3.2.1.4. L’instrumentalisation nécessaire de la géodésie.

Les boussoles à éclimètre, même les versions les plus complexes, restaient encore relativement imprécises. Elaborées avant tout pour être légères et pratiques à utiliser sur le terrain, elles ne remettaient pas en cause les fondations géodésiques du nivellement, nécessaires à la détermination des cotes d’altitude. Loin d’alléger les opérations de triangulation, l’emploi de ces instruments nécessita de systématiser le nivellement géodésique en observant « à tous les sommets des triangles du 1er ordre autant de distances zénithales réciproques qu’il était nécessaire, pour que les erreurs commises sur les différences de niveau ne dépassassent pas 2 mètres, dans les cas les plus défavorables. Ces sommets, marqués par des bornes de pierre, [étaient] autant de repères auxquels se [rattachaient] d’autres nivellements trigonométriques de détail propres à la détermination approximative des courbes de niveau équidistantes. »325

Cette nouvelle forme d’organisation du levé topographique, avec une dépendance très forte des opérations géodésiques, constituait à mon avis le début d’une véritable instrumentalisation de la géodésie par la topographie. Les partisans d’une approche scientifique reconnaissaient eux-mêmes que le principal but de la nouvelle description géométrique de la France était de servir de bases aux levés topographiques. L’insuffisance des techniques de nivellement topographique et la lente et difficile généralisation de la mesure instrumentale du relief dans les levés topographiques confortèrent le rôle central de la géodésie dans la représentation géométrique du relief.

Notes
325.

PUISSANT Colonel Louis. Mémorial du Dépôt de la guerre. Tome VI. Op. cit., p. 232.