Les difficultés financières et l’affaiblissement de l’enthousiasme initial provoquèrent la diminution quasi-constante du nombre d’ingénieurs et l’impossibilité d’effectuer des révisions ou mises à jour, notamment pour le réseau routier dont la représentation sur la carte fut très critiquée. Cependant, les levés se poursuivirent de façon continue jusqu’à leur achèvement en 1789, au rythme moyen de quatre feuilles et demi par an. La gravure sur cuivre et la publication prirent plus de retard, ralenties notamment par la mort de Cassini de Thury (Cassini III) en 1784 à qui succéda son fils Jean-Dominique Cassini (Cassini IV) (1748-1845).
Le retard pris par la publication de la carte fut également et largement dû à la « nationalisation » de la Carte par la Convention en septembre 1793. Les planches et le stock de feuilles furent confisqués et transférés au Dépôt de la guerre sous le contrôle des militaires qui s’opposèrent à sa diffusion publique, une position maintenue ensuite par Napoléon. Les dernières feuilles, celles de Bretagne et de Guyenne, ne parurent donc qu’en 1815. Les militaires apportèrent des modifications qui concernèrent surtout les voies de communication et l’apparition d’une double échelle (toises et mètres). Même si des traces de travaux de corrections et d’additions demeurent jusqu’en 1830 dans les crédits, elles furent principalement exécutées entre 1803 et 1812.
Pour représenter la nouvelle division de la France en départements adoptée en janvier 1790 à la Constituante, Louis Capitaine (1749-1797), associé et premier ingénieur de Cassini IV, réalisa une réduction au quart de la carte de Cassini : la Carte de la France suivant sa nouvelle division en départements et districts, dédiée à l’Assemblée nationale par les directeurs et associés de la Carte générale de la France, à l’échelle d’une ligne pour quatre cents toises (environ 1 : 345 600). Elle comportait à l’origine vingt-et-une feuilles, chacune regroupant seize feuilles de la carte de base, mais elle fut étendue entre 1815 et 1821 au-delà des frontières, et comprenait vingt-quatre feuilles à son achèvement en 1822. La représentation du relief suivait en partie les conventions de la Commission de 1802 en adoptant un éclairage oblique et des hachures suivant la ligne de pente184. Une carte de France à 1 : 864 000 fut réalisée à partir de cette carte par le géomètre Achin au dépôt des Fortifications et publiée en 1825. Reprise entre 1861 et 1867, elle fut publiée en 1887 en six feuilles.
Voir infra, partie 1, chapitre 1.3.