2.1.1. L’inadaptation de la carte de Cassini aux nouveaux besoins scientifiques, militaires et administratifs.

2.1.1.1. La désuétude de la carte de Cassini.

La cartographie topographique moderne et ses projets pharaoniques de couverture du territoire à grande échelle sont à l’origine d’un paradoxe, amplifié par l’accélération de l’évolution technique du 18e siècle à nos jours : avant même leur achèvement, les cartes nationales se trouvaient critiquées pour leur désuétude, soit pour le contenu difficilement mis à jour, soit pour les techniques de levé ou de représentation utilisées. La carte de Cassini était la première carte couvrant le territoire d’une nation à grande échelle, elle fut aussi le premier exemple de ce paradoxe. Son directeur Cassini de Thury avait pourtant fait des choix radicaux afin d’en assurer la pérennité en tant qu’outil d’administration, en optant pour une représentation purement géométrique et non topographique du territoire, excluant également le réseau secondaire des voies de communication soumis à des variations que le coût et la lenteur des révisions ne permettaient pas de refléter sur la carte. Des critiques contemporaines des premières publications de feuilles avaient déjà souligné l’impopularité de ces choix, mais ce furent les besoins administratifs et militaires de la Révolution et de l’Empire qui firent naître les premiers projets d’une nouvelle Carte de France mieux adaptée aux nouveaux besoins, alors que les levés de la carte de Cassini venaient à peine de s’achever en 1789 et que toutes les feuilles n’étaient pas encore publiées.