Créé à la fin du 18e siècle sans statut spécifique, le corps des ingénieurs géographes connut une évolution mouvementée, marquée par ses difficultés à imposer la légitimité de son existence et de ses méthodes auprès des autorités politiques et militaires. Plusieurs études remarquables ont traité en détail de cette évolution. Comme pour l’histoire de la carte de France, l’ouvrage classique sur le sujet a été écrit par le colonel Berthaut à la fin du 19e siècle : Les Ingénieurs-géographes militaires 255. La thèse de Patrice Ract256 renouvelle l’approche traditionnelle en proposant une étude prosopographique du corps des ingénieurs géographes, mais seulement jusqu’à sa première suppression en 1791. Enfin, la communication de Patrice Bret consacrée à la formation scientifique des ingénieurs géographes257 présente plus spécialement la professionnalisation du corps au début du 19e siècle à travers la mise en place d’un enseignement scientifique spécifique. Dans le cadre de mon étude consacrée à la cartographie topographique scientifique de la haute montagne, l’histoire du corps des ingénieurs géographes m’intéresse moins en elle-même que pour les éléments qu’elle apporte dans la précision de l’influence et de l’héritage d’un corps qui fut officiellement supprimé au début de la période chronologique qui m’intéresse. Restés longtemps sans statut ni formation spécifique, les ingénieurs géographes connurent en effet une période de formalisation de leur méthode et de professionnalisation de leurs corps qui marqua profondément les travaux de la nouvelle carte de France bien après leur suppression officielle.
BERTHAUT Colonel. Les Ingénieurs-géographes militaires, 1624-1831 : étude historique. Paris : Imprimerie du Service géographique de l’armée, 1898-1902. 2 vol.
RACT Patrice. Les Ingénieurs géographes des camps et armées du roi. Op. cit.
BRET Patrice. Le Dépôt général de la Guerre et la formation scientifique des ingénieurs-géographes militaires en France (1789-1830). Op. cit.