1.3. La Commission de topographie de 1802.

Les cartes topographiques dressées au 18e siècle utilisaient des systèmes de représentation cartographique suffisamment proches les uns des autres pour qu’on puisse parler de convention de représentation, mais elles n’étaient pas uniformes. Même au sein d’un corps uni de professionnels, ingénieurs géographes ou ingénieurs civils de Cassini, les cartes présentaient souvent des différences entre elles, y compris entre les feuilles d’une même carte. L’adoption du système métrique211 pendant la période révolutionnaire avait accentué le besoin d’une réforme, puisque les échelles traditionnellement utilisées n’étaient pas décimales. En 1802, une Commission de topographie fut instituée sous la présidence du général Sanson, directeur du Dépôt de la guerre, avec pour mission de simplifier et uniformiser les signes et conventions en usage dans les cartes et plans topographiques. Elle réunissait des représentants du Dépôt de la guerre, du Génie, du corps des Mines, de l’école des Ponts et chaussées, des départements des Affaires étrangères, des Forêts, de la Marine et des Colonies. Malgré son titre, la Commission ne traita pas des problèmes géodésiques et topographiques, mais seulement des questions cartographiques, dont elle proposa une normalisation qui eut un impact considérable sur les travaux français du 19e siècle212.

Notes
211.

La longueur du mètre avait été définie comme le dix millionième du quart d’un méridien terrestre, par la Commission générale des poids et mesures instituée en 1790 par la Constituante. Pour déterminer la longueur du mètre étalon, il fut décidé d’exécuter une nouvelle mesure de la méridienne de France. Appelée méridienne de Dunkerque, elle était prolongée jusqu’à Barcelone et associée à l’arc mesuré par Bouguer au Pérou. Exécutée entre 1791 et 1799 dans des conditions difficiles (évènements politiques, destructions des clochers qui servaient de signaux, etc.), elle avait permis de fixer la longueur du mètre à 0,513074 toise.

212.

Pour une présentation détaillée des travaux de la Commission de topographie de 1802, voir les procès-verbaux originaux dans le Mémorial du Dépôt Général de la Guerre. T.2. Paris : Dépôt de la guerre, 1803. Le colonel Berthaut en proposa une présentation et une interprétation dans son ouvrage classique : BERTHAUT Colonel. La Carte de France. T.1. Op. cit., p. 137-143. Georges Alinhac, reprenant pour l’essentiel ce qu’avait écrit Berthaut, en donna également une interprétation : ALINHAC Georges. Cartographie ancienne et moderne. T.1. Op. cit., p. 95-100.