2.2.3.3. L’influence durable des ingénieurs géographes.

La suppression de leur corps n’empêcha pas les anciens ingénieurs géographes d’exercer une influence fondamentale sur les opérations de la nouvelle carte de France. Les derniers représentants du corps des ingénieurs géographes travaillèrent ainsi au sein du corps d’état-major pratiquement jusqu’à l’achèvement de la carte : « les derniers d’entre eux, Salneuve, Peytier, Testu, Martner, Hossard, Pelée, Lapie…, ne furent retraités que de 1854 à 1860, et leur chef, le général Blondel, ancien ingénieur géographe comme eux, dirigea le Dépôt de la guerre de 1852 à 1867 »274.

Les officiers d’état-major disposaient d’une formation technique de bonne qualité, souvent dispensée par des anciens ingénieurs géographes, mais leur compétence scientifique, particulièrement dans le domaine de la géodésie, n’égalait pas celle des ingénieurs géographes qui avaient suivi les cours de Puissant. Si les travaux topographiques furent confiés aux « nouveaux » officiers d’état-major, les opérations géodésiques jugées plus délicates furent presque exclusivement assurées par d’anciens ingénieurs géographes275. La répartition du travail pour la nouvelle carte de France trouva un écho dans le vocabulaire : si la carte elle-même fut désignée dans le langage courant par l’expression « carte d’état-major », en référence au corps d’officiers qui avait assuré son levé, la nouvelle description géométrique de la France devint, elle, la « triangulation des ingénieurs géographes ».

Notes
274.

BERTHAUT Colonel. La Carte de France. T.1. Op. cit., p. 94.

275.

Voir infra, partie 1, chapitre 3.1.