1.4.1.2. Une influence sous-estimée.

Les instruments de géodésie avaient connu de nombreux perfectionnements depuis le début du 17e siècle qui permettaient d’atteindre des mesures d’angles à 10’ près, mais ils restaient similaires dans leur principe à ceux employés dès la fin du 16e siècle. Le premier graphomètre avait ainsi été construit en 1597 par le français Philippe Danfrie, et sa version réduite, le quart de cercle, peu après. Cette proximité favorisa une perception négative des travaux de Cassini et une certaine sous-estimation de leur influence parmi les savants et les cartographes du début du 19e siècle. Entre 1814 et 1824, au moment des discussions sur le projet d’une nouvelle carte de France basée sur une nouvelle triangulation227, les méthodes et instruments employés pour la description géométrique de la France étaient généralement considérés comme presque primitifs. A la fin du 19e siècle, le colonel Berthaut écrivait d’ailleurs que, « comme science, la géodésie n’existait pour ainsi dire pas, au temps de Cassini de Thury [et qu’] elle s’[était] créée de toutes pièces sous les ingénieurs géographes, dès qu’elle [avait] pu disposer des véritables instruments, du cercle répétiteur, du théodolite, des appareils de mesure des bases perfectionnés »228. Cependant, par l’ampleur des travaux menés pour la description géométrique de la France, et quel que soit le degré de perfectionnement des instruments utilisés, Picard et les Cassini demeurent les véritables fondateurs de la géodésie en France, en particulier pour ses applications cartographiques.

Notes
227.

Voir infra, partie 1, chapitre 2.1.

228.

BERTHAUT Colonel. La Carte de France. T.1. Op. cit., p. 170.