2.3.2. Le soutien budgétaire fragile du Dépôt de la guerre.

Pendant une grande partie du 19e siècle, la réalisation de la nouvelle carte de France constitua l’activité principal du Dépôt de la guerre, et sa situation financière dépendait essentiellement des crédits budgétaires accordés par la Chambre des députés à cette entreprise. Les différentes estimations réalisées par la Commission spéciale puis par le Comité du Dépôt de la guerre, particulièrement partisanes, se révélèrent rapidement très inférieures au budget et au temps véritablement nécessaires, ce qui attira l’attention de la Chambre des députés. Dans son ouvrage classique, Berthaut affirme que les protestations de la Chambre résultaient uniquement du retard des travaux, qu’il imputait essentiellement aux problèmes techniques posés par la nouveauté du nivellement par éclimètre287 et par la difficulté de gravure des planches de montagnes288. Pourtant, les premières propositions de réduction du budget datent de 1820 et dès 1822 une contestation radicale de la carte de France se manifestait régulièrement à la Chambre, alors même que les travaux commençaient à peine. Je pense au contraire que ces protestations étaient en fait un signe de la profonde difficulté ou réticence du pouvoir politique à concevoir l’ampleur des travaux nécessaires à la réalisation de la nouvelle carte de France, à l’exception des quelques contestations radicales qui se situaient à un niveau plus idéologique.

Notes
287.

Voir infra, partie 1, chapitre 3.2.1.

288.

Voir infra, partie 1, chapitre 4.2.4.