3.2.1.2. Eclimètres et boussoles nivelantes, les premiers instruments de nivellement topographique.

Les premiers instruments étudiés spécialement pour le nivellement topographique apparurent dans les années 1810, en même temps qu’un terme nouveau pour les désigner : éclimètre 318. Plus encore que le développement des instruments géodésiques au 18e siècle, celui des éclimètres au début du 19e siècle corrobore mon hypothèse d’une absence totale de déterminisme technique dans les évolutions instrumentales de la cartographie319 : en prescrivant de multiplier les indications de cotes d’altitude, la Commission de topographie de 1802 orienta très fortement la recherche technique vers l’élaboration d’instruments de nivellement topographique, d’autant plus que des officiers d’état-major y participèrent parfois directement.

Les premiers modèles décrits par Puissant consistaient en des adaptations du niveau de maçon, ou niveau à perpendicule, pour permettre la mesure des pentes – d’où le nom parfois employé de niveau de pente. Dans sa description de la méthode pour obtenir les cotes d’altitude et les degrés de pente afin de figurer le terrain, Puissant définissait l’éclimètre comme « un niveau à lunette plongeante, armé d’un petit arc vertical gradué (le niveau à perpendicule). »320

Ces premiers modèles d’éclimètre furent rapidement adaptés sur des boussoles pour réunir en un seul instrument plusieurs fonctions nécessaires aux levés topographiques. Ces boussoles nivelantes (ou boussole à éclimètre) étaient constitués d’une grande boussole et d’une lunette à réticule en guise de viseur. La lunette pouvait s’incliner verticalement sur un limbe fixé au boîtier. L’aiguille aimantée permettait de mesurer l’azimut321 de la direction de l’objet visé, alors que l’angle de pente était lu sur le limbe vertical.

Notes
318.

Si le Robert atteste l’existence du mot seulement à partir de 1870, il était déjà employé dans l’édition de 1820 de PUISSANT Louis Colonel. Traité de topographie, d’arpentage et de nivellement. Paris : Courcier, 1820, 331 p.

319.

Voir supra, partie 1, chapitre 1.4.4.

320.

PUISSANT Louis Colonel. Traité de topographie, d’arpentage et de nivellement. Op. cit.

321.

Angle formé par le méridien magnétique et l’horizontale reliant l’instrument au point visé.