Les premières cartes suivant strictement les prescriptions de la Commission de 1802 furent dressées pendant la période impériale. Avec la « nationalisation » de la carte de Cassini en 1793, le Dépôt de la guerre était devenu le seul organisme producteur de cartes. L’activité cartographique des militaires s’exerça essentiellement hors des frontières françaises, pendant les nombreuses campagnes des guerres révolutionnaires puis impériales. Napoléon était toujours accompagné d’un bureau topographique autonome dirigé par Bacler d’Albe, qui dressait des cartes manuscrites réservées à l’Empereur. Parmi celles-ci, une collection de quatre cent vingt-cinq feuilles au 1 : 100 000 formait ce qui fut appelé la « carte de l’Empereur », couvrant l’Europe du Rhin à la Dvina et de la Baltique au Tyrol, et dont de nombreux originaux furent perdus pendant la retraite de Russie. Les cartes étant considérées par l’Empereur comme une arme de guerre, la publication de la carte de Cassini fut retardée jusqu’en 1815, et les cartes, plans et cuivres gravés furent mis à l’abri lors de l’invasion de la France en 1814. Ce ne fut que sous la Restauration que certaines des cartes de l’époque impériale furent gravées sur cuivre au 1 : 100 000 : la carte de Bavière en dix-sept feuilles, la carte de Souabe en dix-huit feuilles, la carte des départements réunis en quinze feuilles couvrant les pays compris entre la France, les Pays-Bas et le Rhin.
De nombreuses cartes de sièges et de plans de bataille furent dressées au cours des campagnes à des échelles comprises entre le 1 : 10 000 et le 1 : 50 000, parfois plus grandes encore pour les places fortes, les échelles des cartes générales étant trop petites pour la conduite de la guerre. Sans courbe ni cote, ces cartes manuscrites strictement militaires présentaient pourtant une orographie relativement détaillée, ce qui permit aux graveurs employés par le Dépôt de la guerre d’acquérir, lors de la publication de certaines d’entres sous Louis-Philippe, une expérience qui se révéla cruciale pour la réalisation de la carte de France au 1 : 80 000.
Dans le domaine de la cartographie des régions montagneuses, la Carte topographique des Alpes, dressée au 1 : 200 000 pendant l’Empire par l’ingénieur géographe Raymond224, et la Carte topographique de l’Ile de Corse, dressée au 1 : 100 000 d’après les opérations géodésiques du colonel Tranchot et les levés du cadastre exécutés entre 1770 et 1791225, furent les deux seuls exemples de carte topographique suivant presque intégralement les prescriptions de la Commission de 1802. Toutes deux traitaient le relief en hachures rehaussées par un éclairage oblique, mais ne comportaient aucune cote d’altitude, ce qui souligne encore le problème délicat du nivellement – en particulier dans les régions élevées. Cette absence de technique de nivellement suffisamment efficace pour être utilisée lors de levés topographiques rapides explique le rôle central joué par la triangulation dans la géométrisation de la représentation du relief, d’autant plus qu’au début du 19e siècle, les opérations géodésiques bénéficiaient de techniques matures développées par les ingénieurs géographes.
Elle fut publiée en douze feuilles par un éditeur suisse indépendant en 1820.
Elle ne fut publiée qu’en 1824, en quatre feuilles et quatre demi-feuilles, complétant la série cartographique napoléonienne commencée par Bacler d’Albe qui couvrait l’ensemble des Alpes françaises et l’Italie du Nord.