2.3.2.2. L’effet de l’ordonnance de 1824.

L’ordonnance de 1824 apportait des modifications profondes aux spécifications de la carte qui laissaient espérer une réduction importante de la durée des travaux et permirent de calmer les contestations de la Chambre. Dans un contexte de lutte d’influence entre la Commission royale et le Comité du Dépôt de la guerre, les différentes estimations de coûts réalisées par ce dernier se trouvaient évidemment instrumentalisées pour convaincre de la supériorité ou de la nécessité de certaines spécifications. L’échéance prévue pour l’achèvement de la carte était donc particulièrement optimiste. Le rapport sur lequel se basait l’ordonnance de 1824 estimait la durée des travaux restants à quinze ans avec un budget annuel de deux cent mille francs. En tenant compte des efforts d’économie consentis par le Dépôt de la guerre, avec entre autres l’adoption de l’échelle du 1 : 80 000, la Chambre des députés accorda un budget annuel de cent quarante mille francs, renouvelé sans trop de difficulté jusqu’en 1832.

Cette année-là, à l’occasion d’une proposition de réduction de dix-sept mille francs du budget, l’existence de la carte fut à nouveau remise en question. Les arguments échangés étaient assez classiques. De Tracy souligna par exemple que la Carte n’aurait une utilité que si elle était finie rapidement, à quoi le ministre de la Guerre répondit qu’elle ne pourrait être finie rapidement qu’en augmentant les crédits. Naturellement, Demarçay en profita pour rappeler qu’il trouvait la carte non seulement inutile pour les militaires, mais même dangereuse si elle tombait entre des mains ennemies. Il proposa à nouveau de la céder à une entreprise privée fonctionnant par souscription, mais le général Pelet convainquit la Chambre en reprenant le thème classique du retard sur les autres pays européens. Les fonds de deux cent mille francs furent donc votés pour 1833 et renouvelés jusqu’en 1843, malgré une contestation régulière et des propositions répétées de réduction du budget jusqu’en 1838, contre lesquelles Pelet se défendit systématiquement avec une verve caractéristique.