Le débat finalement clos, les travaux se concentrèrent sur la triangulation : la perpendiculaire de Brest à Strasbourg fut rectifiée en fonction des résultats de la nouvelle mesure de la méridienne, et les opérations primordiales s’achevèrent en 1744. Cassini de Thury et Maraldi publièrent cette même année la Nouvelle carte qui comprend les principaux triangles qui servent de fondement à la description géométrique de la France, représentant l’articulation du réseau. Pour la première fois, un territoire national était entièrement couvert par une triangulation. Composée de sept chaînes perpendiculaires et de quatre chaînes parallèles à la méridienne de Paris, appuyée sur dix-neuf bases réparties sur le territoire, elle divisait la France en carreaux de soixante mille toises de côté, remplis par une triangulation complémentaire. Selon Marc Duranthon, « par cette œuvre les Cassini affirmaient la primauté des mesures géodésiques sur les observations astronomiques ponctuelles et indépendantes et dont les erreurs ne peuvent se compenser »172.
Reprenant la position générale de l’Académie qui ne croyait pas qu’il fût possible à une seule équipe de réaliser une description détaillée du royaume, Cassini de Thury accompagnait sa carte des triangles d’un mémoire se positionnant encore pour le développement d’une cartographie régionale exécutée par les évêques, les magistrats, les seigneurs ou même des particuliers, et s’appuyant sur les positions données par la triangulation générale. Dans cet objectif, il prépara en 1745-1746 la publication des calculs ayant servi à l’établissement du canevas géométrique ou qui en dérivaient. Finalement publiée en 1783, la Description géométrique de la France donnait les coordonnées de quatre cents villes ou bourgs et des trois mille points principaux de la triangulation primordiale, complétée par les résultats de détail publiés sous la forme de fascicule au fur et à mesure de l’avancement des travaux.
DURANTHON Marc. La Carte de France. Op. cit., p. 8.