prit la direction, et définit sur son terrain le méridien de Paris, aussi appelé « méridien origine » pour la France. Même si l’étude des méthodes cartographiques faisait également partie de ses priorités énoncées, l’Académie se positionna pendant longtemps moins comme un organisme producteur de cartes que comme un organisme de référence, fournissant une méthode, des documents et des mesures de base pour aider les cartographes165.

Notes
164.

Jean-Dominique Cassini (1625-1712), traditionnellement appelé Cassini I pour le différencier de sa descendance, était titulaire de la chaire d’astronomie de l’université de Bologne et avait publié en 1668 les tables de mouvements des satellites de Jupiter (Ephemerides Bononienses mediceorum syderum ex hypothesibus et tabulis, Bologne) pour aider au calcul des longitudes, par l’observation simultanée en deux endroits différents d’un même phénomène, l’occultation des satellites de Jupiter.

165.

PELLETIER Monique. Science et cartographie au Siècle des Lumières. Cartographie de la France et du monde, de la Renaissance au Siècle des lumières. Paris : Bibliothèque Nationale de France, 2001, p. 82-105.