2.1.2.2. Les premiers projets élaborés sous l’Empire.

Au-delà des propositions plus ou moins explicites de la période révolutionnaire, les premiers projets élaborés pour une nouvelle carte de France datent de l’Empire. En réponse directe à un ordre donné par Napoléon le 6 février 1808, le colonel Bonne, du corps des ingénieurs géographes, présenta un projet dans lequel il rejetait l’idée ancienne, déjà proposée à l’époque de Cassini, de réaliser une carte générale à partir des documents existants en les appuyant sur quelques nouvelles mesures. Il se prononçait au contraire pour un travail entièrement original, strictement basé sur les recommandations de la Commission de topographie de 1802. Mais les campagnes européennes, qui monopolisèrent une grande part des ressources de l’Etat et notamment les ingénieurs géographes, empêchèrent l’étude détaillée et la mise en œuvre du projet.

En 1814, quand Bacler d’Albe, alors directeur du Dépôt de la guerre, reprit et compléta le projet de Bonne, il proposa d’autant plus naturellement d’établir le canevas géodésique de la carte de France à partir de la méridienne de Dunkerque que son argumentation pour la nécessité d’une nouvelle carte reposait en partie sur les progrès de la géodésie – qu’il illustrait justement par la supériorité de la mesure de cette méridienne sur celle de Cassini. Pour le reste, son projet encore assez général se conformait aux besoins militaires en adoptant l’échelle du 1 : 100 000 pour la gravure, utilisée par le Dépôt pour la plupart de ces cartes, et du 1 : 50 000 pour les levés, en accord avec les principes de la Commission de 1802 qui voulaient que les levés soient exécutés à une échelle au moins deux fois supérieure à la gravure. Mais les événements politiques de 1814-1815 empêchèrent le développement de ces propositions.