1.2. La topographie militaire et l’évolution de la représentation du relief.

A la Renaissance, l’art de la guerre connut une série de bouleversements qui entraîna l’apparition d’une véritable topographie militaire. Les progrès de l’artillerie, l’essor conjoint de la guerre de siège et des fortifications, nécessitèrent le recours à des relevés de plus en plus détaillés du terrain. Le développement de la cartographie militaire suivit une orientation radicalement différente de la cartographie civile. Alors que la redécouverte de la géographie de Ptolémée provoquait une extension de la cartographie chorographique dans le domaine civil, caractérisée par la publication de nombreux atlas généraux, les plans militaires adoptaient une approche locale privilégiant la représentation détaillée de régions limitées à des échelles supérieures. Tout d’abord, sous l’influence de la conception figurative dominante, la cartographie militaire consistait uniquement en des plans représentés en perspective, que leur apparence et leur utilisation même rapprochaient plus du tableau que de la carte topographique comme nous la concevons aujourd’hui. Mais suite à la pression du développement de la guerre de siège et à l’apparition de corps d’ingénieurs dans les armées, les militaires montrèrent un intérêt croissant pour la représentation détaillé du terrain à des fins utilitaires. En particulier, la représentation du relief, dont l’importance était cruciale pour l’édification des fortifications, fit l’objet d’un soin de plus en plus important, alors que les questions géodésiques qui dominaient la cartographie civile étaient plus ou moins ignorées. Les topographes militaires développèrent ainsi les premiers modes de représentation détaillés du relief et affirmèrent le souci de représenter le terrain sur le terrain même. Ils fondèrent donc véritablement la topographie au sens moderne du terme de « représentation d’un terrain avec l’indication de son relief »191.

Notes
191.

Une des définitions du Robert pour le nom « topographie ».